Toy Story 2 : Lonesome CowToy…

Pixar, deux films et déjà une suite à compter à leur filmographie. Est-il un studio opportuniste ? En 1998, Pixar répond surtout à l’initiative de Disney qui produit une suite à Toy Story pour le marché de la vidéo. Disney, à l’époque, produit une pelletée de suites à ses grands classiques, que ce soit Le Roi Lion, Mulan, Aladdin ou Les 101 Dalmatiens. Le studio aux grandes oreilles inonde le marché vidéo de téléfilms d’animation pour ensuite nourrir Disney Channel.
Toy Story doit suivre le lot avant que John Lasseter stoppe la machine, atterré par la qualité du scénario proposé. Il soumet alors un deal à Disney, à savoir reprendre tout depuis le début et produire un film en neuf mois pour une sortie en salles garantie. Banco, Toy Story restera pendant des années le film le mieux noté sur Rotten Tomatoes et l’un des films préférés de beaucoup de cinéphiles, petits et grands. 

La grande force de la série des Toy Story est de convaincre tout le monde. Parents et enfants se rejoignent pour une aventure référencée et drôle, simple plaisir de cinéma comme devrait l’être le cinéma dans sa globalité. Surtout que ce deuxième opus ne se juge pas forcément sur son scénario prétexte à une énième escapade pour sauver un membre de leur communauté de jouets vivants. Toy Story 2 va se jouer sur les détails, ceux qui vont vous faire pouffer de rire, vous amuser, ceux qui vont vous faire jubiler.
Un scénario prétexte, oui en neuf mois, on peut faire un enfant, mais accoucher d’un film d’animation en 3D, à cette époque, c’est bien plus compliqué. Alors John Lasseter, bien aidé par Ash Brannon et Lee Uckrich (grand artisan de la maison Pixar), va jouer de petits détails, de références et de clins d’oeil pour amuser la galerie. Les allusions directes à Jurassic Park, Star Wars ou Star Trek font mouches, tout autant que celles à 2001 l’odyssée de l’espace, James Bond ou Indiana Jones jalonnent un film d’aventure comme peu de cinéphiles en ont vécus à l’époque. Depuis Toy Story 2, peu de longs-métrages ont réussi à faire mieux, même Toy Story, 3e du nom, n’arrivera tout juste à la cheville. 

Toy Story 2 recycle le scénario du premier opus pour mieux le développer et argumenter le fond sur la condition du jouet. Dans cette suite, Woody est volé par un collectionneur pour compléter la série de jouets dont Woody appartient, prêt à être revendu à un riche collectionneur japonais. Le temps compte une nouvelle fois, Buzz, Mr Patate, Zigzag, Rex et Bayonne partent pour le retrouver. Mais Woody, chez le collectionneur, va faire la rencontre du reste de sa famille, notamment Jessie, son alter ego féminin et Papy Pépite qui va tout faire pour être préserver de l’abandon. Car pour eux, nommément Jessie, ont connu l’abandon de leurs propriétaires dans un vide-grenier, un don à une association, etc. C’est le lot de tout jouet à se retrouver dans le noir dans une caisse au fond du grenier ou à être abandonné au bord de l’autoroute. John Lasseter, Andrew Stanton, Pete Docter et Ash Brannon développent le sujet créant une certaine empathie envers ces jouets de plastique. On repense à nos jouets qui attendent dans la cave dans cette caisse en bois ou de plastique de retrouver la lumière et les joies d’être mis en scène, d’être utile dans un système sociologique propre à leurs existences de divertissement pour enfants. On ressent la tristesse de ses quatre hommes à être devenus des adultes ayant dû abandonner le plaisir de faire exploser leurs imaginations sur le tapis de leurs chambres avec leurs jouets favoris. Toy Story est le condensé des enfances de chacun, ce plaisir retrouvé que l’on peut s’avouer aujourd’hui sans crainte, ce plaisir de déballer un jouet et de vivre des aventures extraordinaires en sa compagnie. 

Toy Story 2 est aussi dans le même temps, un pic à la collectionnite aiguë de certains collectionneurs faisant des jouets un commerce non équitable pour ensuite enfermer ses pièces uniques dans des musées de verre. La place du jouet n’est pas dans un bureau, n’a pas de valeur autre que sentimentale, à défaut de se retrouver dans des caisses, il se transmet de génération en génération comme le totem d’une innocence préservé, la transmission d’émotion et de plaisir à voir un jouet démarrer une seconde vie. 

Sous ses apparats simples, Toy Story 2 est un film profond au message tardif, mais rempli d’une tendresse rare pour le genre. L’un des grands films d’animation se partageant entre humour, aventure et émotion forte capable de faire ressortir les vieux jouets d’un adulte et le voir reprendre ce plaisir simple de jouer avec, redevenant l’être innocent que nous sommes tous au fond, nature simple de notre humanité.

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