Les enquêtes du département V – Dossier 64 : Sprogø, mon amour

Succès au box-office danois à chaque nouveau film, Les enquêtes du département V livre avec Dossier 64 sa quatrième enquête cinématographique. Et la dernière, en tout cas sous cette forme, la production et les acteurs n’ayant eu les droits des romans que pour quatre films, l’auteur Jussi Adler-Olsen, mécontent du travail effectué sur ces adaptations préférant travailler avec une nouvelle production. Disponible en E-Cinéma depuis le 7 mars, Dossier 64 prolonge alors le plaisir un peu malsain que l’on a à se plonger au cœur d’enquêtes liées au passé, souvent glauques, parfois un peu maladroites mais toujours prenantes.

Dossier 64 n’échappe pas à la règle et s’avère habilement construit. Alors qu’Assad s’apprête à quitter le département V, Carl est d’humeur maussade (plus que d’habitude en tout cas), visiblement pas prêt à perdre son coéquipier mais pas prêt non plus à lui dire combien il tient à lui. Le fossé se creusant entre Carl et Assad, le duo ne doit tout de même pas flancher puisque la découverte de trois cadavres momifiés derrière le mur d’un appartement les met sur la piste d’une ancienne clinique de l’État située sur l’île de Sprogø et qui pratiquait les avortements et les stérilisations forcées dans les années 50 et le début des années 60. Horrifiés par cette découverte, Carl et Assad trouvent très vite une piste menant au docteur Curt Wad, encore en fonction et apparemment bien placé avec les hautes sphères du pouvoir…

S’il ne surprend guère dans son déroulement narratif, faisant parfois preuve de la même maladresse que ses prédécesseurs dans la caractérisation de certains seconds rôles et dans ses rebondissements (dont l’un que l’on voit venir à des kilomètres à la ronde), Dossier 64 fait preuve d’une belle ambition narrative en levant le voile sur les agissements troubles de l’État danois dans les années 50 alors que celui-ci cautionnait l’enfermement des femmes à la morale jugée douteuse et les stérilisait à leur insu. Une page sombre du pays où l’eugénisme a des relents de nazisme et où l’on faisait stériliser des femmes loin de l’idéal profil scandinave. Avec Dossier 64 et son terrifiant Curt Wad, Les enquêtes du département V vient nous rappeler à un passé que tout le monde clame enfoui mais qui n’est pas forcément très loin.

C’est l’occasion aussi d’apporter un peu d’émotion aux personnages, notamment du côté de Carl, toujours à fleur de peau. Assad, pourtant le personnage le moins archétypal du duo, a ici une trajectoire un peu plus attendue et c’est à Carl que revient de belles scènes, notamment sur la conclusion de l’enquête. Une enquête qui se suit avec un plaisir toujours aussi vivace, le scénario reposant sur une mécanique particulièrement efficace, empêchant le spectateur de s’ennuyer une seule seconde. La façon dont Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares se complètent ainsi que la noirceur parfois saisissante de l’ensemble font de cette nouvelle enquête une véritable réussite du genre, hautement recommandable en dépit de ses quelques gros sabots. Un film en forme de conclusion pour ces personnages que nous avons appris à connaître, nous laissant sur une note chargée en émotions particulièrement appréciable.

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