The Wife : L’alignement des planètes pour Glenn Close

Björn Runge est un réalisateur suédois prolifique dans les années 80 et 90. Son cinéma ne s’est jamais facilement exporté jusqu’en 2005 avec son film Mouth to Mouth. Il revient en 2017 avec The Wife, film produit en grande partie par des sociétés de production américaines.

Pourquoi 2017 ? Le film a d’abord été projeté à l’occasion du festival de Toronto de 2017. Puis le film est sorti l’été dernier aux États-Unis. Pour enfin arriver chez nous trois semaines après la récompense décernée à Glenn Close aux Golden Globes pour sa performance, à savoir le 24 janvier 2019 en E-Cinema. Le film est adapté du roman éponyme écrit par Meg Wolitzer et paru en 2003. Intitulé L’Épouse chez nous et paru en 2005. Pour être réédité dans une nouvelle traduction en 2006 sous le titre La Doublure. Au cas où vous souhaiteriez vous procurer le roman.

Un matin de l’année 1992, l’écrivain Joseph Castleman, joué par Jonathan Pryce est réveillé par un appel téléphonique lui annonçant qu’il a remporté le prix Nobel de littérature. Son premier réflexe est de partager la nouvelle avec sa femme bien-aimée, Joan, interprétée par la récompensée Glenn Close. Nous allons donc suivre ce couple durant leur voyage à Stockholm. En particulier Joan Castleman dans la remise en question de son mariage, de l’image qu’elle a de son mari et surtout, de sa vie.

Autant se le dire tout de suite, l’essence du film repose exclusivement sur son duo d’acteurs phares. Glenn Close dont les talents ne sont plus à prouver mais qui manquaient d’occasions de briller ces dernières années. Et Jonathan Pryce qui nous l’a rappelé encore récemment avec l’Homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam. Et quand on voit la récompense de Glenn Close aux Golden Globes et sa nomination aux Oscars, on est en droit de se dire qu’il s’agit ici d’un énième film à récompenses. D’autant plus que la mise en scène est académiques sans grandes fulgurances.

En revanche, ce qui fait véritablement sortir le film du lot est son écriture. Très probable legs du roman, la scénariste Jane Anderson a parfaitement su gérer l’intrigue avec grâce et subtilités pour tenir en 100 minutes captivantes. En révélant pièce par pièce le secret que renferme The Wife, on peut facilement comprendre par nous-même avec un regard attentif et juste envers le long-métrage. Et le problème est bien là. Aussitôt que le spectateur sera parvenu à démêler le vrai du faux, le film aura tôt fait d’ennuyer son spectateur avec une intrigue convenue et pauvre. Ce qui n’empêchent en rien l’écriture de Jane Anderson et le jeu de Glenn Close de former un mix à l’équilibre quasiment parfait. Étant donné que l’oeuvre originale de Meg Wolitzer doit être pleine de pensées intérieures, de dilemmes et d’émotions bien plus facilement explicables à l’écrit, dont Glenn Close arrive brillamment à faire transparaître à travers son regard ou ses expressions faciales.

La narration alterne entre Stockholm en 1992 et les flash-backs retraçant l’histoire du couple Castleman à partir de leur rencontre en 1958 et jusqu’en 1968. Le jeune Joe étant interprété par Harry Lloyd (Viserys Targaryen dans la première saison de Game of Thrones) et Annie Starke, propre fille de Glenn Close. La transition entre la jeune et la plus âgée Joan est moins brutale. Heureusement d’ailleurs car Annie Starke part avec une belle longueur d’avance. Pour sa part, Harry Lloyd excelle dans son rôle en arrivant parfaitement à faire ressortir les défauts d’un Joseph Castleman dans la force de l’âge.

Avec The Wife, Glenn Close est bien partie pour obtenir l’Oscar de la meilleur actrice. Puisque tout dans ce film est mis en place pour les mettre elle et son personnage en avant dans chaque plan et jeu de lumière. Dans le but de revisiter le concept de nègre à la sauce féministe ? Oui et non. L’élan féministe ne brille que par le prisme de la société actuelle. Les événements du film ne font que rappeler à Joan Castleman un pouvoir qu’elle avait depuis le début. Tout en la confortant, à demi-mot avec une fin assez ouverte à ce sujet, à une place dans laquelle elle n’a fait que s’enfoncer un peu plus avec le temps, l’ombre de son mari. Car c’est de ça dont il est question dans The Wife, les femmes de l’ombre.

En gardant une certaine malhonnêteté vis à vis de son personnage masculin principal, Joseph Castleman, qu’on verra renforcer ses pires défauts au fur et à mesure de sa vie. Phénomène parallèle au rythme du film qui nous montre petit à petit que ce qui ne va pas dans leur couple et dans leur vie est la conséquence des choix et actions de Joseph. En inspirant au spectateur que chaque qualité n’est qu’une énième démonstration de son hypocrisie. Jusqu’à ce que, finalement, le personnage ne doive son faible capital sympathie qu’au gentil visage de Jonathan Pryce.

The Wife reste un film fort. Mais il s’évertue tellement à nous raconter une histoire, avant tout, à travers les yeux de son héroïne qu’il ne laisse aucune place à la perspective. Aussi bien dans son cadrage que dans sa narration. Si bien que passé outre les performances de Jonathan Pryce et surtout de Glenn Close, le film se trouve médiocre. Ce qui permet amplement de mettre en valeur Glenn Close dans une place de choix pour sa nomination aux Oscars, qu’elle ne démérite absolument pas.

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