PIFFF – Jour 3

Jeudi 6 décembre, troisième journée pour ce PIFFF 2018. Nous n’assistons pas à la séance matinale de 9H30 où était projeté L’Homme qui Rétrécit de Jack Arnold. C’est sincèrement à contre-coeur, mais il faut bien gérer cette petite entreprise qui connaît la crise. Bref, sans matinée, pas de journal de bord, pas de moi… moi… moi… hahahaha…

Bref, reprenons nos esprits et ce PIFFF qui se vit à mille à l’heure entre rendez-vous matinaux et course pour arriver à temps pour 14h30, déjeuner compris, pour découvrir Await Furthers Instructions du Britannique Johnny Kevorkian. Après une sympathique présentation vidéo, nous voilà lancés dans une péloche qui nous ravit. Elle nous ravit, car nous renvoyant à ses découvertes dans les vidéos-clubs de petits divertissements fantastiques et horrifiques avec un fond et une forme. Généralement, c’est soit l’un ou l’autre, mais rarement les deux. Ici, Johnny Kevorkian manie avec dextérité le fond avec ce fils qui revient après trois ans d’absence fêter Noël avec sa famille. Il y a discorde, un dysfonctionnement dans cette famille s’étalant sur 3 générations. Trois générations qui ne se comprennent pas, pire s’humilient et se passent à tabac psychologiquement, puis physiquement. Le père est un homme oppressé par un père, vieil anglais pervers narcissique. Il refoule alors son mal-être sur sa famille, sa femme faible, sa fille d’une bêtise rare et son fils qui a fui le domicile. Ce fils qui revient par bonté envers sa mère avec sa petite amie indienne. C’est le racisme qui se met alors en place quand la maison va être barricadée par une entité mystérieuse ne communiquant que par la télévision. C’est un autre débat soulevé alors, l’abrutissement d’une génération et d’une Angleterre moyenne par le prisme de la Tv et son pouvoir envoutant. Un développement intéressant quand le monde ne tourne plus rond, ici symbolisé par l’intérieur de la maison. On vous laisse la surprise du film qui n’évite pas un creux dans sa dernière bobine, mais digère parfaitement ses références entre David Cronenberg et Shin’ya Tsukamoto (Tetsuo).

Await Further Instructions

On enchaîne rapidement avec Next of Kin, film australien de 1982, qui avait disparu des écrans français depuis sa présentation au Festival du Rex à l’époque. Une rareté qui devrait sortir en Blu-ray d’ici quelques mois chez un éditeur français encore inconnu, mais connu de tous. Une certaine attente en sommes pour découvrir un bijou (selon les bruits du Max Linder) réalisé par Tony Williams dont c’est le seul essai. Si le film respecte une certaine forme (c’est un premier film), le fond est absent totalement. Le scénario est mince, on ère dans cette grande maison nommée Montclare, une maison de retraite où des petits vieux meurent noyés dans leurs bains. Il y a une ambiance sèche et malaisante par instant, mais on s’ennuie ferme. Jusqu’à une révélation renvoyant à Alfred Hitchcock et son Psychose tirant la référence vers le bas. On est comme sidéré de ce twist pitoyable amené sans travail au préalable. Il tombe comme un cheveu sur la soupe avant une big scène d’action pour coller un peu à la réputation du cinéma australien de l’époque. Next of Kin, c’est un NON pour nous, nous n’achetons pas !

Next of Kin (Tony Williams-1982)

Un peu d’air pour se remettre de ce Next of Kin déceptif. Une petite heure pour échanger devant le Max Linder et s’aérer la tête avant la découverte d’une autre promesse ayant fait grand bruit lors de ses précédents passages en Festival, notamment le NIFFF, Terrified.

Terrified

Terrified, c’est l’histoire de Allbreck, Jano et Rosentock, des chasseurs de fantômes de Buenos Aires, sommés de comprendre, notamment, pourquoi un bambin récemment décédé dans un accident s’en revient finir sa décomposition à la table du petit déjeuner. Prélude traumatisant à une série d’événements d’outre-tombe… Un film fantastique argentin nous faisant de nouveau le coup à un pompage volontaire du Insidious de James Wan. Mais la frousse est ici décuplée puissance 6, ayant en permanence le recul nécessaire pour permettre aux spectateurs d’apprécier le divertissement et la peur recélant du film. Un divertissement propre dont Guillermo Del Toro souhaiterait produire un remake américain. Aterrados est une petite réussite formelle qui vous fera faire sur vous sans nul doute !

In Fabric réalisé par Peter Strickland

On finit la journée en beauté avec le nouveau bébé de Peter Strickland, In Fabric. On avait découvert Peter Strickland à Geradmer en 2013 avec Berberian Sound Studio. Une séance tardive, aux alentours de minuit, pour une expérience sensorielle rare. Puis le PIFFF avait permis la découverte en avant-première de The Duke of Burgundy en 2015. Nouvelle expérience ici érotique, le spectateur étant pris dans le jeu SM de deux femmes sublimes sur fond d’études des papillons. Jamais nous ne pouvons nous remettre de The Duke of Burgundy restant inscrit à jamais dans notre mémoire de cinéphile tellement l’expérience est forte et les deux actrices sublimes, dont Babett Knudsen. 
Avec In Fabric, on repart un peu avec le même principe. Ici le fantasme des grands magasins, ses mannequins vivants faisant la promotion d’articles sur-estimés, un discours sur le consumérisme et son enveloppement par un savoir-faire du verbe. Un film fantastique sensuel et délicat qui s’embourbe dans les références fâcheuses pour tirer un liant concret à la volonté de Peter Strickland. On pense inévitablement à Christine de Stephen King, mais aussi à cet épisode de l’anthologie d’Alfred Hitchcock (encore lui !) où un pistolet passe de main en main pour suivre un destin tragique (Bang, You’re Dead). On assiste bizarrement au moins bon film de Peter Strickland, peut-être le temps pour nous de le digérer comme il le faut, mais le réalisateur ne trouve pas le juste équilibre entre fond et forme, ce qui n’était pas le cas dans ses deux précédents essais. De toute façon, on ne peut que de vous conseiller de vous lancer dans son cinéma, un art si riche et si sensuel. À n’en point douter que In Fabric agit comme un film pivot dans le travail de Strickland, à suivre maintenant la suite de sa carrière.

Girls with balls réalisé par Oliver Alfonso

Vendredi 7 décembre, on omet le prix Climax pour les mêmes raisons que L’Homme qui Rétrécit pour arriver au Max Linder pour la découverte de The Unthinkable de Crazy Picture. Puis la Séance Culte archi attendue proposant Vorace d’Antonia Bird avec Robert Carlyle et Guy Pearce. Découverte ensuite de l’attendu Girls with Balls d’Olivier Alfonso pour finir sur Punk Samouraï Slash Down, film quitte ou double, en tout cas en ce qui me concerne. À demain !

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