The Predator : Un film qui n’a pas une gueule de porte-bonheur.

Cet automne s’annonçait palpitant avec les sorties presque simultanées de Venom avec Tom Hardy et de The Predator, 4e opus de la saga, sous la houlette de Shane Black. Mais, car il doit toujours y avoir un «mais». Pourquoi donc ce «mais» qui a fait défaut à la Justice League, ce «mais» qui se transforme en «maux», parce qu’il n’y a pas qu’un seul mal dans ce nouveau chapitre consacré à l’un des plus intéressants extra-terrestres du cinéma.
Il ne l’est plus trop justement intéressant ce prédateur extra-terrestre, après s’être dévoilé fugacement dans les trois premiers films. La découverte de l’animal, puis de sa tribu et enfin sa planète, avec entre-temps deux petits combats face aux Xénomorphes dont nous ne parlerons point ici.

Le Predator qui a combattu Schwarzenegger, puis Danny Glover et ensuite Adrien Brody pour mieux se préparer à se défendre ici face à son semblable. Shane Black, apparu dans le rôle d’Hawkins dans le premier film, tout en redessinant le scénario sur le plateau pour McTiernan, reprend les rênes de la saga pour la refaçonner, ou disons plutôt pour mieux l’exploser.
La saga Predator explose littéralement avec ce 4e et n’importe nawak épisode comme une douche froide laissant une salle comble totalement frigide. Rares sont les moments où l’on sent la salle soupirer face à tant de bêtises, recluse sur elle-même pour mieux se défendre contre cette immondice produite pour on ne sait quelle raison.
Pourquoi ce résultat ? Aidé par son frère d’armes, Fred Dekker (Robocop 3, Monster Squad), Shane Black détriture le Predator l’opposant face à un spécimen bigger & louder créé pour mieux régner. Tout commence par une course-poursuite spatio-temporelle et un crash en pleine jungle mexicaine lors d’un deal entre cartels. Premier point pas forcément clair, les enjeux n’étant pas nettement posés, The Predator débutant tel un deuxième acte brusque sans la moindre connaissance des personnages. On ne sait pas où donner de la tête, le Predator attaque ou se défend pour finalement perdre son attirail. Qui est le héros interprété par Boyd Holbrook, vu récemment dans Logan, qui se retrouve en cavale en moins de deux pour poster via Chronopost un équipement extra-terrestre à destination de son fils autiste ?
Le premier quart d’heure crée un surmenage quand les enjeux ne sont toujours pas clairement établis. On se retrouve dans un laboratoire avec une scientifique qui promenait son chien, puis dans un bus avec un rappeur, un comique et un mec atteint de la maladie Gilles de la Tourette. Mais où sommes-nous !??

Nous retrouvons calmement le Predator du Mexique qui se réveille pile-poil quand son examen va débuter, puis tout repart en vrille… Pendant ce temps, dans sa cave, entre deux coloriages, le gamin autiste réussit à décrypter le langage du Predator, car finalement l’autisme est l’étape supérieure de l’être humain et/ou le Predator est un extra-terrestre autiste ?
The Predator est un amoncellement de conneries que nous peinons à regarder tant le souvenir de Iron Man 3 ou de The Nice Guys est prégnant dans nos mémoires. Comment se dire que Shane Black est derrière cette production brinquebalante essayant à tout point de vue de tuer tous les codes d’une saga culte. Ce ne sera pas l’humour ou le gore qui sauveront les choses, notamment un scénario tricotant tout le long-métrage pour se sortir du grand-guignolesque amorcé. On se pose la question à savoir si Shane Black aime son monstre, ou alors ce qu’il est devenu via les deux suites produites en 1992 et 2010. Pourtant ces deux films réalisés par Stephen Hopkins et Nimrod Antal ont entretenu avec savoir-faire la mythologie du Predator. Ce que s’amuse à détruire un Shane Black en roue libre. Les personnages passent leur temps à expliquer que le monstre n’est pas un prédateur, mais un chasseur, référence au titre des premières montures du film originel de 1987, qui n’avait pas dû plaire à l’époque à Shane Black. Le réalisateur et scénariste s’amuse donc pendant 1h49 à casser l’image d’un monstre culte du cinéma en le ridiculisant en permanence, pire, le Predator ne sera jamais iconisé à sa juste valeur. The Predator tourne à vide ne racontant rien de bien concret, outre un enchaînement de blagues potaches et des péripéties qui s’emmêlent sans que le spectateur ne sache pourquoi. 

Pour être clair, Shane Black ne sait pas quoi faire de ce film. Le réalisateur enchaîne les facilités pour se sortir d’affaire, quand il réécrit à sa guise tout le dernier acte sans que cela n’apporte la moindre amélioration, pire ce final ne sert strictement à rien. Cette conclusion grotesque qui laisse basculer vilement la saga Predator en un épisode de Power Rangers d’une nanardise sans faille avec les applaudissements de tous. Gloire à Shane Black qui coule une saga mythique avec des artifices ridicules que même Joel Silver et Steven E. De Souza ne se serait pas permis il y a 30ans. The Predator s’approche en cela d’un Street Fighter de triste mémoire, même Paul W.S Anderson a réussi mieux avec les Alien Vs Predator. 

Certes, The Predator est un produit gourmand et diablement sucré. Mais le bonbon vire rapidement au rance. The Predator est clairement le pire film de cette année 2018. Une production bâclée dépouillée de tout le sel d’une saga culte n’ayant exploité qu’un quart de son potentiel. Tout restait encore à faire et nous avions confiance en Shane Black. Mais le célèbre scénariste de la série Lethal Weapon au cinéma trahit le fan et le spectateur avec ce produit saboté de toute part. Un gâchis énorme, une déception monumentale, on dirait même plus : un foutage de gueule dans la pure règle de l’art.

2 Rétroliens / Pings

  1. Édito – Semaine 42 -
  2. Édito - Semaine 43 -

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