Futur Immédiat, Los Angeles 1991: C’est comme Bright, avec des aliens

À l’occasion de sa sortie assez inattendue en Blu-Ray chez Carlotta Films depuis le 26 septembre dernier, nous allons nous pencher sur un film passé relativement inaperçu, mais qui ne manque pas de qualités, Futur Immédiat, Los Angeles 1991 ou Alien Nation dans sa version originale – oui, on a été le chercher assez loin ce titre – sorti en 1988. Réalisé par Graham Baker, qui réalisera plus tard le Beowulf de 1999 avec Christophe Lambert, et scénarisé par Rockne S. O’Bannon, un habitué de la science-fiction puisqu’il avait déjà travaillé sur la série La Cinquième Dimension (V.O. : The Twilight Zone) et qu’il travaillera plus tard sur les séries Farscape (1999-2004), V (la série de 2009) ou encore Cult (2013). Il semblerait que la version du scénario de octobre 1987 crédite James Cameron à une ré-écriture du scénario. Cependant, il ne sera pas crédité au générique de la version finale du film. Difficile de savoir la proportion de créativité de James Cameron apportée au film donc et ça reste étrange d’éloigner un James Cameron encore encensé des succès respectifs de Terminator en 1984 et de Aliens : le retour en 1986. Tout comme il est étrange de voir une composition de Jerry Goldsmith écartée du projet au profit de celle de Curt Sobel, qui bien qu’étant très prolifique en monteur musical ou consultant sur quantités de projets ne signe ici que sa deuxième composition officielle.

Le film sera plus tard adaptée en série et téléfilms avec à leur tête Kenneth Johnson connu pour être le créateur de la franchise V, Super Jaimie (spin-off de l’Homme qui valait trois milliards) ou l’Incroyable Hulk (avec Lou Ferrigno). On le connaît aussi pour être le réalisateur et scénariste du film Steel avec Shaquille O’Neal.

Mais avant tout ça, quelle est l’histoire de Futur Immédiat, Los Angeles 1991 ?
Nous sommes dans le futur du passé. Un vaisseau extra-terrestre rempli de 250 000 individus d’une race d’aliens spécialement conçu pour l’esclavage s’écrase sur Terre, enfin aux États-Unis. Ils seront appelés Newcomers, les Arrivants. Après avoir passé des années en quarantaine, ils sont faits citoyens américains et libres d’aller et venir. Mais ils sont évidemment discriminés parce qu’on peut être sûr que leur simple existence a fait en sorte que l’américain moyen devienne beaucoup moins raciste envers les noirs américains et les latinos. Dans ce contexte, Sam (Samuel) Francisco – parce qu’au bout de 200 000 nouveaux noms à trouver, on cherche plus – devient le premier inspecteur de police de son espèce. Il fera équipe avec le sergent Matthew Sykes incarné par James Caan (Le Parrain, Rollerball). L’extra-terrestre incarné par Mandy Patinkin, qui encore un an avant se nommait Inigo Montoya dans le film Princess Bride, sera surnommé George durant tout le film par son partenaire. Il était prévu que l’extra-terrestre se nomme George Jetson en référence au dessin-animé des Jetsons mais ça n’a pas pu aboutir car les ayants droits de la série s’y sont opposés. Ensemble, ils devront démêler une terrible affaire qui pourrait détruire l’équilibre déjà fragile entre les Arrivants et les autres américains.

Futur Immédiat, Los Angeles 1991 reprend le principe des buddy movies policiers pour nous le transposer avec un extra-terrestre et un humain. Mais l’univers de science-fiction noir est dépeint de manière très précise et réaliste dès le début du film. Comment ça ? En traitant les extra-terrestres non pas comme des aliens, mais simplement comme une nouvelle minorité au sein des États-Unis. Et même, comme la seule et unique minorité au sein des États-Unis. L’Homme cessera d’être raciste envers les autres êtres humains quand il pourra mieux discriminer des migrants extraterrestres. Le film s’axe principalement sur sa nature policière et ne se sert de sa part de science-fiction que comme métaphore de notre monde pour mettre d’autant mieux en lumière les propos du film sur le racisme. Notamment dans la scène pivot qui passe Sam « George » Francisco et Matt Sykes de collègues à partenaires, sur la morale que l’humain s’impose à lui-même et le rapport de l’humanité à l’esclavage. Et il faut aussi avouer qu’étant donné le propos du film, c’est plus acceptable de mettre une communauté d’extra-terrestres plutôt qu’une communauté de noirs américains.

On sent tout de même une certaine influence de L’Arme Fatale, ce dernier étant sorti en salle 6 mois avant le début du tournage de Futur Immédiat. Le simple fait d’avoir un buddy movie policier tend vers cette idée. Le film n’en garde pas moins son identité pour autant, profitant de son postulat de divertissement pour caser au passage une critique assez lucide de la société américaine à qui on n’enlèvera jamais vraiment le racisme. Dans le même genre, on retrouve chez ce film des années 80 beaucoup de ressemblance avec le Bright de Netflix. Ce qui a suscité beaucoup de critique à ce sujet outre-atlantique.

La réalisation est correcte bien que trop sobre pour un film avec des extra-terrestres au cœur de celui-ci. Sans s’attendre à du burlesque, à tellement axer sur l’intégration des Arrivants, rien ne sort de l’ordinaire et le design épuré des costumes et maquillages permettent malgré tout de bien distinguer les expressions faciales des acteurs. En première ligne, Mandy Patinkin (Les premières saisons d’Esprits Criminels) qui donne le meilleur de lui-même malgré les costumes ou Terence Stamp parfait en intimidant « arrivant » qui soulève nombres de questions comme par exemple : Comment un arrivant peut s’élever aussi rapidement dans les hautes sphères de la société ? Mais ils se retrouvent face à un James Caan au jeu détaché qui était visiblement sur le plateau pour honorer ses engagements comme il le confiera en interview avec le AV Club en 2013. Ce qui est malheureux, le film reposant en très grande partie sur lui.

Futur Immédiat, Los Angeles 1991 est un film parfaitement ancré dans son époque. C’est d’autant plus évident de part son ambiance qui suinte le film policier des années 80. Malgré tout, il reste un film intéressant à découvrir pour son approche des thèmes de l’intégration dans les films de science-fiction fondu dans un genre totalement différent. Et même si James Caan n’est pas au meilleur de sa forme, Mandy Patinkin quant à lui s’amuse dans son rôle et causera des fous rires dans les rares moments de comédie du film. Futur Immédiat Los Angeles 1991 est un film méconnu en France, il est donc bon de saluer le pari éditorial de Carlotta de le proposer dans les meilleures conditions possible. Aux États-Unis, il en est autre chose, le long-métrage bénéficiant d’une fan-base solide.

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