Halloween : Michael Myers revient, et il n’est pas content.

Alors que Upgrade est tout juste dans les salles, confirmant Jason Blum comme le producteur star actuel que rien n’arrête, le retour d’une franchise immortelle du cinéma d’épouvante est sur le point de débarquer dans nos belles salles, sous son égide, preuve que rien n’échappe à son radar, et que au-delà des nouvelles franchises très lucratives ayant émergé par ses bons soins, rien ne vaut les bons vieux fondamentaux, histoire de rappeler à tout le monde que les légendes ne meurent jamais. Malgré des décennies de suites plus ou moins inspirées, et après le diptyque radical et diversement apprécié de Rob Zombie, il était donc temps de sortir ce bon vieux Michael Myers du placard où il végétait, et de redonner enfin aux fans ce qu’ils attendaient, à savoir un bon vieux slasher des familles, où notre boogeyman préféré revient pour faire ce qu’il sait faire le mieux, à savoir tuer tous les jeunes (ou pas) cons ayant le malheur de passer à sa portée. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’après 40 ans à végéter dans son hôpital psychiatrique, le bougre est un peu énervé et ne va pas faire dans le social ! C’est qu’il a du temps à rattraper, et ses victimes vont plutôt prendre cher, c’est le moins qu’on puisse dire ! Quant à savoir si les instigateurs de cette  vraie suite du classique de Carpenter ont réussi leur pari, il faudra lire les lignes qui suivent …

40 ans ont passé depuis la nuit tragique du 31 octobre 1978, où Michael Myers avait fait un carnage dans l’entourage de la jeune Laurie Strode. Depuis, cette dernière vit dans la peur, et dans le souvenir de l’échec de plusieurs mariages. Sa fille entretient des rapports conflictuels avec elle, lui reprochant son enfance gâchée par une éducation proche du survivalisme ! Laurie vit donc dans l’angoisse de voir Michael Myers s’échapper de son hôpital psychiatrique pour en finir avec elle, et vit dans une maison-forteresse, s’entraînant physiquement pour être prête à affronter ce dernier au cas où ses peurs s’avèreraient fondées. C’est ainsi que ce bon vieux Mickey, à l’occasion d’un transfert, décide naturellement de s’aérer un peu et de retourner dans cette bonne vieille ville d’Haddonfield, prêt à en découdre et à massacrer tout ce qui a l’outrecuidance de se placer sur son chemin ! La petite fille de Laurie et ses amis feront partie de ses cibles privilégiées, et comme on peut s’en douter, peu en réchapperont.

En faisant le pari d’effacer absolument toutes les suites du film séminal de Maître Carpenter, les auteurs de cette véritable suite, fonctionnant donc comme un diptyque avec la nuit des masques, souhaitent ouvertement faire un cadeau aux fans de la première heure, un peu blasés par les diverses mythologies mises en place au fil des films et qui auront parfois un peu abîmé l’aura de Michael Myers. Parce que les sectes contrôlant l’esprit de ce dernier, c’est bien joli, mais c’est quand même très con. En oubliant même le deuxième film réalisé par Rick Rosenthal qui était une suite directe du précédent, ainsi que le H20 de 1998, qui déjà à l’époque, faisait déjà le pari d’oublier des années de suite pour remettre sur le devant de la scène, en une ère de néo-slashers à destination de la nouvelle génération, une Laurie Strode quadragénaire et psychotique, donc loin des jeunes têtes à claques hantant la majorité des films du genre de la fin des 90’s. Les scénaristes du film présent souhaitent clairement retrouver de cette « magie » propre au slasher movie old school, débarrassés du cynisme ambiant, où seules comptent les bonnes vieilles bases du genre, à savoir un tueur mythique que l’on a évidemment plaisir à retrouver sur un écran de cinéma, de jeunes victimes, et des meurtres violents. La base, et ce que l’on attend de pareil film. L’excitation était donc de mise, surtout avec le retour de Jamie Lee, et un cinéaste plutôt prestigieux à la barre, à savoir David Gordon Green, auteur du magnifique Joe entre autres, qui se permettait le luxe d’offrir un rôle classe à un Nicolas Cage qui en avait bien besoin. Un cinéaste que l’on n’attendait donc pas forcément à la direction d’un projet pareil, mais qui avait tout pour instiller un peu d’âme à un genre toujours sympathique mais en roue libre. Si on ajoute à cela le fait que le film compte parmi ses scénaristes le comédien Danny McBride, qui connaît bien le réalisateur, l’équation avait vraiment de quoi faire de l’œil aux cinéphiles.

Mais alors, que vaut concrètement ce nouvel épisode ? Pour peu que l’on mette de côté ses attentes démesurées, le résultat a largement de quoi contenter le fana du genre, dépité par des propositions à côté de la plaque comme le navrant Happy Birthdead ! Ici, les bases sont donc respectées, avec cette mise en scène plutôt élégante que l’on attendait du cinéaste. Pour les bons points, la violence est véritablement de mise, au-delà des espérances. Pas d’aseptisation, finis les slashers adolescents aux meurtres hors champ ou aux timides effusions de sang, ici, la bestialité est bien présente, évoquant pour notre plus grand plaisir la fureur de Rob Zombie. Michael est carrément vénère, et ses victimes ne sont clairement pas là pour passer un bon quart d’heure. Notons une superbe scène dans les toilettes d’une station service, à la mise en scène et au montage savants, qui laisse véritablement espérer le meilleur pour la suite. Pourtant, il faudra vite s’y résoudre, même si le film n’aura rien de catastrophique et aura largement de quoi nous faire passer un moment plaisant, les scénaristes ne se sont clairement pas foulés. Car malgré quelques beaux moments vraiment inspirés disséminés ici et là dans le film, dont un plan séquence ayant parfaitement retenu la leçon de John Carpenter, à savoir un format scope utilisé dans toute sa profondeur de champ, le spectateur se retrouvant à scruter chaque coin de l’écran géant du Grand Rex où nous avons eu la chance de voir le film en avant première, pour se conclure en un meurtre ultra graphique du plus bel effet ; il n’y aura pas beaucoup d’autres fulgurances à se mettre sous la dent. Certes, il y a un vrai souci du travail  bien fait et de donner au spectateur ce pour quoi il s’est déplacé, et en ces temps d’horreur mainstream désespérante de platitude et de racolage à l’attention du jeune public, cela peut suffire à notre bonheur. Mais pour qui attendait comme le Messie ce grand retour de cette franchise mythique, avec des auteurs inattendus à la confection, une telle paresse a quand même de quoi laisser perplexe. Car il faut se rendre à l’évidence, malgré la nostalgie qui nous tenaille, jamais le scénario ne prendra la peine de nous réserver la moindre surprise, hormis un twist en milieu de film semblant un peu à la ramasse et n’apportant strictement rien à l’intrigue générale. Le film déroule donc mécaniquement les rebondissements attendus, et le tout finit par s’enchaîner un peu mollement, entraînant une certaine lassitude, surtout lors du climax tirant clairement à la ligne. Le fameux affrontement attendu entre Laurie et Michael fera donc un peu l’effet d’un pétard mouillé, jusqu’à cette dernière scène un peu trop abrupte, alors qu’on en attendait forcément un peu plus. Autre motif de déception, le traitement de l’aspect familial du script, le personnage de la petite fille de Laurie ressortant clairement comme la principale victime de ces soucis de scénario. On a du mal à s’attacher à cette dernière et leurs rapports sont mal définis. C’est ainsi que le personnage est carrément laissé de côté dans le dernier acte, celle-ci se retrouvant filmée en montage parallèle en train de courir dans une forêt pendant que l’on suit à côté le reste de la famille dans la maison. Petit problème, Michael est à l’intérieur de cette maison, donc on sait que la jeune femme n’est pas poursuivie et ne cours aucun danger de son côté. Ces scènes semblent donc écrites à la va-vite, comme plaquées là histoire de faire bonne figure, tant on ne savait pas comment impliquer cette dernière dans l’intrigue. Dommage, il y avait sûrement mieux à faire de ce côté. On se consolera donc avec les plans iconiques sur Michael et Laurie (dont le lien familial a été effacé, comme le souligne un dialogue malicieux de Jamie Lee Curtis), et des meurtres ou poursuites assurant les transitions comme il se doit, même si là encore, le pompage de certaines scènes mythiques du premier film, voir de H20 (un comble), sont à noter.

Quoi qu’il en soit, espérons que le film fonctionnera auprès du jeune public actuel, car malgré son aspect inabouti et un peu frustrant, il ravive des sensations perdues et fort agréables auprès des spectateurs ayant grandi avec ce genre de films, et laisse espérer un revival du genre sur grand écran. Si le film pouvait au moins servir à ça, on pourrait affirmer qu’il n’aura pas été fait totalement en vain.