C’est ça l’Amour : Respirer, délivrer, aimer.

Claire Burger réalise, avec C’est ça l’Amour, son premier long-métrage seule. Après des années de collaboration avec Marie Amachoukeli et Samuel Theis avec qui elle avait mis en scène Party Girl en 2014, elle s’émancipe pour les besoins de ce film en salles le 27 mars 2019.
La réalisatrice s’émancipe à l’image de la femme de Mario qui a quitté le foyer familial pour respirer, faire le point. Mario s’occupe des deux filles adolescentes, ce qui n’est pas de tout repos. L’une est en pleine possession de ses moyens de séduction, quand la plus petite expérimente ses désirs.

Claire Burger nous largue en pleine zone de guerre. Les relations sont tendues, Mario cherchant en permanence sa femme. Il va sur son lieu de travail ou l’appelle au téléphone avec de fausses excuses. Le père est en plein désarroi émotionnel. C’est rare de voir l’image d’un homme transposé de cette façon à l’écran. Avouons qu’au premier abord, on peine à s’y attacher. Puis la magie de l’interprétation de Bouli Lanners entre en jeu. L’acteur belge est exceptionnel dans le rôle. Une sorte de gros ours déboussolé par le départ de sa femme. Il la cherche et lui demande de revenir rapidement. Il s’inscrit pour la voir à un cours d’improvisation. Là est le déclic sans qu’il le sache de suite.
C’est ça l’Amour est le traitement d’un homme qui va apprendre à vivre pour lui. Il a vécu pendant 20 ans cadenassé à sa femme. Elle est partie par oppression, lui aussi va commencer à respirer. Il va au départ maintenir l’union de cette famille fragmentée. Puis il va apprendre à savoir laisser partir.

C’est cela l’amour, savoir laisser partir pour mieux reprendre sa propre vie en main. Petit film assez brut dans sa mise en scène prenant racine dans le nord de la France. L’état grisâtre du long-métrage reflète l’état dépressif du personnage. L’état émotionnel des filles aussi, elles qui entrent dans cette aspiration de rébellion envers des parents presque absents.
Des parents qui se cherchent à l’image de la mère, presque évanescente tout le long-métrage avant de reprendre sa place dans le dernier quart. 

Au-delà des performances exceptionnelles du casting, idéalement choisi par Claire Burger, la qualité première du film réside dans l’authenticité avec lequel est raconté le quotidien d’une famille défaite, la douleur de la séparation, les enfants qui grandissent et s’éloignent, mais surtout l’abasourdissement d’un homme qui perd pied. Il est sans repères, aimant sa famille et souhaitant emprisonner cette union qu’il pense salvatrice. Bouli Lanners est incroyable une nouvelle fois par cet aspect « maternel », généreux et sensible. Lors d’une scène comique irrésistible, le père défoncé sur son lit jette « Toute ma vie, c’est vous aimer » face aux trois femmes de sa vie. Pourtant, aimer, c’est libérer les autres de son amour et savoir vivre avec. Le père comprend, lâchant prise avec ses filles également. La vie continue, l’amour reste un ciment pour une liberté saine. On laisse alors Mario prendre un nouveau départ.

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