Upgrade : Le plaisir simple d’une série B à l’ancienne

S’il y a bien une chose que l’on peut reconnaître aux Américains, c’est leur facilité pour créer des méthodes de production pouvant paraître évidentes sur le papier, mais qui n’en sont pas moins d’une efficacité sans pareille entre leurs mains expertes. Prenez  le producteur star du moment, Jason Blum ! Lorsqu’il achetait les droits du premier Paranormal Activity, tout le monde ricanait doucement face à la promotion outrancière adoptée, à base d’images de spectateurs soi disant effrayés lors des avant premières ! Et pourtant, force est de constater que malgré le minimalisme du concept, la franchise a su rapporter des pépètes, et pas qu’un peu ! Depuis, le wonderboy a accumulé les succès surprises, et parfois même critiques, comme avec le récent Get out qui est allé jusqu’aux Oscars ! Il faut dire qu’avec des budgets dépassant rarement les 5 millions de dollars, difficile de ne pas rentrer dans ses frais au final, et dans la plupart des cas, de les dépasser amplement en bénéfices ! Le film qui nous intéresse ici sort agréablement des sentiers battus, en tout cas, de ce qui se fait actuellement dans le genre mainstream inondant les écrans ! Pas de poupées hantées, de nonnes maléfiques ou de possessions par le Malin ici, mais un concept digne des séries B de Science Fiction qui pullulaient à une époque, pure promesse de plaisir simple et à peine coupable.

Voyant son épouse assassinée sous ses yeux lors d’une très violente agression, Grey Trace s’en sort paralysé physiquement et traumatisé psychiquement ! Approché par un inventeur milliardaire qui lui propose de l’upgrader, à savoir lui implanter une intelligence artificielle guidant ses mouvements et lui donnant une force décuplée, il va tout naturellement se lancer à la poursuite des pourritures lui ayant ravi l’Amour de sa vie …

Vous l’aurez compris, le pitch de base pioche dans plusieurs valeurs sûres afin d’offrir le spectacle le plus pur au spectateur à la recherche de plaisirs devenus de plus en plus rares au cinéma. Prenez donc un point de départ qui ne déparerait pas dans un bon vieux vigilante avec Charles Bronson, saupoudrez-le d’un argument science fictionnel  déjà abordé par les plus grands, le tout dans un univers ultra stylisé flattant la rétine à chaque instant, et vous aurez la parfaite recette pour passer un bon moment, sans se prendre la tête. La première surprise vient clairement du cinéaste à la barre, que l’on n’attendait clairement pas sur pareil projet. En effet, Leigh Whannell s’est fait tout d’abord connaître comme co-scénariste et acteur du premier Saw de son ami James Wan. En tant que réalisateur, il avait signé le totalement insipide Insidious 3, énième suite inutile d’un premier film pourtant prometteur dans son univers, déjà signé James Wan, et qui méritait bien mieux que ce genre de produit sans âme, certes propre dans sa réalisation, mais sans aucune surprise, et, pire, sans le moindre rythme ou début de frissons ! Bref, pour un premier film, on ne peut clairement pas dire qu’il s’agissait de l’avènement d’un grand cinéaste. Puis vint le film présent ! On ne va pas aller jusqu’à parler de film évènement, ou de modèle du genre, ce serait clairement exagérer. Les thématiques ont déjà été abordées par moult films de SF hardcore, et on ne vous fera pas l’affront de vous les citer, vous connaissez vos classiques comme nous ! Si l’esthétisme vraiment soigné peut carrément évoquer le Hardware de Richard Stanley, on n’ira pas jusqu’à dire qu’il arrive ne serait-ce qu’à en égaler la folie furieuse. La meilleure chose à faire pour se mettre dans les meilleures conditions de visionnage possibles, c’est de ne pas arriver avec de glorieuses références à l’esprit, et de tout simplement se laisser aller au plaisir simple, devenu si rare, de se poser dans un fauteuil de cinéma, et non pas dans son canapé, pour se faire un bon bis énervé et décomplexé, aux excès de violence purement jouissifs, et surtout aux prouesses de mise en scène qui font croire à un plus gros budget que ce qu’a dû réellement coûter le film. Si le résultat n’a rien de novateur dans le développement de son concept, s’avérant même franchement neuneu à certains moments, il parvient à se faire pardonner son manque d’audace thématique par des idées de cinéma que l’on peut qualifier sans risque d’inédites. Lorsque le héros se bat, et que l’IA prend le dessus sur ses facultés humaines, la caméra se met au diapason des mouvements robotiques de celui-ci, et donne l’impression d’être la machine elle-même ! On a donc droit à des mouvements acrobatiques que l’on n’avait jamais vus avant, et pour les personnes attentives aux prouesses de mise en scène, le résultat est un régal formel, entre sa photo très colorée, et ces instants de pure folie cinétique qui font se redresser sur son siège, et nous collent un bon sourire de contentement.

Bref, difficile de s’étendre sur une œuvre qui ne prétend pas nous offrir plus que ce qu’il y a à l’écran, et dont le manque de finesse ou de profondeur est largement compensé par une générosité de chaque instant, et une absence globale de prétentions qui permet de tout simplement apprécier le spectacle. Il est devenu si rare d’avoir l’opportunité de voir un vrai divertissement adulte, qui soit une véritable alternative populaire aux nanars friqués n’ayant plus rien à nous offrir depuis belle lurette, qu’il serait franchement dommage de bouder son plaisir. Il faut donc faire fi des limites scénaristiques, et à ce titre, le dernier acte est tout de même assez paresseux, même si on pourra aisément se rattraper sur une ultime pirouette plutôt réjouissante dans son absence de morale, mais chut, n’en disons pas plus. Il ne vous reste qu’à aller vérifier sur place, ce genre de proposition ayant clairement besoin d’être défendue en salles, pour que l’on puisse espérer d’autres sorties du genre à l’avenir, peut-être plus abouties dans le fond.

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