Jusqu’ici tout va bien : de l’autre côté du périph’

Après La Vache, film aussi sympathique qu’humain, Mohamed Hamidi revient avec une comédie plus classique dans le paysage cinématographique français. Jusqu’ici tout va bien semble réunir ici tous les ingrédients pour surfer sur la vague de la « bien pensance » facile, comme beaucoup de ses petits camarades. Bal des clichés, « choc des cultures » ou encore final qui donnerait envie de former une chaîne humaine autour du monde, tout y est alors que Fred, patron d’une boîte de communication à Paris, doit déménager ses locaux à La Courneuve dans le but d’éviter une grosse amende.

Deux mondes se rencontrent alors, entre la petite équipe de bureau de Fred et les habitants du coin. Deux ambiances qui vont peiner à se mélanger au départ, avec de prévisibles frictions qui accompagnent ce changement de décor. Mais heureusement arrive Samy, embauché par obligation, qui saura se montrer utile plus d’une fois et aidera à faire le lien entre ces deux mondes (guidé en parti par son attirance pour une de ses nouvelles collègues). Ce personnage campé par Malik Bentalha, évolution du clown de la classe au grand cœur, répond à ces clichés sans rougir tout comme nombre d’autres personnages d’un côté comme de l’autre : la hippie de service, le dealer agressif… rien ne nous est épargné. Le regard du film ne se détourne jamais de ses clichés, il les prend comme une partie du tableau nécessaire à la véracité du tout ; en témoigne cette scène pivot de recrutement de nouveaux salariés, où ils défilent les uns après les autres, donnant lieu à une succession de gags plus ou moins réussis.

A l’image de cette scène, Jusqu’ici tout va bien débite ses vannes à grande vitesse, faisant forcément mouche à un moment ou à un autre. Le rire est franc mais facile, on peut reconnaître au film son rythme, mais guère plus. Le scénario avance à tâtons avec ses grands moments de flottement, pour mieux tenter de se rattraper avec son final qui arrive tardivement. Nous sommes sur de la grosse ficelle en terme de récit et de la vache maigre pour l’intrigue. Certaines facilités inhérentes à ce type de comédies sociales subsistent, alors que les habituels points communs se multiplient et fédèrent les gens (Gilles Lelouche s’improvise prof de français pour aider un gamin à raper, puis prof de marketing pour les dealers du coin tandis que son fils fait un foot avec les courneuviens) pour qui tout finit par s’arranger dans un grand élan de solidarité. Et comme d’habitude, le petit parisien collet monté s’encanaille au contact de ses facétieux nouveaux amis banlieusards et regagne un peu de chaleur humaine.

Le long métrage de Hamidi reste bloqué dans les carcans habituels de ces comédies pleines de bons sentiments et un brin naïves. Alors on pourra rétorquer que c’est toujours mieux que l’habituelle concurrence, qui sombre dans un racisme facile et c’est tout à fait vrai, mais est-ce suffisant pour autant ? Jusqu’ici tout va bien se distingue du paysage par sa bienveillance, malgré un regrettable manque d’ambition qui en parallèle, l’aide à se placer à hauteur humaine.

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