Daredevil – Saison 3 : Renaissance d’un héros martyr.

Nous avions laissé ce cher Daredevil dans un sale état à la fin des tristes aventures des Defenders. Un immeuble sur la tête et puis… Matt Murdock a la tête dure, mais surtout il est malin s’étant tiré d’affaire au dernier moment.
Bref, il fallait Matt Murdock et son Daredevil pour la prochaine saison des aventures en soliste du personnage, le dernier héros restant dans l’écurie Marvel pour Netflix.
Il faut bien avouer que la collaboration entre Netflix et Marvel n’est pas fringante. Jessica Jones ne convainc toujours pas après deux saisons, Luke Cage et Iron Fist sont annulés. La réunion de tout ce petit groupe a tourné au pugilat pour les fans en une seule petite saison. Reste donc l’espoir d’un Daredevil ressuscité aux mains des bonnes sœurs qui vont le remettre sur pieds pour affronter Wilson Fisk.

Cette saison 3 annonce le deuxième round de l’affrontement entre Daredevil et Kingpin. Ce dernier, surnom emblématique du méchant, est prononcé dans le dernier tiers de la série, assumant enfin ses origines. C’est toute la série Daredevil qui assume enfin ses origines, ce que sont les personnages de base, des héros de comics. Avouons que Drew Goddard avait bien trop regardé les Dark Knight de Christopher Nolan pour tirer son inspiration pour Daredevil. Héros urbain et humain, sorte de Robin des Bois s’opposant au terrible Wilson Fisk lui volant son pouvoir et son quartier de Hell’s Kitchen. Avec l’aide de Foggy et de Karen Page, ils avaient réussi à faire tomber Le Caïd. Mais le voilà de retour pour une troisième saison tirant toute sa puissance de l’arc Renaissance écrit par Franck Miller et dessiné par David Mazzucchelli en 1986. Le Caïd négocie une semi-liberté avec le FBI qui le place dans une prison dorée. De là, l’homme déchu décide de faire tomber Daredevil et son entourage, bien aidé dans sa tâche par Ben Poindexter alias Bullseye.

Cette saison 3 se compose de 13 épisodes en sommes complets. Si 2/3 chapitres n’évitent point le gras, avouons que cette troisième saison tient en haleine. À contrario de la S2 d’Iron Fist, jamais nous ne sommes rebutés à relancer la série, au contraire l’impatience se crée au fur et à mesure des épisodes. Elle se binge-watch avec aisance grâce à l’écriture des personnages, chacun ayant une trajectoire distincte qui se rejoignent au final pour compléter l’arc de cette saison 3. Mais ENFIN, avouons que Matt Murdock est intéressant. Personnage lisse et mièvre dans les précédentes saisons, il prend ici toute la mesure du héros de son état, l’homme dont les choix causent la chute du Daredevil qu’il est. Ses démons le dévorent de l’intérieur, quand bien même il abîme son corps pour défendre sa soif de justice.
Dans la forme, de Daredevil, il en est peu question, car dans le fond, le personnage est présent en permanence. Matt Murdock reprend les collants amateurs laissant l’armure disparaître. Cette même armure qui va le discréditer envers le public, Fisk s’en servant pour mieux retrouver sa liberté et Vanessa.
Vanessa ou le clou du spectacle avec un Caïd au costume blanc le blindant de toutes attaques et de toutes émotions. Vincent D’Onofrio incarne le méchant avec froideur n’évitant jamais le surjeu, car le personnage est à la démesure de l’acteur. L’acteur sera et restera à jamais Le Kingpin, la référence du rôle à l’image de Jack Nickolson en Joker, à qui Heath Ledger répondra brillamment. Face à lui donc le Daredevil qui manque cruellement. Ici, point la peine d’attendre l’iconisation d’un personnage et/ou du héros. Les cornes et les bâtons sont laissés au placard. Mais les poings sont de sortie.

Les combats s’enchaînent à une allure folle. Il faut en compter deux par épisodes, des affrontements intenses à l’image de la visite de Murdock à la prison dont il en sortira brillamment, mais pas indemne. On peut citer aussi la séquence du parking ou le face-à-face avec Bullseye dans l’église d’une violence rare.
Le tout se conclura par un mano-mano entre Matt Murdock/Kingpin/Bullseye dans un dernier épisode de grande qualité. Il faut dire que les scénaristes de cette nouvelle saison ont enfin compris l’essence des personnages. Ils se retrouvent donc obligés de rattraper les erreurs passées, à devoir présenter les différents parcours des personnages et en révéler les secrets de fracassantes manières. D’où le twist soufflant de l’épisode 8 amenant vers la démagogie de l’épisode 9. Il fallait passer par là pour repartir sur de bonnes bases. Un socle solide pour réactiver le démon d’Hell’s Kitchen, revoir Matt Murdock en héros bon et violent. Seul le regret de le voir s’en prendre plein la tronche au fil des épisodes lasse par instants. Matt Murdock n’est jamais le héros invincible, mais promène son corps tel un martyr servant la justice pour mieux se punir. Se punir d’avoir tué son père et des choix faits par le passé. D’où son investissement en tant qu’avocat bénévole et Daredevil. 

Nous espérions enfin retrouver un héros sans peur et sans reproche, un héros iconique servant sa cause avec maturité. Ce héros invincible tel qu’on l’espérait depuis le final de la saison 1, apothéose d’une souffrance latente dans la découverte impatiente d’un héros mérité. Mais Netflix/Marvel Télévisions en ont décidés autrement en annulant Daredevil au bout de cette troisième saison. On remercie beaucoup Disney+ de couper dans son élan cette série repartant sur de bonnes bases, lesquelles nous n’assisterons jamais à l’apothéose dans une saison 4 espérée.

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