Aladdin – The Thousand and One Nights Musical

Depuis Maléfique, les studios Disney ont atteint un rythme de croisière dans cette nouvelle collection d’adaptation de leurs grands classiques. À savoir reprendre leur catalogue « Classique » et réadapter à la mode d’aujourd’hui tous les grands succès du studio. Même Dumbo y est passé avec succès sous la caution « Tim Burton ». N’oublions jamais qu’une première tentative fut produite il y a 20 ans avec Les 101 Dalmatiens avec Glenn Close en Cruella. Mais c’est réellement la Maléfique Angelina Jolie, sorcière encornée, qui réenclencha les plombs pour en arriver à Aladdin par Guy Ritchie ou prochainement au Roi Lion avec des animaux en CGI par Jon Favreau.

Aladdin donc, porte de sortie pour Guy Ritchie qui recherchait du travail depuis le flop du Roi Arthur chez Warner. Que peut bien faire Guy Ritchie chez Disney, mais surtout sur Aladdin ? Pas grand-chose avons-nous envie de déclarer après la projection d’un film interloquant. Une comédie musicale aux rêves bleus, qui nous enflamme les yeux et nous saigne les oreilles. Aladdin est un produit qui se précipite et s’agite dans des décors cartons-pâtes nous donnant perpétuellement l’impression d’être dans une sitcom Disney Channel. Nous avons l’impression d’entendre les rires du public suite à chaque blague du Génie, voire d’entendre les applaudissements après chaque numéro.
Aladdin version 2019, ce n’est vraiment pas bon. Pourquoi toucher à un film d’animation qui se suffisait à lui-même pour présenter une version post #MeToo où Jasmine devient l’héroïne d’un film qui n’a rien à proposer de plus, voire moins pour des adolescents habitués aux fautes d’orthographe vocales d’émissions de TV réalités, qui vont rires à gorges déployées dans les multiplexes de centres commerciaux ?
Le long-métrage se destine alors aux petites filles ayant plein d’étoiles dans les yeux, dont les multiples chansons vont faire battre leurs petits cœurs naïfs, à l’image de la proposition qu’était La Belle et La Bête. Aladdin emprunte ce même schéma assez niais laissant la Princesse Jasmine meuglait son émancipation à la face d’un Jafar trop jeune pour ses conneries, volonté antagoniste d’un Aladdin aux mêmes origines, enfant de la rue qui souhaite réussir et atteindre un idéal. Mais Disney avec ce film essaye de produire un objet de consommation trop carré pour convaincre. Tout est parole de producteurs pour un projet lobbyiste pensé selon de savants calculs et de sondages triés à la volée. 

Le problème d’Aladdin, et de cette machine Disney en place depuis quelques années, est de vouloir avant tout plaire à tout le monde. Les films sont des tentatives de séduction envers toutes les classes, toutes les minorités pour ne froisser personne. Disney a ce besoin narcissique d’attirer tout le monde dans les salles, de n’importe quelle manière. Il faudrait surtout rappeler au studio que le cinéma est un art, celui du divertissement dans le fond et la forme. Vouloir plaire en calculant des longs-métrages prêts à mâcher ne peut fonctionner que sur l’instant présent, et encore le goût de rance est déjà odorant. Aladdin est un film qui souffrira des affres du temps. À l’image de La Belle et La Bête, le film de Guy Ritchie est déjà oublié seulement une semaine après l’avoir découvert. Disney est devenu cette machine infernale de productions de films de l’instantanée, des films de consommation « Lidl » au goût chimique se digérant vite tout en laissant quelques aigreurs. On ne pourra juste retenir la prestation de Will Smith qui s’efforce de rendre hommage à Robin Williams dans le rôle du Génie, beaucoup moins gênant que cette poupée Barbie au sourire ultra-bright qui interprète un Aladdin tout juste sorti de sa boîte en plastique. Mais comment, en 2019, peut-on encore produire ce genre de film d’une ringardise déconcertante ?

Aladdin est un film sans âme et sans forme. Une pénible sitcom de plus de 2 heures réalisée par un homme au bout du rouleau et au bout de sa carrière. Guy Ritchie a volontairement rendu les armes, se laissant guider au fil de post-its indicatifs réglant sa feuille de route. Triste d’assister à cela de la part du réalisateur fou de Snatch ou Anarque, Crime et Botanique.