Peppermint : L’efficacité d’une bonne huile essentielle.

Pierre Morel était un excellent pilote de l’écurie Luc Besson. L’homme a bâti sa carrière sur le grand chantier que furent les débuts de la société EuropaCorp. Directeur de la photo sur L’Américain de Patrick Timsit, sur le Danny The Dog de Louis Leterrier ou encore du Arthur et les Minimoys de Besson ou sur Taxi 4.
Puis Pierre Morel passe à la mise en scène, toujours pour EuropaCorp et leur nouvelle production, Banlieue 13. Un film dystopique sur l’embrasement des banlieues étant devenues des ghettos pour dealers. Un film à la mise en scène énergique aux multiples références asiatiques qui connaîtra un beau succès débouchant sur une suite et un remake américain. 

Puis survient la sortie fracassante de Taken avec Liam Neeson en 2008. La rage d’un père lâché en plein Paris à la recherche de sa fille. Un carton au box-office et un second souffle dans la carrière de l’acteur irlandais qui se fera un malin plaisir de reprendre son rôle dans deux autres films puis d’exploiter le filon avec Jaume Collet-Serra (The Passenger, Sans identité, Non-Stop). Taken est une sorte d’accomplissement pour Pierre Morel qui se voit ouvrir grandes les portes d’Hollywood après un autre film d’action pour Besson avec John Travolta, From Paris with Love en 2009.

Pierre Morel mettra ensuite quelques années avant de revenir avec un nouveau film. En l’occurrence, ce sera l’adaptation du roman de Jean-Patrick Manchette, La Position du Tireur-Couché, sur un scénario de Pete Travis et Sean Penn lui-même. Gunman, pur film d’espionnage qui déçoit la critique et le grand public, un film porté par Sean Penn qui espère une carrière à la Liam Neeson, le genre « action » reprenant ses lettres de noblesse. Mais le succès escompté n’est point au rendez-vous. Le film est un flop tant critique que public, une vraie punition pour les amateurs du livre et d’une promesse autre que ce film dépressif et poussif. 

Depuis, les projets passent sans que Pierre Morel n’en concrétise un seul. On lui a prêté de participer sur la nouvelle adaptation de Dune (que Denis Villeneuve réalise finalement), avant que soit annoncé Peppermint avec Jennifer Garner pour STX Entertainment.
Un énième film d’action avec une femme badass en quête de vengeance sur un cartel ayant assassiné sa famille en plein Los Angeles. Simple et basique histoire pour un Pierre Morel ayant fait le tour de la question en somme. Mais avouons que le réalisateur français tient en sa faveur quelques arguments. Tout d’abord, un savoir indéniable du cadre permettant une fluidité dans les séquences d’action réjouissantes. Il est devenu peu commun au cinéma de genre d’avoir une réelle lisibilité, notamment quand on regarde les deux John Wick avec Keanu Reeves. Dans Peppermint, la caméra est placée judicieusement, les bons angles et les bons mouvements sont amorcés afin d’orchestrer la plus efficace des séquences. On se retrouve alors devant un film d’action plaisant et léché, qui en dépit d’une histoire diablement redondante, se retrouve sauvé par une mise en scène instinctive et juste.

Peppermint est une variation du film de vengeance que nous avons pu voir dans Un Justicier dans la Ville, Death Sentence ou encore The Punisher. C’est le dernier qui imprègne le plus Peppermint. Jennifer Garner se transforme en une ange-rédemptrice réellement méchante sachant se servir de son corps comme une arme de destruction massive. C’est devenu une mode à Hollywood actuellement de faire des actrices des héroïnes de films d’action brutaux. Atomic Blonde, Fury Road ou encore Wonder Woman, les femmes portent la culotte et c’est tant mieux.
Jennifer Garner est une punisseuse magnifique, elle qui retrouve un rôle physique depuis l’arrêt de la série, Alias. Après des rôles binaires de bonnes mères au foyer, elle prend ici les armes pour botter le cul à un gang ayant tué sa fille et son mari. Croyez-nous, ça fait vraiment mal  ! 

Pierre Morel arrive avec Jennifer Garner à l’iconiser de la meilleure des façons. Son rôle est assez classique, embrassant les codes du genre, alors le réalisateur compense par une énergie certaine. Peppermint est un long-métrage classique, ce que l’on peut faire des plus basiques en termes d’exploitation. Mais le film balance une telle énergie, une telle envie de bien faire et une implication si évidente qu’il nous réjouit en tout point. Peppermint n’est pas une réussite, loin de là, mais le film est un divertissement soigné, ce qui s’est fait de mieux dans le genre depuis quelques années, et c’est déjà beaucoup, on peut vous le certifier.

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