22 Miles : 35 Km… ça use… ça use…

Après le flop monumental de Battleship, adaptation de la Bataille Navale d’Hasbro façon Tansformers pour le Studio Universal, Peter Berg s’est concentré sur des sujets plus personnels, voire terre-à-terre. Un an à peine après l’échec du blockbuster pensé comme une franchise, l’homme orchestre le drame militaire Du Sang et des Larmes. Le film est inspiré de faits réels ayant eu lieu en Afghanistan le 28 juin 2005, retraçant l’échec de l’opération Red Wings des SEALs contre les talibans. Un drame militaire poignant qui connaîtra un beau succès aux États-Unis. Le film marque surtout la rencontre avec l’acteur, Mark Wahlberg, avec qui il va entamer une proche collaboration de quatre films en tout. Les deux suivants seront aussi inspirés de faits réels, des drames humains ayant endeuillé l’histoire américaine entre les attentats de Boston ou l’explosion de la plate-forme pétrolière  Deepwater Horizon, survenue le 20 avril 2010 dans le golfe du Mexique. Le dernier, celui dont est question ici, entame un nouveau virage dans leur collaboration.

22 Miles est un film d’action tout ce qu’il y a de plus basique. Le film ne joue sur aucune esbroufe pour montrer une potentielle originalité. Le but n’est point là. À travers ce film, Peter Berg retrouve ses connexions de réalisateur commercial, mais surtout de cinéphile. Après trois films tragiques sur le sort d’hommes face aux catastrophes humaines entre la guerre, le terrorisme et le capitalisme, il retrouve avec 22 Miles des envies de plaisirs coupables.
22 Miles suit James Silva, un officier d’élite taciturne du renseignement américain qui tente d’exfiltrer un policier qui détient des informations compromettantes. Ils vont être traqués par une armée d’assassins tout au long des 22 miles les séparant de l’avion qui leur permettra de quitter le pays.

Un film au pitch accrocheur rappelant les bonnes heures du cinéma d’action des années 80/90. Mais Peter Berg cherche ses références plus du côté du cinéma asiatique avec par exemple The Raid 1 & 2, d’où la présence d’Iko Uwais au casting. Ce dernier est pour Peter Berg le « Bruce Lee » moderne de par son charisme, mais surtout par ses capacités impressionnantes au combat. Il est vrai que l’homme nous avait subjugués dans le diptyque de Gareth Evans avec des combats ahurissants et des courses poursuites bluffantes. Tout cela se ressent en permanence dans 22 miles. Si l’intro sert de peintures pour mieux capter l’équipe de mercenaires que nous allons suivre au gré des 35 kilomètres d’exfiltration, le reste ne sera qu’action d’une efficacité bienvenue.

22 Miles ne brille clairement pas par son originalité. On l’a dit, mais on préfère bien le répéter. Surtout qu’au départ, après une introduction savamment mise en scène, le récit se morcelle et nous perd quelque peu. Rien de trop complexe, mais à l’image des puzzles sur lesquels Silva aime se concentrer, il faudra toute notre attention pour annoter la chronologie d’un récit éparse. Entre présent et futur, Berg nous rend compte des agissements et de leurs conséquences. Entre l’action et l’interrogation d’un service pris à son propre jeu. Un double sens de lecture astucieux pour un film d’action basique.

Peter Berg s’amuse du fond par la forme et ses références. De par l’instauration d’un pays fictif (il vaut bien vendre le film à l’internationale), il se libère des convenances pour mieux enfoncer des portes. Les trahisons et autres relations diplomatiques prennent l’essence même d’un récit nerveux compacter en une petite heure et demie. Le film va à l’essentiel, coupant tout le gras d’un récit qui n’en a visiblement pas besoin. Le montage cut assure et les informations nous arrivent par bribes jusqu’à un twist final astucieux. Les conformités d’un cinéma formaté nous ayant bien installés dans notre fauteuil pour tirer notre intérêt dans un final renversant. Le film nous fait tirer un rictus appuyant l’envie de Berg et Wahlberg de produire une franchise de cette route toute tracée vers un possible succès. Le budget moyen de 35 millions de dollars devrait permettre l’instauration simple et efficace d’une franchise à court terme assurant la riche et pérenne collaboration de Peter Berg et Mark Wahlberg pour quelques films encore.

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