Édito – Semaine 44

C’est les vacances, mais ne nous reposons point sur nos lauriers. Pas le temps chez Close-Up de partir en vacances, surtout en cette Toussaint humide et froide. Autant bien rester au chaud au bureau, établir les plannings, écrire les critiques en retard et prévoir les dossiers et autres émissions podcast. Du travail, il y en a à la pelle à notre grand dépit, pour notre grand plaisir.

Mais cette semaine, rien ne nous a empêchés de profiter d’une après-midi spéciale Halloween. Avant de dévorer des bonbons et cultiver nos caries, nous avons pris le temps de nous faire plaisir avec une après-midi projections avec les Halloween 1978/2018. Les deux projections se calées parfaitement à notre emploi du temps et quel bonheur  !
Merci Splendor Films pour la possibilité de redécouvrir une énième fois ce bijou de l’horreur dans les meilleures conditions possible. La copie est sublime et le plaisir intact. On ne peut tout de même s’empêcher de relever les erreurs techniques et incongruités du film grâce/à cause du grand écran, mais surtout du recul d’aujourd’hui. Mais courez vite à la Filmothèque découvrir ce chef-d’œuvre du slasher qui ouvrira grandes les portes d’un genre qui pullulera de propositions dans les années 80, suite au succès retentissant de cet Halloween signé John Carpenter.

Ne boudons pas notre plaisir aussi à dire du bien du nouvel opus de la saga, le Halloween signé par David Gordon Green. Suite directe oubliant volontairement les dérivées tout aussi officielles, Laurie Strode n’étant plus la sœur de Michael Myers, mais une victime traumatisée dont Jamie Lee Curtis reprend le rôle. Elle l’avait déjà repris pour le 20e anniversaire avec H20 sous la houlette de Steve Miner, mais là la temporalité distordue des possibilités du cinéma fait qu’elle peut ressusciter à volonté. Un retour vers le futur à 80 miles à l’heure.

Bref, cet Halloween version 2018 est enthousiasmant à plein d’égards. Il est enthousiasmant surtout par le fait d’avoir enfin une proposition de cinéma au sein même de la saga et des codes inhérents au premier film de John Carpenter. David Gordon Green signe un slasher reprenant une trame basique dans sa première partie pour mieux ficeler un film original dans son dernier tiers. Michael Myers est de nouveau un croquemitaine violent et froid qui revient à Haddonfield pour passer de maison en maison tuant encore et encore. The Shape est une ombre qui vous prend par surprise, un prédateur chassant par plaisir.
De plaisir, ce dernier film en donne beaucoup. Il est une proposition de cinéma réjouissante, car David Gordon Green fait sien ce film hommage à John Carpenter à qui il donne du corps. Halloween est un slasher qui assume d’écrire de véritables personnages et de foncer sur les codes inhérents au genre. Le réalisateur donne de la matière à jouer à ses comédiens au cœur d’un triangle familial intéressant. Mais surtout le film bifurque brutalement dans son dernier tiers à une chasse chaotique et terrifiante dans le noir d’une bicoque ultra-sécuritaire. Un véritable fort pris d’assaut par un croquemitaine pris au piège, un prédateur devenu proie après un siège d’une terrible efficacité. Au cœur du slasher, David Gordon Green convoque le western et le grand cinéma hollywoodien d’antan. Il signe en grosses lettres son amour pour le cinéma d’Howard Hawks rejoignant au passage John Carpenter pour ce grand amour de cinéma. Carpenter et Green étaient alors faits pour se rencontrer et collaborer sur la même matière de travail. Comme une évidence donc que David Gordon Green met en scène une suite d’Halloween un jour avec la liberté nécessaire et la malice d’un Jason Blum à la production.
On s’insurge beaucoup trop souvent sur les remakes/reboot/suite par centaines pour ne pas, pour une fois, s’enthousiasmer sur une proposition enivrante de ce système hollywoodien cynique. Quand celui-ci se fait prendre à son propre jeu pour produire une œuvre opportuniste, mais totalement personnelle, ne boudons pas notre plaisir et nous vous invitons sincèrement à découvrir le film. Halloween 2018 est du calibre des propositions de refontes totales à l’image du Scarface de Brian De Palma ou de The Thing de John Carpenter au début des années 80. Mais le film va-t-il être une proposition esseulée ou ouvrir une perspective pour une nouvelle ère du néo-slasher, voire de remake cynique et idiot  ? Nous ne le saurons que bien trop rapidement.

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