Kursk : Les naufragés des mers du Nord

Cela fait plusieurs années que Thomas Vinterberg s’est éloigné du Dogme95 qu’il avait pourtant contribué à lancer avec Festen. Le cinéaste danois s’est depuis aventuré sur de nombreux terrains mais de toute sa filmographie, aucun film n’a semblé aussi éloigné du Dogme que celui-ci.

Mettant en scène un scénario de Robert Rodat (Il faut sauver le soldat Ryan) basé sur un livre du journaliste Robert Moore, Kursk revient sur la tragédie du sous-marin Koursk survenue en 2000. Lors d’un exercice en mer, le sous-marin nucléaire russe subit une avarie déclenchant une explosion dans son compartiment à torpilles. La réaction en chaîne ne tarde pas et une série d’explosions laisse une vingtaine de survivants dans un compartiment du navire menaçant d’être inondé. Alors que les autorités russes réalisent la catastrophe, le matériel qu’ils ont à leur disposition s’avère dans l’incapacité de sauver les survivants. L’immobilité et le refus de la transparence du haut-commandement est vite remarqué et plusieurs aides internationales, notamment celle des anglais, sont offertes ce que la Russie ne cesse de refuser, finissant par laisser mourir les survivants après de longs jours d’espoir…

Pour qui est un peu familier du sujet, passé au crible dans un excellent documentaire de Jean-Michel Carré intitulé Koursk, un sous-marin en eaux troubles, le suspense n’est donc guère de mise et le film se doit alors de briller dans sa foule de détails. Globalement, le récit s’attache à nous faire suivre trois personnages. Mikhaïl, le commandant du Koursk (Matthias Schoenaerts, retrouvant Vinterberg après Loin de la foule déchaînée) qui tente de rassurer son équipage, sa femme Tanya (Léa Seydoux) restée sur la Terre, inquiète et indignée de la lenteur des décisions russes ainsi que David Russell (Colin Firth), officier de la Royal Navy comprenant rapidement la situation tout en étant impuissant. Mais sur ces trois personnages, seul Mikhaïl intéresse vraiment car étant au cœur de la situation. C’est au sein du Koursk que Vinterberg est d’ailleurs le plus à l’aise, ménageant quelques scènes tendues, notamment une longue séquence d’apnée particulièrement prenante.

Pour ce qui est du restant du récit, on a la fâcheuse impression que le film reste en surface des choses. Certes, il dénonce l’ingérence totale de la Russie dans cette affaire (ici représentée par le personnage de Max Von Sydow), le pays étant incapable d’accepter rapidement une aide internationale indispensable, préférant réessayer le sauvetage une fois toutes les douze heures avec leur matériel daté. Mais au-delà de ça, Kursk ne brasse que des ficelles narratives classiques, le tout réalisé sans grand génie. A vrai dire, de ce scénario truffé de poncifs hollywoodiens (le courage des hommes, la solidarité de l’équipage, la femme enceinte bravant les autorités en pleurant, l’héritage du père laissé à son fils), on attendait de Vinterberg un peu de dynamitage dans la mise en scène. Il n’en est rien, le réalisateur jouant avec les formats d’image sans jamais vraiment parvenir à accrocher le spectateur au cœur de son récit. Reste alors Schoenaerts, monstre de charisme, pour tenir une partie du film mais c’est bien trop peu pour crier à la réussite de cette œuvre lisse dont on espérait beaucoup plus.

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