Édito – Semaine 48

On l’avait comme oubliée cette adaptation du Roi Lion en «live». Quand Disney décide alors de publier le premier teaser reprenant en partie l’introduction magique du film de 1994, c’est comme un choc. Pourquoi refaire un film en SFX avec des animaux, quand se suffisait à lui-même Le Roi Lion original ? Nous n’avions pas forcément compris la démarche avec Le Livre de la Jungle, quand bien même l’avions-nous un peu mieux digérer celle des 101 Dalmatiens, il y a 20 ans. Puis c’était une adaptation d’un classique, et non un remake plan par plan.
Que va donc apporter Jon Favreau à ce Roi Lion nouvelle génération ? La relecture est déjà mince pour Le Livre de la Jungle, allant même reprendre les musiques du film original. Mais bordel Disney, que faites-vous de vos grands classiques ? Pourquoi abîmer tant de souvenirs pour simplement proposer de la facilité à nos enfants ? C’est un pillage en règle. Nous sommes loin des idées de génie à adapter les grands titres de la littérature pour les populariser envers les bambins. Des histoires universelles et belles, du King Lear de Shakspeare au Tarzan de Burroughs, en passant par Le Livre de la Jungle de Kipling. Quand cela ne passe pas par un voyage intergalactique pour une chasse au trésor ou la belle histoire d’amour jazzy avec une famille de chats, nous étions aux anges. Mais là… sérieusement ?

Disney est à un tel niveau d’amateurisme ? La preuve nette et sans bavure d’un manque de réflexions, d’idées et d’inspirations pour proposer un cinéma digne de l’imagination de nos enfants. Quel moment magique de découvrir chaque Noël les derniers films signés Disney ! À l’époque, on ne regardait pas si c’était une adaptation, un film original, on souhaitait juste voir la magie Disney. Où est passée la magie ? Nos enfants se retrouvent avec des versions remastérisées de films préexistants, des films déjà produits et disponibles en vidéo à la maison. Pourquoi lui montrer deux fois le même film ? Nos enfants aiment les Minions, Gru, s’amusent avec les animaux de Comme les Bêtes… Ils s’éclatent avec Dragons, les Chasseurs de Trolls sur Netflix. Nos enfants aiment l’originalité, l’aventure, l’entrain d’œuvres nouvelles et non ce que Papa a déjà dans sa vidéothèque.
Nos enfants sont plus attirés par l’animation à l’ancienne, fine et légère, créant cette distance entre le cinéma et la réalité. Ils n’aiment pas la brutalité de la réalité, voir les animaux pseudo-réalistes des 101 Dalmatiens ou du Livre de la Jungle. Ils ont peur, doivent affronter une certaine proximité. Voir un gamin chanter sur le ventre d’un ours, cela fonctionne par une animation pop, et non via la réalité d’une utopie palpable où la mère est une louve. Cela fonctionne de la même manière avec Blanche-Neige ou Alice aux Pays des Merveilles. Johnny Depp crée des cauchemars avec son regard hirsute alors que le classique amuse et transporte dans le temps. Il fonctionne de la même manière que Le Magicien d’Oz où les couleurs vives et enchantées du technicolor l’emportent vers un monde autre. L’enfant ne croit pas en cette réalité qu’elle n’est point. Comment expliquer à un enfant de voir des lions pseudo-réalistes chanter et danser avant d’affronter Scar dans une œuvre Disney, avec un réalisme troublant de vérité. Comment expliquer ce réalisme, cette vie devant nous, cette violence vraie, la mort franche de Mufasa ? Elle était déjà dramatique en animation, des millions de spectateurs ont pleuré devant. Comment les bambins vont prendre de face cette réalité ? Cela doit rester du cinéma, et remastériser tout «réaliste» pour juste faire du fric facile, cela va bousiller des générations entières. Nous perdons cette magie, la magie d’une enfance, la magie du cinéma, cette magie qui marie les deux pour créer des moments inoubliables. Le cinéma devient pour nos enfants de la consommation, alors qu’il doit être ce moment d’évasion et d’imaginaire. Disney l’avait créé, Disney le tue à petit feu.

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