Apprentis parents : Robin Williams nous manque !

C’est confiant que l’on arrive dans la salle, avec cet espoir secret de voir ressurgir ce charme un peu perdu de vue des comédies familiales américaines typiques des 90’s ! Mais si, rappelez-vous, ces films portés par Robin Williams, pour citer les meilleurs, qui réunissaient les spectateurs du monde entier par millions pour faire rire et émouvoir en même temps, partageant bonnes valeurs, avec cette efficacité purement américaine qu’aucun autre pays ne semble pouvoir trouver. Depuis, il faut dire que le genre était un peu tombé en désuétude et semblait ne pouvoir trouver refuge que dans de sinistres téléfilms de Noël ou de tous petits films passés inaperçus, du moins en dehors de leurs frontières. Tout ça pour arriver donc au film du jour, dont le but affiché semble être de retrouver de cette vibe toute particulière d’un cinéma considéré comme désuet, et nous manquant terriblement, que ce soit de la pure nostalgie ou un réel besoin de retrouver un peu de cette innocence manquant terriblement en ce monde moderne beaucoup trop cynique. Et l’on se dit qu’avec pareil casting, le film, en plus de pouvoir prétendre réunir les familles dans les salles, possèdera peut-être une petite dose d’humour grinçant apte à mettre un peu de modernité dans tout ça ! Oui, mais voilà, cela reste un film américain, et 2019 ou pas, il ne faudra pas s’attendre à de gros changements capables de bouleverser le genre.

Couple contemporain typique, Pete et Ellie commencent à évoquer la possibilité d’avoir des enfants et pensent très vite à adopter. Se retrouvant émus par la vision d’adolescents que personne n’approche, car c’est bien connu, dans ce genre de cas, la plupart des gens préfèrent aller vers les tous petits que vers des ados potentiellement problématiques, ils se retrouvent avec une fratrie de trois frère et sœurs qui leur fera très rapidement prendre conscience qu’ils n’étaient peut-être pas préparés pour ça …

On espère au fond de nous qu’avec un synopsis aussi classique et propice à tous types de traitements, les scénaristes sauront faire preuve d’un peu d’irrévérence et se serviront de ce postulat pour alterner entre humour piquant et (un peu) méchant et bouffées de tendresse, en une sorte d’équilibre que l’on rêve miraculeux. Seulement on se rend compte très rapidement que malgré la présence d’acteurs rodés à l’art de la comédie burlesque (Rose Byrne a déjà prouvé plus d’une fois ses compétences en la matière, et sous ses airs perpétuellement vénères, Mark’Marky Mark’Wahlberg a déjà tâté du terrain avec talent), le ton ne s’éloignera finalement que très peu des bonnes vieilles habitudes du genre. Certes, on ne va pas jouer les hypocrites en affirmant que l’on s’attendait sincèrement à un renouvellement de fond en comble des bonnes vieilles bases, mais malgré tout, on est bien obligé de se rendre à l’évidence, le résultat sera tout ce qu’il y a de plus convenu.

Il y avait pourtant quelque chose à tirer de ce principe d’adoption d’une adolescente, obligeant le couple à se retrouver avec 3 enfants d’un coup, de différents âges et caractères, mais jamais le script ne saura éviter les clichés habituels et attendus, à savoir que sous leurs airs sympathiques, voir angéliques, ceux-ci vont leur en faire voir de toutes les couleurs , et ce très rapidement. On aura donc droit aux scènes d’hystérie familiale,  entre l’ado forcément en pleine crise, la petite qui sous ses airs angéliques, s’avère particulièrement colérique et le garçon au milieu, objectivement mignon mais tellement maladroit qu’il en devient énervant de par les catastrophes qu’il entraîne, toujours involontairement. Tous ces passages obligés pourraient, en cas de scénario bien charpenté, se montrer pertinents et amusants mais se montrent très vite fatigants, car manquant de ce grain de folie indispensable pour être digestes. Au lieu de ça, on se retrouve avec une comédie dramatique déjà vue mille fois, où l’on sent les comédiens donnant le meilleur d’eux-mêmes, mais qui provoque finalement et fatalement l’indifférence.

On sait comment ça va finir, l’intérêt étant généralement le chemin utilisé pour parvenir à ce final attendu. Sauf qu’ici, le chemin parcouru ne sera jamais surprenant, et s’avèrera même franchement laborieux pour qui a déjà vu plus d’un film semblable dans sa vie. L’équilibre si fragile entre humour et tendresse n’est jamais trouvé, et faute de gamins réellement attachants, le déroulement s’en trouve être forcément assez ennuyeux, faute d’enjeux solides qui maintiendraient l’attention. On attend donc patiemment que les passages obligés soient déroulés les uns après les autres, en faisant le deuil de la chouette comédie que l’on espérait. Certes, on aura évité de justesse le nanar catho type l’horrible « Treize à la douzaine », et l’on en remercie ses auteurs. Ce qui n’empêche pas la leçon de morale finale, où l’on nous explique que la famille est tout, quelque soit sa configuration, car tout ce qui compte, c’est d’être bien entouré par des gens qui nous aiment, et blablabla ! Manquait plus que le bénédicité autour d’une bonne grosse dinde des familles, et on avait la totale. On y aura donc échappé, mais ce n’est pas ça qui rendra le film plus remarquable pour autant, la scène finale étant d’une telle niaiserie que l’on se demande sincèrement si les scénaristes avaient conscience de ce qu’ils étaient en train de pondre. Les familles pourront donc y aller sans craintes, rien ne dépasse de ce tout petit film gentillet et pas antipathique, juste un peu trop banal pour aller au-delà (éventuellement) du divertissement faisant le job dans l’immédiat, pour ressortir quasi instantanément de notre esprit. A vrai dire, à l’heure où ces lignes sont écrites,  à peine une semaine après avoir vu le film, il ne nous en reste déjà quasiment plus rien. Une certaine idée du cinéma …

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*