Wardi : À la recherche de l’espoir

Traiter le conflit israélo-palestinien n’est pas chose aisée, cinéma ou pas. Alors lorsque l’on ajoute au tout une alternance entre stop motion et animation classique, il y a de quoi être intrigué. Mais c’est en allant vers une simplicité de conte que Wardi parvient à lier l’ensemble sans faillir. La petite palestinienne qui donne son nom au film vit comme elle peut dans un camp de réfugiés à Beyrouth. Subissant les conséquences du conflit, elle tente tant bien que mal de vivre son quotidien précaire où le fait qu’une tête connue se fasse tirer dessus est une possibilité de tous les instants. Au milieu de ces horreurs banalisées, Wardi peut compter sur son arrière-grand-père : Sidi, pour lui remonter le moral. Ce dernier, mal en point, lui offrira la clé de la maison qu’il a dû abandonner plus jeune. Wardi pense que ce legs représente aussi l’abandon de tout espoir par son aïeul bien aimé. Elle entreprend alors à travers les témoignages des autres membres de sa famille, de retrouver ce fameux espoir en cherchant à mieux connaître Sidi.

Les témoignages se déroulent en animation 2D, alors que l’on découvre le triste destin de la famille de Wardi, chassée de son pays d’origine par l’armée. L’occasion pour la jeune fille de découvrir le vécu de ses proches et d’entrer en contact avec ses racines. On assiste à un cours d’Histoire qui se focalise sur les individus et les répercussions des grands conflits sur les petites gens. Les conséquences de cette guerre, ce sont des anecdotes à hauteur d’homme qui sensibilisent le spectateur, une recette classique mais efficace dans son traitement. Le temps qui s’écoule est central dans Wardi, on est balloté sur la timeline entre les différents récits et les retours réguliers au temps présent où Wardi tisse des liens avec les différents témoins. Une affaire d’ellipses qui ne nous épargne pas l’impitoyable passage du temps.

Si le ton s’obscurcit, comme le décor, il reste toujours teinté d’une dose de poésie, avec la quête innocente de cette enfant, qui confronte sa vision simple, sans être bête, à un monde adulte, complexe et impitoyable. La morale de l’histoire, sous ses faux airs candides, tombe sous le sens ; la conclusion est prévisible mais n’enlève rien au propos, comme une piqure de rappel nécessaire pour se vacciner du désespoir. Dans ce conte où Wardi côtoie potentiellement la mort au quotidien, sa recherche pour l’espoir d’autrui force le respect de ses pairs.

Wardi sait garder le cap sur l’essentiel, sans se perdre dans un contexte délicat, dans le pathétique ou le larmoyant facile. Au contraire, le cadre, s’il est omniprésent, ne jure jamais sur l’universalité du récit et de sa morale, si ce n’est pour les teinter d’une amertume juste. Une sagesse simple, un voyage dans le passé pour mieux appréhender l’avenir et une valorisation des racines, font de Wardi une leçon de vie qui brille autant par son bon sens que par sa bienveillance.

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