Alex Le Destin d’un Roi : Une histoire sans fin.

Depuis une vingtaine d’années, le cinéma pour la jeunesse n’est qu’une succession d’adaptation de bouquins à succès. Si la saga Harry Potter a fédéré une fan-base démentielle, il n’en est point le cas pour d’autres productions aujourd’hui oubliées. Avec le succès planétaire du héros de J.K Rowling, les studios ont trouvés la facilité de par l’achat des droits d’aventures de héros assez communs au petit sorcier binoclard. Des années donc de cinéma pour enfants qui se ressemble et se consomme sans grande passion. Loin est l’époque de héros chevaleresques accompagnant des nains combattre une sorcière, des jeunes de banlieue à vélo protégeant un extra-terrestre ou la bande des Goonies à la recherche d’un trésor poursuivi par des bandits abrutis. Des histoires sans fin pour des gamins rembobinant les VHS pour mieux les relancer dans des magnétoscopes s’usant aussi vite que l’éclair.

Le cinéma pour enfants est une science. N’est pas John Hughes ou Chris Columbus qui le souhaite pour créer les succès de Maman j’ai raté l’avion ou Ferris Bueller. Dans cette dizaine d’âges innocents entre 6 et 16 ans, le cinéma se consomme pour mieux s’évader derrière les rideaux d’une classe d’école terne. Les mathématiques ennuient et les récits littéraires de la professeure de Français sont loin de satisfaire nos besoins d’aventures et d’évasions.
Le cinéma de ces dernières années a eu beaucoup de mal à contenir une bande de gamins adepte d’actions et de péripéties épiques. Le jeu vidéo sert alors de catalyseur à défaut de faire sortir les morveux de leurs chambres. Maman a beau brailler en bas de l’escalier, rien n’y fait, le gamin reste prostré devant sa console se prenant pour Link avec 80 heures d’aventures devant lui.

C’est à ce moment précis que nous intervenons pour signaler la sortie d’Alex Le Destin d’un Roi ce 10 avril 2019. Une sortie en salles idéale pour sortir les boutonneux et leur présenter un film qui rappelle les belles heures d’évasion à nous la trentaine bien entamée.
Si le titre français peut paraître rédhibitoire, sachez que le potentiel du film réalisé par Joe Cornish se cache derrière son titre original : The Kid Who Would Be King. Prenant racine sur les légendes arthuriennes, on suit Alex, un écolier ordinaire de 12 ans dont la vie va être bouleversée par la découverte de l’épée mythique Excalibur. Il doit à présent former une équipe de chevaliers composée de ses amis, de ses ennemis et du légendaire Merlin l’Enchanteur, afin de contrer la maléfique Morgane, venue du Moyen-Age pour détruire le monde. Alex devra alors se transformer en un héros qu’il n’a jamais rêvé de devenir.

Le long-métrage prend place dans la banlieue londonienne avec au centre deux jeunes gamins harcelés. À l’image de Bastien de L’histoire sans Fin, la découverte de la mythique épée dans un chantier, après avoir échappé à ses oppresseurs, va être le déclencheur d’une émancipation bienvenue pour un jeune garçon ayant grandi sans repère paternel. À l’image d’un Harry Potter ou encore de Bastien qui a perdu sa mère dans le film de Wolfgang Petersen, le combat d’Alex face à la sorcière Morgane va être le périple pour gagner une confiance en soi et le mener à être un homme responsable.
Alex est un enfant qui souhaitait avoir un père. Il l’a toujours cherché en espérant trouver en lui la force pour combattre son quotidien. Son destin va l’amener à devenir l’héritier du trône du Roi Arthur, le seul à pouvoir retirer l’épée de la roche trouvant la force pour mener ses compagnons au combat. Après le mitigé Attack The Block aspirant aux mêmes thèmes avec des racailles combattant de méchants extra-terrestres, Joe Cornish fait preuve, avec ce nouvel essai, d’un bon équilibre entre références et une énergie communicative. Alex Le Destin d’un Roi est un divertissement généreux allant perpétuellement de l’avant. Il se joue de la place de l’enfant dans la société actuelle, ses traumas et autres difficultés à s’imposer dans une Angleterre prise en plein Brexit. Ce dilemme s’imprègne de lui-même dans les questionnements du cinéma anglais envahissant même les divertissements pour enfant. Comment ses jeunes chevaliers de la Table Ronde vont trouver leurs places dans cette société torturée après l’avoir sauvée du mal invisible des adultes ? Le film se transforme alors comme l’allégorie des maux frappant la position des enfants face à cette opposition des politiques et compagnie, à ne plus vouloir s’ouvrir au monde, restant cette île d’irréductibles Britanniques seuls contre tous. Cet enfant qui voulait être roi pour mieux défier ce monde malade détruisant notre planète pour des raisons économiques, se défiant en permanence pour des idées égocentriques et mieux régir la toute-puissance d’une nation apeurée.

Après avoir signé les scénarios du Tintin pour Steven Spielberg et du Ant-Man pour Marvel, Joe Cornish s’en va piocher dans les récits légendaires pour permettre l’échappatoire, au cœur d’une aventure extraordinaire, à des gamins à l’avenir incertain. Il était question de violences et de chômages au cœur des années 80, aujourd’hui les mêmes maux se répètent avec ces questions prégnantes d’identités et de valeurs. Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons -nous ?

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