De l’écrit à l’écran 2018 : Une 7e édition pleine de charme et de découvertes !

Avant de poser notre valise sur le quai de la gare de Montélimar ce jeudi matin du 20 septembre, nous ne connaissions rien ou presque de Montélimar, mais surtout de son festival, De l’écrit à l’écran. En 2018, le festival en est à sa 7e édition, un événement pour les cinéphiles de la région.
De l’écrit à l’écran, de cette page blanche jusqu’à ce que la lumière s’éteigne sur ce grand écran blanc pour que débute le film. Là est la nature même de ce festival reculé dans le sud de la France, un hymne au cinéma, à cet outil incroyable, cette matière fabuleuse partant des mots sur une copie blanche pour s’animer, se livrer devant nous en avant-première.

Ce festival est une opportunité pour découvrir des films, faire le rattrapage de certaines raretés ou mieux encore, de rencontrer les professionnels du cinéma. On déplorera alors que la ville ne s’illumine pas aux couleurs du Festival, ne prenne pas part aux festivités, que finalement le festival se déroule au cœur même de son cocon bien doux dans les hauteurs de Montélimar.

Notre festival débute de but en blanc, les valises à peine posées, que nous voilà déjà dans une salle de cinéma. L’accréditation retirée avec les petits goodies partenaires qui vont nous accompagner pendant 5 jours. Le tote bag est au poil de la moustache qui l’orne, celle de Jean Rochefort qui nous dit « Pour moi, me raser ma moustache, revient à enlever mon slip ».
En 2018, le festival rendait hommage à ce grand homme, cet immense acteur disparut l’année dernière. Pour accompagner cet hommage, Bertrand Tavernier est sur place, accompagné par Patrice Leconte, venus pour l’occasion animer des ateliers sur le cinéma.

Transit – Paula Beer – Franz Rogowski

Pour notre part, nous passerons outre tous les outils pédagogiques à destination du public, pour nous concentrer sur les avant-premières et quelques rattrapages.
Ce qu’il y a de bien avec ce festival, c’est sa capacité à donner une deuxième chance, Un Second Souffle, à certains films sortis en catimini, voire pas du tout en province. C’est alors que notre périple de 5 jours débute avec Transit de Christian Petzold. Le film est l’adaptation du roman éponyme de l’écrivaine Anna Seghers publié pour la première fois en 1944. Femme de lettres allemande juive et communiste, Anna Seghers est arrêtée puis relâchée par la Gestapo. Sous le régime nazi, ses livres sont interdits et brûlés. Elle fuit à Paris puis à Marseille et trouve refuge au Mexique avant de retourner à Berlin à la fin de la guerre. Ici, le réalisateur allemand le transpose dans un monde dystopique dont nous ne saurions rien, juste les Allemands qui sont persécutés au cœur de Marseille. Petzold inverse les rôles en mettant en scène des Allemands persécutés qui doivent fuir vers l’Amérique. Un film curieux, fuyant porté par d’incroyables acteurs, dont Franz Rogowski et la magnifique Paula Beer.

Heartstone – Un été Islandais

Nous enchaînons sur Heartstone – un été islandais, où dans un coin de la Finlande, l’apprentissage de jeunes adolescents au fur et à mesure de leurs tourments amoureux. Un film magnifique qui est totalement passé à travers lors de sa sortie le 27 décembre dernier. Le festival permet de (re)découvrir l’éclat d’un film poignant, mais surtout l’étalage du cinéma finlandais peinant à traverser les frontières. 

Dans cette même section, mais que nous n’avons pu voir, La révolution silencieuse, Lady Bird de Greta Gerwig ou L’homme qui défiait l’infini avec Jeremy Irons. On profitera de nos dernières heures sur le festival pour découvrir The Rider de Chloé Zhao. S’il peut laisser totalement froid certains spectateurs, il faut bien louer au film un portrait magnifique sur la position d’un homme en remise en question total, prêt à briser sa passion et son métier pour rester en vie. L’acceptation de l’être et de l’avoir en plein cœur d’une Amérique western pesante.
Puis, film italien captant le soleil pour refléter ses rayons sur les visages captivants d’un trio de femmes s’affrontant pour mieux trouver leurs places. Deux mères et une fille, entre devoir et acceptation. Ce dernier adjectif qui a défini en majeur partie cette sélection éclectique pour un vrai second souffle salvateur pour les spectateurs sur place. Une sublime intention de la part de l’événement. 

Figlia Mia de Laura Bispuri

Une autre proposition intelligente et pertinente, celle d’allez chercher des films actuellement en salles, pour animer, mais surtout leurs permettre une certaine visibilité. Aux grès de nos promenades au cœur de Montélimar, il est vrai que les deux films n’étaient point à l’affiche, pourtant leurs séances pour le festival ont fait salle comble. En premier, Climax de Gaspar Noé pour une séance à 22 heures. Le film divise, mais crée l’échange à la sortie de la salle entre spectateurs. Vous pouvez bien sûr retrouver notre critique du film sur le site.
Le second est Ma Fille de Naidra Ayadi avec Roschdy Zem en père blessé qui part sur Paris pour chercher sa fille disparue. L’acteur oscille entre force et pudeur pour une quête au cœur d’un Paris cannibale et sombre. Un film fort qui renvoie beaucoup à Taken pour l’atmosphère et l’intensité de ce père près à tout pour retrouver sa fille. 

Ma Fille avec Roschdy Zem

Il nous reste alors à aborder le plus gros morceau de ce festival, les avant-premières. Là nous prenons conscience du travail effectué par l’équipe du festival. Un travail somme permettant la découverte de certains longs-métrages bien en amont de leurs sorties. C’est le cas avec Mauvaises Herbes de Kheiron en salles en novembre, ou encore Une intime Conviction et Un Amour Impossible de Catherine Corsini. L’adaptation âpre du roman de Christine Angot où Virginie Efira interprète sa mère et Niels Schneider son père. Un film dur et malaisant, une belle découverte que vous retrouverez bientôt sur Close-Up Magazine ainsi que notre rencontre avec la réalisatrice du film pour un entretien exclusif. 

Silvio et les autres de Paolo Sorrentino

Plus proche de nous, Silvio et les autres de Paolo Sorrentino, une véritable déconvenue où l’auteur de La Grande Bellezza se répète, pire tourne en rond en souhaitant faire le portrait acide et mélancolique de Silvio Berlusconi. Le personnage sert surtout le merveilleux Toni Servillo au centre de ce tourbillon de musiques fourre-tout n’allant jamais bien loin. Une véritable déception.
Nous aurons une douce pensée pour le nouveau bijou de Mamoru Hosoda, Miraï ma petite sœur, dont vous pouvez d’ores et déjà retrouver notre avis sur le site. Même chose avec Girl, qui ne s’accommode pas du tout avec le dernier, mais dont la découverte fut intéressante, en dépit des déviances de mises en scène relatives à tout premier film.

Girl de Lukas Dhont

Nous avons pu aussi découvrir Les Moissonneurs, film se déroulant au sein de Free State, bastion d’une communauté blanche isolée, les Afrikaners. Le film déboussole par le fait d’être totalement inconnu pour les spectateurs de France. On reste hermétique tout en comprenant les enjeux. Le film laisse un entre-deux, celle politique et religieuse, mais surtout déconcerte par des personnages bruts dont on peine à être empathique. Un premier film aux multiples défauts, encore, mais curieux et prometteur pour son réalisateur, Étienne Kallos.

Raoul Taburin réalisé par Pierre Godeau

De l’écrit à l’écran pourra se targuer d’avoir eu une belle avant-première, celle de Raoul Taburin, adaptation attendue d’un célèbre livre de Sempé. Benoit Poelvoorde interprète comme une évidence le rôle de Raoul Taburin qui a un terrible secret : il ne sait pas faire de vélo. Nous sommes au cœur d’une bulle chaleureuse pendant toute cette histoire joyeuse au gré du soleil du sud de la France. Pierre Godeau, après Éperdument, met en forme le plus personnel des travaux de Jean-Jacques Sempé qui sortira en salles en avril 2019. Spécialement pour Pâques, idéalement pour un moment de cinéma joyeux, un brin renfermé, mais dépaysant en famille, à la manière du partage entre générations de l’œuvre de Sempé. 

Nous passerons rapidement sur Frères Ennemis, polar brut au casting de gueules impétueuses dont vous avez d’ores et déjà la critique disponible, pour nous attarder sur L’Amour Flou de Romane Bohringer et Philippe Rebbot. À cette occasion, vous retrouverez prochainement la critique du film et une interview exclusive du couple sur Close-Up. L’amour flou, le film qui rend fou de joie le public se déplaçant en masse pour le découvrir. À la première, une standing ovation de plusieurs minutes pour accueillir sur scène les deux metteurs en scène surpris. Le film est un bonheur provoquant l’ouverture d’une troisième séance spéciale à l’occasion du festival en parallèle d’une autre officielle. Le public en redemande accueillant les deux acteurs se livrant avec humour et tendresse par ce film procurant un bien fou à tout à chacun. On ne peut que vous le conseiller encore et toujours, critique et rencontre à l’appui d’ici à quelques jours sur Close-Up Magazine. 

L’amour flou de Roman Bohringer et Philippe Rebbot

Après cinq jours de découverte complète d’une ville, mais surtout d’un festival méconnu et passionnant, le constat est clair : il vaut mieux parfois partir sceptique pour l’appréhension d’un moment de partage et joie au sein d’un événement permettant la découverte et l’ouverture d’un art vers les autres, que de profiter de certains autres au passé glorieux devenu égoïstes nourrissant le nombrilisme de structures autosuffisantes. De l’écrit à l’écran fut une véritable découverte, cinq jours forts sympathiques, des rencontres curieuses et uniques, des moments de partages joviaux, finalement le festival est un beau rendez-vous de cinéma. Et si l’année prochaine, De l’écrit à l’écran était un nouveau rendez-vous événementiel pour et sur Close-Up Magazine, par rapport à d’autres ? De but en blanc, nous allons y réfléchir sérieusement, car des moments comme cela, nous souhaitons les revivre tous les ans. À cette occasion, nous souhaitons remercier Amandine Marécalle, chargée de la communication et responsable presse, pour nous avoir accompagné et permis ce travail qui nourrira les colonnes du magazine pour les prochaines semaines. Mais surtout un grand merci pour la découverte faites de ce festival confidentiel et de nous avoir permis l’éclairage vers nos lecteurs en étant partenaires et associés. À l’année prochaine donc !

2 Rétroliens / Pings

  1. Édito - Semaine 40 -
  2. Édito - Semaine 45 -

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