8e Champs-Elysées Film Festival : Jour 3

Deux salles, deux ambiances pour cette troisième journée au CEFF ! Alors que Mathieu partait goûter aux joies de la compétition au Lincoln, nous avons de notre côté préféré aller au Publicis pour la master-class donnée par Kyle MacLachlan, précédé par une projection de Showgirls, le sulfureux film de Paul Verhoeven totalement incompris à l’époque de sa sortie.

Au Lincoln, l’ambiance était calme, loin du tumulte du Publicis et des hordes de fans prêts à tout pour obtenir un autographe ou un selfie avec Kyle ‘’Dale Cooper’’ Maclachlan qui, soit dit en passant, s’est prêté au jeu avec une gentillesse extraordinaire. La compétition commençait donc hier avec Chained for life, l’histoire d’un film dans le film où l’actrice Mabel doit apprendre à jouer avec un partenaire au visage difforme, engagé par la production pour obtenir plus de réalisme dans le film d’horreur qu’elle tourne. Le réalisateur Aaron Schimberg, ayant souffert de son bec de lièvre pendant des années, travaille ainsi son sujet de façon personnelle autour de la beauté humaine, de celle que l’on renvoie à travers nos émotions et nos rencontres. Enchaînant les parallèles entre l’actrice star qui pourrait devenir défigurée et les freaks devenant plus beaux qu’elle, Chained for life nous embarque de façon brute dans son univers sans jamais nous donner de quoi nous y raccrocher, manquant cruellement d’intensité pour fasciner. En dépit de la relation personnelle du réalisateur sur son sujet, Aaron Schimberg rejette sur l’écran sans talent l’intime espoir qu’il avait en regardant la beauté des stars à travers le cinéma.

Pahokee

Pahokee, qui suivait, s’est montré beaucoup plus intéressant. Documentaire sur une région sinistrée de la Floride entre ségrégation et pauvreté. On suit à travers un travail proche de Wiseman (Monrovia n’est pas loin) le parcours d’un échantillon de jeunes au lycée dans leurs parcours personnels et sportifs. On dépiaute la sociologie de la région vivant de la canne à sucre, des immigrés mexicains ayant fait grandir leur famille sur place pour un meilleur avenir et des jeunes pleins d’espoirs dans leurs recherches d’université. C’est un véritable drame où l’on suit des personnages touchants et on découvre une région aux habitants déchirants d’espoir et volontaires à s’en sortir. Un film poignant, dont on espère vivement qu’il saura toucher le cœur des distributeurs français.

Pendant ce temps, au Publicis, c’était l’effervescence. Alors que la projection de Showgirls a mis tout le monde dans une bonne ambiance, rappelant à quel point la vulgarité et l’outrance du film sont des charges féroces contre un univers impitoyable qu’il dénonce. Mais le grand moment de la soirée, c’était la master-class donnée par Kyle Maclachlan animée par une Charlotte Blum absolument ravie d’être là, officiant aux questions et à la traduction avec une réussite trop rare dans ce genre d’exercice. Kyle MacLachlan, charmeur, fort sympathique et lui aussi content d’être là, s’est prêté au jeu avec malice, sans pour autant faire dérailler la master-class comme a pu le faire un Jeff Goldblum volubile mardi après-midi. Posé, souriant, répondant aux questions longuement, MacLachlan est revenu sur sa carrière et surtout, bien évidemment, sa relation avec David Lynch à qui il doit énormément, si ce n’est tout. Sans en dévoiler trop sur le mystère de leur relation, MacLachlan décrit Lynch comme un cinéaste volontiers terre-à-terre quant à ses directives sur le plateau, ne laissant quasiment rien au hasard dans son univers mais laissant les imprévus y arriver comme cette lumière clignotante dans Twin Peaks que le cinéaste décida d’intégrer à la scène prévue.

Kyle MacLachlan dans le rôle de sa vie, celui de Dale Cooper dans Twin Peaks

Revenant sur le phénomène Twin Peaks et l’incroyable impact qu’il a eu (alors qu’ils ne pensaient pas aller au-delà du pilote), MacLachlan a également parlé de son travail avec Oliver Stone (qui aime créer le chaos sur ses tournages) ou encore Steven Soderbergh et de la singularité de tourner avec un iPhone. Quand on le complimente sur sa carrière foisonnante, riche en séries télévisées également (qu’il affectionne pour la possibilité de tenir un rôle sur la durée même s’il a dit regretter un ou deux rôles qu’il n’a pas cité), MacLachlan nous ressort la carte de l’humilité, affirmant qu’il est simplement disponible et que de toute façon, c’est la clé de ce métier pour avoir des rôles. Cette heure et demie passée avec lui fut comme suspendue dans le temps et on en ressort avec encore plus d’amour pour cet acteur singulier et une envie folle de se replonger dans Twin Peaks.

On verra dans quelle ambiance se trouvera la master-class de Christopher Walken prévue ce soir, elle aussi très attendue ! On vous en parle dès demain !

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