Le vol du Phénix : Les ailes de l’enfer

Toujours prompts à sortir de leur musette des grands-classiques en master HD, Rimini Editions nous a, depuis le 21 août dernier, livré Le vol du Phénix en Blu-ray et DVD. Le grand classique de Robert Aldrich s’offre une nouvelle jeunesse avec un très beau master laissant la part belle aux couleurs et au superbe décor désertique, parfaitement mis en valeur par la mise en scène.

Le film est une histoire d’hommes comme Aldrich aime les filmer. Un avion survolant le désert lybien s’écrase dans le désert. Les survivants, seuls et isolés, comprenant que les secours attendus ne viendront certainement jamais, bientôt à court de vivres et d’espoir, tentent alors de construire un nouvel avion à partir de celui qui s’est écrasé…

Sans faire de fioritures, le cinéaste plonge le spectateur tout de suite dans l’action. Chez lui, il n’y a pas de longues scènes introduisant les personnages et leur psychologie. Ceux-ci sont vite définis et se révèlent dans l’action. Car dans ce film, seule l’action compte. Elle est indispensable à la survie des personnages et en dit plus long sur eux qu’une longue scène bavarde. En se jouant des clichés (les personnages sont d’abord définis par un trait de personnalité avant d’en révéler d’autres beaucoup plus nuancés), Le vol du Phénix se présente comme un gros classique du film de survie en dépit de son échec commercial à l’époque. Aujourd’hui, on réalise combien le film de Robert Aldrich est redoutablement efficace, ne perdant jamais de vue la force de son concept reposant sur un décor unique et des types construisant un avion et ce pendant 2h20 !

La grande réussite de ce huis-clos désertique vient de l’écriture de Lukas Heller, collaborateur régulier de Aldrich. Adaptant un roman de Trevor Dudley-Smith, Heller construit une intrigue simple autour de personnages complexes, formant un vaste panorama de tout ce qui fait la grandeur et la bassesse de l’être humain. Les hommes s’y montrent lâches, veules, orgueilleux, égoïstes mais aussi volontaires, compréhensifs et courageux, capable de s’unir pour une seule cause. Aux commandes d’un scénario aussi efficace, Aldrich livre un travail impeccable, allant sans cesse droit au but. A l’instar de Samuel Fuller dont on a largement redécouvert l’œuvre cette année, Robert Aldrich est un cinéaste qui ne lambine pas, qui n’aime pas tourner autour du pot et qui va sans cesse à l’essentiel. Ses films sont bruts et prennent tout de suite à la gorge.

Le vol du Phénix ne fait pas exception, se montrant palpitant de bout en bout, véritable clé de voûte du film de survie, se montrant beaucoup plus subtil que toutes les œuvres qui viendront. Comme de coutume, le casting réuni pour l’occasion est sacrément prestigieux : James Stewart (forcément à l’aise en pilote d’avion,), Richard Attenborough, Hardy Krüger, Peter Finch, Ernest Borgnine, Ian Bannen, George Kennedy et même Christian Marquand. Que des trognes comme Aldrich les affectionnaient, rendant le divertissement total.

Pour compléter l’édition, un entretien de 20 minutes avec Patrick Brion intitulé Aldrich, à l’essentiel est disponible dans les suppléments. Comme à son habitude, Brion nous offre quelques anecdotes savoureuses, revient sur l’échec du film, sur la mort du pilote cascadeur Paul Mantz pendant le tournage et sur les thématiques qu’Aldrich appréciait particulièrement. On aurait cependant aimé en savoir encore plus sur le film, Brion s’étant montré souvent plus loquace par le passé.

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