Arctic : Manuel de survie en cas de coup de froid

Un homme seul au milieu de l’Arctique trace un immense signe SOS dans la neige. Dès sa première scène, Arctic, premier long-métrage de Joe Penna présenté cette année dans le cadre des Premières du festival de Deauville, pose le décor. De cet homme, nous ne saurons rien. Ni son nom, ni d’où il vient, ni pourquoi il est là. Un avion accidenté dans le décor nous donne un indice mais c’est tout ce que nous saurons. Des lignes de pêche installées depuis un moment et une certaine routine mise au point par l’homme indiquent qu’il est déjà là depuis un moment. En quelques séquences, tout est dit, Penna évitant l’habituel cheminement du cinéma américain qui aime à nous montrer son personnage à travers des flash-backs et qui aime montrer l’accident qui le place dans une situation périlleuse.

Ici, comme quand on survit en Arctique finalement, on se débarrasse du superflu. Pas de sentiments, pas de psychologie, juste un homme qui lutte pour sa survie et qui, par la force des choses, décide d’aller de l’avant, mû par une volonté qui n’est jamais exprimée ailleurs que dans le regard de Mads Mikkelsen. L’acteur danois au charisme toujours aussi magnétique passe la majorité du film seul à l’écran, recouvert sous d’épaisses couches de vêtements. Ce qui ne l’empêche pas de livrer une nouvelle interprétation formidable, pétrie de justesse et d’humanité au sein d’un film sec et sans fioritures.

Joe Penna a visiblement vu beaucoup de films du genre et a su en éviter tous les pièges. Arctic est à ce titre une belle réussite où la confiance du réalisateur dans sa maîtrise du cadre est totale. Si le cinéaste n’évite pas quelques longueurs, elles viennent cependant faire partie du ressenti du personnage pour qui tous les jours se ressemblent. Plus le film avance et plus les obstacles sont nombreux, moins notre homme est rapide. Le rythme du récit épouse celui du personnage principal en collant toujours à sa vision. Sans jamais rechigner, le héros du film est toujours dans l’action. C’est un homme qui bouge et qui sait visiblement ce qu’il fait. On pourrait aisément en dire autant du cinéaste tant ce premier essai, pourtant pas évident, se montre épuré des défauts habituels de ce type de films. A vrai dire, dans le genre du film de survie, cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu aussi direct, aussi fort et aussi beau (les paysages sont sublimes). Mads Mikkelsen ne s’y est pas trompé en acceptant de rejoindre le projet, lui apportant de l’émotion, pourtant peu facile à faire venir dans ces circonstances. Arctic s’avère alors être une surprise totale, superbe dépaysement dans le cadre d’un festival qui, en ce cinquième jour de cette édition, ne nous pas encore apporté les frissons qu’on est venus y chercher.

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