Euforia : Sexe, drogue et fraternité.

L’euphorie, cette sensation enivrante qui nous transporte vers le bonheur et la liberté. C’est par ce sentiment que nous pousse Valeria Golino avec son second long-métrage, Euforia, cinq ans après son passage derrière la caméra, Miele, que nous avouons ne pas avoir vu. Valeria Golino est pour nous cette comédienne chaude à la voix rauque. Elle est la jeune comédienne découverte dans Rain Man aux côtés de Tom Cruise et Dustin Hoffman ou dans Hot Shots 1 & 2. Une carrière américaine qui ressemble à un amas de pièces de puzzle sans accroche. Mais la deuxième partie de sa carrière en tant que comédienne est plus compacte et centrée entre l’Italie et la France. Nous voilà donc la découvrant réalisatrice avec cette euphorie auprès de personnages aux maux évidents.
Euforia est un drame familial complexe, passé par Un Certain Regard à Cannes. L’histoire d’Ettore (Valerio Mastandrea) qui ignore qu’il est atteint d’une tumeur au cerveau. Tous ses examens médicaux passent par son jeune frère Matteo (Riccardo Scamarcio), qui est mystérieusement capable de cacher la vérité à toute la famille, y compris à Ettore. Tandis que le grand frère, qui se rend de plus en plus compte qu’il doit y avoir quelque chose de plus sérieux derrière son bégaiement occasionnel et sa mémoire qui flanche, subit une série de traitements, son jeune frère continue de s’évader dans la drogue, l’alcool et le sexe courant à sa perte.
Nous ne savons pas bien pourquoi Matteo cache la maladie de son frère à toute la famille, maladroitement reléguée au second plan pour laisser la place au duo tout en étant constamment présente dans le film. Valeria Golino enchaîne et nous enfonce toujours plus dans l’obscurité des relations de deux frères qui se sont évanouis l’un à l’autre pendant des années. Avec autant de sous-intrigues, le récit est difficile à saisir. Il est surtout complexe d’y trouver sa place en tant que spectateur. Ettore se sépare de sa femme et nous présente une maîtresse en dernière partie de film. Rien n’est avenant, ni les personnages principaux, ni la mise en scène évanescente. Les scènes répétitives montrant Matteo en train d’abuser de substances et de faire la fête amènent à se demander si un montage plus efficace aurait pu sauver l’ensemble, en supprimant au moins 20 minutes de métrage.

Ce qui importe dans Euforia est cette fraternité qui se compose par bribes. Ettore et Matteo n’ont jamais été proches. Les liens se resserrent à cause de la maladie. À deux, ils décident de remonter la pente, de braver le cynisme de vies dissolues dans la honte et la fragilité. L’un est un narcissique qui cultive la distraction avec l’argent, la drogue, le sexe et le culte du physique. L’autre cache ses échecs, son insatisfaction et son manque de courage derrière un masque de désillusion et de sarcasme. De par ce drame de deux vies aux liens fragiles, Golino n’arrive jamais à embraser le film d’un mouvement nous empreignant le cœur. Les sporadiques moments de comédie qu’offrent le film sont rafraîchissants (le pèlerinage dans le village bosnien où la Vierge Marie serait apparue en 1981), ou les divers shoppings d’Ettore avec la carte de son frère. Le lien se crée, mais n’embrase jamais l’écran. On ne ressent rien pour eux. Les deux personnages sont loin des spectateurs ne convainquant jamais. Pourtant Riccardo Scamarcio a un charisme inné. Mais il ne réussit jamais à porter le film, pire, il s’efface en permanence derrière la superficialité de son personnage.

Euforia, deuxième film de Valeria Golino, porte mal son titre. Belle promesse sur le papier, le résultat ne convainc en rien de cette volonté évidente de parler de cette contemporanéité et de nier la réalité transitoire. L’illusion du contrôle absolu de nos vies, de nos corps, de pouvoir vaincre le temps et de fuir la douleur. Le film nous met face aux limites de notre expérience humaine, d’affronter l’hypocrisie de notre monde et de se remettre en question. En cela le film est désagréable. Dommage de nous avoir laissé à la surface, il y a avait évidemment des choses profondes à surligner. Mais Euforia est un raté qu’on ne peut vous conseiller.

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