Casse-Noisette et les Quatre Royaumes : Le Soldat de l’Hiver

« Venez découvrir un monde magique… », point de départ éculé de toute bande annonce type d’un récit d’aventure classique comme on en a déjà vu beaucoup. Avec l’approche de Noël, ce genre de contes pullulent sur les grands et petits écrans. Casse-Noisette et les Quatre Royaumes ne déroge pas à la règle, pas le moins du monde. L’association des réalisateurs Joe Johnston et Lasse Hallström laissait déjà présager d’un projet fortement dirigé vers un divertissement et c’est exactement ce que nous avons là, ni plus, ni moins.

Ce monde merveilleux, nous le découvrons en compagnie de l’astucieuse Clara et de sa quête McGuffin pour retrouver une clé qui ouvrira une mystérieuse boîte ovoïde, cadeau de sa mère défunte. Lors de sa recherche, elle passe d’un bal luxueux à un monde fantastique, dans lequel sa clé semble avoir une fonction plus importante encore, rien de moins que le salut du royaume. Cette chasse à la clé nous amènera à découvrir bon nombre de décors et de personnages hauts en couleurs le tout accompagné par les compositions de Tchaïkovsky. Chaque scène (même celles ancrées dans la réalité) joue la carte de l’architecture classieuse grandiose et bordée de dorures, de la couleur pétante et vive, du costume exubérant et fantasque, de sorte que nos yeux ne se reposent qu’en de rares occasions. L’exposition dure une bonne partie du film sans que cela ne dérange jamais. La direction artistique du film se révèle efficacement filmée avec sa caméra baladeuse qui, dès la scène inaugurale, se faufile, prend de la hauteur ou du recul pour nous permettre d’admirer les décors. Le rythme soutenu est aussi parfois un problème, pour les rares moments d’accalmie où l’ennui va automatiquement pointer le bout de son nez le temps d’un dialogue convenu. Inégal certes, mais avec un déploiement d’efforts tel, que l’on arrive à passer outre ces quelques errances.

On sent cette volonté de palier aux éventuels défauts qu’un tel genre peut impliquer, avec un cahier des charges dense, sortir des sentiers battus n’est pas ici à l’ordre du jour. Difficile de composer avec des sidekicks parfois navrants (les deux comparses de l’armée que l’on verra finalement peu) ou d’éviter le caractère prévisible des retournements de situations. Mais ce dernier, inhérent à une œuvre destinée avant tout aux plus jeunes, est facilement pardonnable. D’autant que le cabotinage de Keira Knightley en fée Dragée fait opérer le charme et aide à nous porter vers la conclusion, sans se poser trop de questions. Conclusion bien menée dans sa mise en scène, si ce n’est pour un manque de souffle épique à l’arrivée de la bataille finale, qui aurait mérité plus de grandiose.

À l’image des ballets que le film nous proposera, Casse-Noisette et les Quatre Royaumes crée du mouvement, occupe sa scène et déploie sa forme classique pour mieux développer son récit. Le petit conte de Noël remplit sa fonction et nous fait voyager dans un monde enneigé mais chaleureux, avec sa morale simple et ses personnages oscillant entre le sympathique et le sous exploité (le fameux Casse-Noisette est plus un bouche-trou qu’autre chose). Une visite guidée, qui a des allures de spectacle de fin d’année, réussi esthétiquement, mais où les plus jeunes s’amuseront bien plus que les parents qui les accompagnent.

 

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*