Mauvaises Herbes : Bons terreaux !

La mise en production d’un deuxième film en tant que metteur en scène peut, pour beaucoup, se montrer ardue. Mais suite au succès de Nous Trois ou rien avec 630 000 entrées, la tâche s’est montrée moins compliquée pour Kheiron, bien aidé par l’adhésion d’un casting trois étoiles dans sa démarche. Mais pour raconter quoi ?

Après avoir narré le parcours complexe de ses parents en Iran sous le joug du Shah et leur exile en France en 1984, Kheiron s’attache à suivre le parcours d’un ancien enfant des rues qui vit en banlieue parisienne de petites arnaques qu’il commet avec Monique (Catherine Deneuve), une femme à la retraite tenant visiblement beaucoup à lui. Sa vie prend un tournant le jour où un ami de cette dernière, Victor (André Dussolier), lui offre, sur insistance de Monique, un petit job bénévole dans son centre d’enfants exclus du système scolaire. Waël se retrouve peu à peu responsable d’un groupe de six adolescents expulsés pour absentéisme, insolence ou encore port d’armes.
De cette rencontre explosive entre « mauvaises herbes » va naître un véritable miracle.

Mauvaises Herbes joue en permanence sur la réponse du présent au passé. Ce passé qui va suivre ce garçon prit dans le conflit du Liban, seul recueilli par une bonne sœur alors qu’il vivait de petits larcins dans les rues. Cet enfant ayant tout vécu et tout vu, qui va choisir de se cacher les yeux pour survivre. Même le refuge sera la tanière du diable, le confrontant aux drames les plus ignobles. De cette partie, nous pensons énormément à Lion de Garth Davis sortie l’année dernière avec Rooney Mara et Nicole Kidman. La différence se fera sur le lieu, mais le parcours est identique. 
Le présent répond en permanence au passé de Waël. Aujourd’hui s’improvisant éducateur pour des ados confrontés à des problèmes sociaux, Waël va être leur socle, cet appui tel la bonne sœur l’aura été pour lui au Liban. Il les sort de la rue, les aide et les soutient face à l’adversité de la vie et des autres. Kheiron renvoie alors à tout un pan du cinéma des 90`, entre le diptyque des Sister Act, Esprits Rebelles ou Écrire pour exister. Des films «Feel Good» que le cinéma américain apprécie et dont le cinéma français s’accommode de plus en plus. On pense dernièrement à La Mélodie ou Les Grands Esprits avec Denis Podalydès.

Il y a comme une facilité d’écriture, de procédé simple dans cette réponse entre le présent et le passé de Waël interprété par Kheiron. Mais ce second long-métrage se nourrit de cette simplicité pour véhiculer des valeurs saines et une bonne image de ses enfants meurtris dont la vie n’est pas simple pour la plupart. Rien n’est simple dans la vie, mais ici cela sert le propos et la bonté d’un film qui ne cherche finalement qu’à divertir avec un message universel. Kheiron apprivoise le cinéma, cela se ressent, il n’atteint pas encore avec ce film la maturité nécessaire pour permettre l’appréciation d’un essai mûre, mais la proposition est intéressante, notamment après Nous Trois ou Rien. 
Avec ce second film, Kheiron s’apprivoise en tant que scénariste et réalisateur, Mauvaises Herbes est plus conformément un premier film, quand Nous Trois ou Rien était un livre ouvert sur la personne, l’être devenu artiste.

Mauvaises Herbes est un second essai intéressant, à l’équilibre fin et délicat, un drame poignant qui se joint à une comédie tendre et emphatique. Le film n’est pas dispensé de défauts loin de là, notamment une certaine naïveté lourde dans la question du présent, mais le film agit comme un tout agréable à suivre, un divertissement sincère à partager en famille ou entre amis.

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