Le Grand Bal : La valse du partage et de la passion.

C’est l’histoire d’un bal. D’un grand bal. Chaque été, plus de deux mille personnes affluent de toute l’Europe dans un coin de campagne française. Pendant 7 jours et 8 nuits, ils dansent encore et encore, perdent la notion du temps, bravent leurs fatigues et leurs corps. Ça tourne, ça rit, ça virevolte, ça pleure, ça chante. Et la vie pulse.

Que l’on aime ou non la danse, il est toujours intéressant de se confronter aux multiples univers que la culture nous présente. Il est surtout du savoir pédagogique de l’instigateur à nous intéresser à son sujet, ici la passion de la danse.
La danse que se partagent près de deux mille personnes chaque été dans l’Allier pour Le Grand Bal de l’Europe. Nous pénétrons cet univers tourbillonnant, une fête comme un moment de folie où les gens sourient avec un bonheur communicatif. Mais nous restons en dehors, comme de véritables spectateurs face à ce grand événement, comme vécu de loin. Il n’y a pas un élément décisif qui nous permet de nous détendre pour savourer cet univers particulier. Nous restons malheureusement en périphérie pendant presque 40 minutes. Nous assistons à ce Grand Bal, mais nous ne partageons rien. Rien n’est palpable pendant une grande partie du film. 

Puis il y a l’étincelle avec la rencontre des jeunes festivaliers sous leur tente. L’étincelle nous permettant de mettre des mots et de trouver le sens du film. 45 minutes après avoir fait le tour, d’avoir virevolté sans rien ressentir, nous comprenons le sens du film. Le partage de ce bien-être, cette sensation de liberté par les mouvements et le tempo des multiples danses pratiquées. Une extase, comme une drogue, partagée avec son partenaire, à l’image de ses deux jeunes femmes qui s’embrassent et se serrent, car elles se sont trouvées dans la danse. Elles se suivent instinctivement, ne se guident plus, mais se comprennent et s’entraînent dans ses mouvements de vie, dans ce tourbillon de folie. La danse enchante ses passionnés jusqu’aux bouts des nuits, les bœufs, comme un after de bon matin pour continuer encore et encore de danser. 

Le Grand Bal essaye d’imprimer cette passion, ce besoin de liberté et d’extase par la danse. Avec parcimonie, Laetitia Carton nous présente les lieux, mais peu les personnes qui partagent ce moment. La danse transporte le film, mais pas l’humain. Le film manque d’humanité, à défaut des corps qui s’échinent à user le parquet des 7/8 chapiteaux montés pour l’occasion. Le film se ressent alors à destination d’une niche, d’initiés et de passionnés qui comprendront la matière même du film pour l’avoir vécu à maintes reprises. Pour notre part, on prend note, on savoure un peu puis se lasse en dépit de la musique entraînante. L’intention est bonne de la part de Laetitia Carton de souhaiter proposer un tel documentaire servant le penchant sociologique de la danse. Dans le même temps, le film démontre que la société, dans les rapports en chacun, n’est jamais loin. Ceux qui refusent par dédain de danser avec des amateurs, qui sont ensuite rejetés sur les bords de pistes, faute de maîtrise globale. Alors ils repartent plus tôt en rendant leurs passes avec dégoût. Il faut s’accrocher, s’entraîner et revenir. Le festival propose en permanence un entraînement, des formations la journée pour mieux danser le soir. Là est le but de l’événement, de transmettre et partager. 

Mais Laetitia Carton ne réussit pas cette transmission à destination du spectateur. Le documentaire va un peu partout et nulle part. Il ne se fixe jamais pour permettre de créer l’empathie. On comprend le sens du film au détour d’un passage, mais nous ne pénétrons jamais amplement l’entièreté du film. Surtout qu’il faut apprivoiser le film et son sujet, son décor et sa personnalité. En à peine 1h28, c’est beaucoup.

 

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