Yesterday : …Très bien, mais aujourd’hui ?

Et si les Beatles n’avaient jamais existé ? Le film s’accroche à cette idée de départ de Jon Barth, puis développée ensuite par Richard Curtis, pour un voyage au cœur d’un monde parallèle où Oasis n’existe plus, Coca Cola ou même Harry Potter. C’est une grande partie de la pop-culture anglaise que ce monde parallèle remet en cause suite à l’accident de Jack percuté par un autobus pendant un big-bang mondial. Ne cherchez pas, rien ne sera expliqué pendant tout le film, une des énormes facilités prises par Richard Curtis pour nous guider au cœur d’un drame romantique sur fond de comédie comme il les affectionne.

Richard Curtis, on lui doit les scénarios de Quatre Mariages et un Enterrement, Coup de Foudre à Nothing Hill ou les mises en scène de Love Actually, Good Morning England ou Il était Temps. Si Danny Boyle est dédié à la mise en scène, on ne peut enlever à Yesterday et tout son ADN « Richard Curtis ». Danny Boyle trouve peu de place outre quelques séquences vertigineuses et la solidité du final à Wembley comme les deux compères l’avaient assuré pour les JO de Londres en 2012, Yesterday étant leur deuxième collaboration. On ne peut enlever la patte de Richard Curtis au film le rapprochant même de Il Etait Temps, dernier long-métrage en date de Curtis, où il était question d’une douce et magique histoire de voyage dans le temps sur fond d’amour familial forte. 

Dans Yesterday, on retrouve la notion du temps tordue, cette fois par un Big-Bang avec une histoire d’amour sur fond de Beatles inexistant. Ce dernier point n’est que l’accroche pour pénétrer une histoire de reconnaissance, de trouver sa voie dans la vie, mais surtout de comprendre l’amour proche de nous. Jack vivote entre des concerts dans des bars miteux du fin fond de l’Angleterre, de tente désertique dans un festival et un travail dans un supermarché pour subvenir à ses besoins. Alors l’abandon d’une certaine culture dans ce temps modifié est l’opportunité pour lui d’acquérir une notoriété et assouvir son objectif de devenir une star de la chanson. Mais rien ne va se dérouler comme prévu, ce cher Jack déchantant rapidement de sa condition de produit marketing.

Yesterday se suit avec un certain plaisir. Il ne faut pas lui enlever sa position de feel good agrémenté des grands tubes de la pop anglaise. Mais Richard Curtis ne se pose pas les bonnes questions. Il suit un canevas facile, la bonne recette dont il a le secret pour la réussite d’une bonne comédie chaleureuse. Le film fait surtout preuve de chauvinisme, sûr de lui de la force de la musique des Beatles. Mais comment peut-on savoir que leurs musiques auraient tant de succès que cela en 2019 ? Même avec le soutien de Ed Sheeran, rien n’assure qu’une musique des années 50/60 réussit à convaincre l’audience d’aujourd’hui. Là était la véritable question d’un film qui comprend notamment les tubes d’Oasis dans sa playlist. D’autres ont eu l’idée bien plus tôt tout en recontextualisant leur trame à l’époque, notamment la bande-dessinée Yesterday datant de 2011, premier tome des Aventures de John Duval &  the Futurians, où le personnage est coincé en 1960, juste avant que les Beatles se créent. 

Yesterday est une drôle de proposition, plutôt facile par sa trame qui assure un fil fort et encourageant le spectateur à se dandiner puis s’émouvoir avec sa belle histoire d’amour. Une recette forte par Richard Curtis qui nous refait le coup à la Love Actually ou Il Etait Temps, ne remettant pas son cinéma en cause par peur de pertinence et par facilités. Danny Boyle s’efface totalement derrière la caméra assurant une technique parfaite notamment la séquence de concert final. On passe malgré tout un agréable moment avec Yesterday déplorant juste que l’idée n’ait pas été mieux réfléchie surtout quand d’autres, via des formats différents comme la bande-dessinée, avaient réussi à tordre le sujet avec tout autant de réussites.

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