The Highwaymen : Course contre la mort

De Bonnie et Clyde, on garde tous le souvenir cinématographique et indélébile du film d’Arthur Penn où les deux bandits, à jamais immortalisés par Faye Dunaway et Warren Beatty irradiaient l’écran. Depuis, le cinéma ne s’est jamais vraiment réattaqué à ce couple mythique, comme s’il avait peur de l’ombre d’Arthur Penn. Dès lors, comment conter l’histoire de Bonnie et Clyde ? Par le biais de ceux qui les ont traqués pardi ! C’est l’idée principale de The Highwaymen, nouveau film de la plateforme Netflix.

Reprenant un scénario de John Fusco qui traînait depuis des années, John Lee Hancock (Dans l’ombre de Mary) réalise là un film au contexte fort passionnant, racontant l’Amérique de la Dépression, les luttes internes entre agents fédéraux menés par Hoover et Texas Rangers dans la traque de Bonnie et Clyde ainsi que la popularité croissante des deux bandits auprès de la population. Une toile de fond particulièrement riche qui montre toute la violence d’un pays alors en pleine crise.

Reprenant du service pour pister les deux criminels, les Texas Rangers Frank Hamer et Maney Gault vont aller plus loin que tous les autres policiers dans leur traque et parviendront à coincer Bonnie et Clyde lors d’une fameuse fusillade dans laquelle les hommes de loi tireront près de 150 balles. Classique dans ses personnages (deux vieux briscards à qui on ne la fait pas) et dans la construction de son scénario, The Highwaymen déploie une ambition certaine mais se retrouve clairement à manquer de souffle dans son rythme et dans sa réalisation. Si John Lee Hancock prend le parti de coller totalement au plus près de ses deux personnages, bornant les apparitions de Bonnie et Clyde à quelques plans furtifs iconisant les deux bandits, préférant s’attarder sur les cadavres qu’ils laissent derrière eux, il manque cependant d’injecter une véritable tension à un récit classique, se suivant sans déplaisir mais sans grande surprise non plus.

Il faut dire qu’en dépit du plaisir de retrouver Kevin Costner et Woody Harrelson dans les rôles principaux et d’avoir le droit à un vrai travail de recherche historique (où l’on explique les nombreuses fois où Bonnie et Clyde avaient échappé à des barrages policiers par le fait que beaucoup d’hommes n’osaient pas tirer sur une femme), le scénario se montre un peu trop répétitif dans sa première partie, enchaînant les séquences sans grand panache. Il faudra attendre la seconde partie du film et notamment une longue conversation entre Frank Hamer et le père de Clyde sur les choix que l’on fait dans la vie et le destin pour que The Highwaymen déploie sa belle mélancolie, mettant en parallèle les actions des deux criminels (jeunes, beaux, bouillonnant de vie) et des deux Rangers les traquant (vieillissants, usés, ayant renoncé à trouver un sens à cette violence).

Le parallèle qui est fait ainsi que l’inéluctabilité de la mort des deux bandits (Hamer savait que jamais ils ne se rendraient) transporte le film vers quelque chose d’un peu élégiaque, apportant de la beauté à un film autrement un peu lisse et terne que l’on aurait voulu plus intéressant et plus ambitieux cinématographiquement (même s’il faut bien avouer que le cinéaste s’en sort pas trop mal sur certaines scènes, notamment celle de la fusillade).

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