Mortal Engines : Into the (very) badlands

Farouche était la montée de la hype, alors que se révélaient les premières images de Mortal Engines sur nos écrans. Plus intense devenait-elle encore, alors que le nom de Peter Jackson s’associait au projet, même s’il n’est « que » producteur (la réalisation étant confiée à Christian Rivers). Des villes montées sur roue, qui sont aussi de véritables machines de guerre, le tout dans un monde post apocalyptique, surmonté par une quête initiatique dont on était prêt à excuser le classicisme si la mise en scène et le spectacle étaient au rendez-vous. Ajoutez à cela des noms comme Hugo Weaving ou Stephen Lang et les planètes semblaient s’aligner, pour ce qui s’annonçait comme un épique moment de divertissement.

Ce que Mortal Engines parvient à être… le temps de sa scène d’ouverture. Posant en quelques plans son ambiance atypique,ses personnages et ses décors colossaux, avec de grands mouvements de caméra qui nous laissent le temps d’admirer ce tout charmeur. Et l’action intervient juste après, entre l’immense ville de Londres qui poursuit un quartier marginal et rebelle pour « l’assimiler ». La grosse bête finit par manger la petite et les questions se bousculent devant une telle entrée en matière.

Malheureusement, ce sera la première et la dernière fois que le film entreprendra de nous séduire. Petit à petit, le spectateur déchante,face à un déjà-vu qui s’enlise doucement vers le point de non-retour. Certains personnages sont laissés de côté pour mieux réapparaître la bouche en cœur à l’approche de la conclusion, d’autres sont omniprésents, comme Tom (Robert Michael Sheehan), « héros » malgré-lui, mais aussi creux qu’il est insupportable, ou encore Shrike qui, au-delà de toute fioriture, remplit purement sa fonction. Le revenant robotique que campe Stephen Lang avait toutes les clés en main pour sauver l’intrigue et lui donner les émotions dont elle manque cruellement (il suffit de voir Hera Hilmar tenter de pleurer pour comprendre) mais à la place, nous assistons à une traque qui finit en eau de boudin, par un revirement aussi soudain que téléphoné, dans une vaine tentative de raccrocher les wagons.

Cette gestion des personnages traduit la maladresse généralisée qui habite Mortal Engines. Les nombreux problèmes de forme sabordent purement et simplement l’ébauche thématique sur la transmission de l’Histoire et le besoin d’un passé, même inexact, pour l’être humain. Le caractère prévisible des événements (ce n’est plus un fusil, mais une armurerie entière que Tchekhov vient d’ouvrir pour l’occasion) serait excusable, si on y décelait une volonté de bien faire… Les dialogues, quand ils ne sont pas dispensables, remplissent grossièrement leur fonction ; le déroulement des événements, en voulant aller à l’essentiel, oublie de crédibiliser les relations entre les personnages. Et ce ne sont pas ces flashbacks Werther’s Original intrusifs et présentés comme des exposés PowerPoint, qui viendront contredire ce point. Comble du comble, l’action se fait attendre et déçoit même lorsqu’elle arrive enfin, alors que l’on était en droit d’attendre de grandes batailles entre villes. Point de fortress porn ici, mais un assaut du pauvre à cinq vaisseaux, dont les designs rappellent une galaxie très très lointaine, sur une étoile de la mort roulante et à ce stade, le « je suis ton père » à peine camouflé ne choque même plus.

La déception est à la hauteur de l’attente, devant ce mix entre un pastiche de Star Wars, avec ses relents de monomythe patenté et ces teenmovies à la Labyrinthe ou Divergente qui pullulent depuis quelques années. Les décors soignés, les plans d’expositions maîtrisés et ces thèmes aux percussions puissantes sont une bien maigre consolation, devant un voyage aussi approximatif. Arythmique, simplet, voire carrément idiot, Mortal Engines ne parvient même pas à cocher la case fun ou second degré. À éviter.

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