La grande aventure Lego 2 : Quand les briques nous braquent

Difficile de passer après un premier opus qui donnait l’impression d’avoir déjà tout dit ; difficile comme pour beaucoup de suites, de passer après cette joie de la découverte ; difficile de passer après ce twist qui réussissait à mettre en relief toute la richesse thématique qu’il nous offrait. Ce ne sont pas Lego Batman et Ninjago, arrivés entre temps, qui parviennent à renouveler le concept s’inscrivant plus dans une logique de licence vendeuse. L’annonce d’une suite pouvait laisser place à l’espoir de voir nos petites briques jaunes retourner vers quelque chose de plus réfléchi. La présence de Lord et Miller au scénario avait aussi de quoi rassurer, mais force est de constater que leur absence à la réalisation se fait sentir. C’est donc Mike Mitchell qui s’occupe de La grande aventure Lego 2 et pour ceux qui ont eu le courage de subir Trolls jusqu’au bout, cela se voit. Cette séquelle n’est rien de moins que le pastiche de son grand frère.

Ce qui semblait n’être qu’une boutade de conclusion du premier film sera donc le point de départ de cette suite directe. La sœur de Finn envahit donc le terrain de jeu avec ses propres jouets et son univers. S’ensuit une discorde entre les deux qui se répercutera sur le petit monde d’Emmet et compagnie : une bataille entre 2 univers, 2 imaginaires. « Pourquoi pas » serait-on tenté de se dire. On retrouve donc la petite troupe de héros dans un univers post apocalyptique à la Mad Max, alors qu’un étrange vaisseau plein de paillettes, de néons brillants et de cœurs tout mignons menace la paix. La discorde entre le frère et la sœur sera donc le terreau des nouveaux conflits que rencontreront les protagonistes.

Un déroulement beaucoup plus classique pour cet épisode était à prévoir, rien de transcendant ne nous attend. Le twist arrive en étant presque annoncé, les anciens personnages secondaires n’apparaissent que quelques instants, ceux qui restent n’évoluent pas, coincés dans leurs gimmicks. L’intrigue rentre dans les clous sans jamais nous surprendre. Et ce n’est pas la mise en scène de Mitchell, plus timorée et grossière que celle de Lord et Miller, qui viendra récupérer le tout. Le second plan n’a plus cet amour du détail, on se repose sur les blagues du premier opus sous forme de clins d’œil, qui tiennent plus du coup de coude entendu, alors que les nouveautés sont moins nombreuses et beaucoup trop frontales (jusqu’à citer texto Matrix), on aura même le droit à la blague du « marcher sur un lego ça fait mal ».

Ce qui dérange réellement dans cet épisode, c’est son positionnement thématique qui s’oppose en partie au premier, en encourageant l’uniformisation et en fustigeant les « grognons » qui s’y opposeraient. On attend alors ce moment où lesdits « grognons » seraient entendus, pour trouver un équilibre à la manière du premier, mais point de tout cela malheureusement. On sent les relents de Trolls ici, qui partait déjà de ce postulat : si t’aimes pas faire la fête, t’es un sale type. Étrange revirement de bord, alors que le premier Lego poussait chacun à se défaire de la masse et à adopter sa singularité. Pourtant, l’idée de départ de dépeindre l’univers des petits jouets d’un point de vue plus féminin pouvait être une bonne amorce. La présence de la sœur de Finn, mais aussi de sa mère (qui remplace Will Ferrell en tant que figure d’autorité), mais aussi le recentrage du récit sur Cool-Tag ainsi qu’une méchante reine protéiforme donnant lieu à de sympathiques tours d’animation, avaient de quoi séduire pour un nouveau départ. Mais il a fallu enrober le tout de vampires à paillettes et compagnie (parce que ça fait « girly » sans doute) dans le but de maladroitement dénoncer une virilité toxique qui sort de nulle part.

S’il est toujours agréable de passer d’un univers à l’autre (post apo, comédie musicale, space opéra…) en un rien de temps, ce qui les lie n’est qu’un simple divertissement aux enrobages méta, sans plus d’ambitions. L’imaginaire décline devant un post modernisme en roue libre ici, où tout est tourné au ridicule sans but réel. Les quelques rares trouvailles d’écriture des deux anciens réalisateurs et l’animation d’Animal Logic restent appréciables, mais ne pourront pas sauver complètement le film. La grande aventure Lego 2 est un crève-cœur pour qui apprécie le premier, un ersatz réchauffé avec un arrière-goût amer de fan service mal maîtrisé digne d’une fan fiction.

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