Comme un chien enragé : L’héritage de la chair

Cet été a particulièrement été prolifique du côté de Carlotta Films. L’éditeur, non content de nous offrir sa troisième Édition Prestige Limitée en juillet avec La vengeance aux deux visages, a remis le couvert en août. En effet, c’est au tour de Comme un chien enragé, polar réalisé par James Foley, d’avoir les honneurs d’une nouvelle Édition Prestige Limitée depuis le 22 août dernier avec un coffret regroupant le Blu-Ray du film, le DVD ainsi que des memorabilia.

De quoi plaire aux fans déjà conquis du film mais surtout de quoi permettre à tout un pan cinéphile de découvrir la puissance de ce drame intense, polar aux conséquences tragiques, film sur l’héritage paternel et sur une jeunesse perdue. Un sujet qui n’est pas étrange au scénariste Nicholas Kazan, fils d’Elia Kazan, cinéaste qui a souvent été passionné par les dérives de la jeunesse et par le poids des parents dans le destin des jeunes, souvent étouffés par la famille ou laissés de côté. C’est donc l’héritage d’Elia Kazan qui se joue ici, dans ce film librement adapté d’un fait divers survenu dans les années 70.

Comme un chien enragé se déroule donc en 1978 dans un coin perdu de la Pennsylvanie. Brad Whitewood Junior a quitté l’école et passe son temps à traîner avec ses amis, à boire des bières ou fumer des joints devant la télé. Lorsque Brad Whitewood Senior, son père qu’il n’a jamais connu, réputé pour être un criminel à la tête d’une petite bande de voleurs, refait surface, Brad se laisse charmer par la perspective d’une vie criminelle qui lui permettrait de gagner sa vie et de quitter la ville avec sa petite amie Terry. Alors que Brad Senior apprend les ficelles du métier à son fils, celui-ci, d’abord ravi de renouer avec son père, en découvre les facettes sombres. Tour à tour jovial, inquiétant, rassurant, menaçant, Brad Senior n’hésite pas franchir la ligne du meurtre pour mener à  bien ses activités. Brad Junior souhaite alors quitter la bande mais on ne rompt pas aussi facilement que ça les liens avec Brad Senior…

Polar brut, portrait d’une jeunesse en perdition, tragédie mélancolique, Comme un chien enragé embrasse tous les aspects dramatiques de son récit pour nous offrir un récit surprenant auquel la musique de Patrick Leonard ajoute une touche presque mystique. Si dans les grandes lignes, le scénario est classique, il n’en dévoile pas moins une belle intensité à mesure que le film avance de façon inéluctable vers l’inévitable tragédie… La réussite de Comme un chien enragé tient d’ailleurs à son formidable duo d’acteurs que James Foley a su diriger avec une alchimie étonnante. Sean Penn, qui apporta le projet à Foley, est totalement bouleversant dans le rôle principal, livrant une interprétation forte et pleine de failles, annonciatrice d’une carrière qui sera à cette image. Face à lui, Christopher Walken (dont la ressemblance avec Sean Penn dans le film est si troublante qu’on pourrait effectivement les croire père et fils) est parfaitement hypnotique dans un rôle sombre, celui d’un type charmeur profondément inquiétant et violent.

Cette opposition au sommet permet de hisser Comme un chien enragé au rang des petites pépites trop méconnues qu’il faut voir, permettant d’appréhender le portrait d’une jeunesse désœuvrée avec une force rare. Foley lui-même est clairement inspiré par le sujet et livre des séquences nocturnes particulièrement sublimes. En bonus de l’édition, le réalisateur est d’ailleurs interviewé durant trente minutes afin de revenir sur le film et sur sa carrière. Quand il parle de Comme un chien enragé, Foley ne nous apprend pas grand-chose, mais quand il s’agit d’analyser sa carrière et d’expliquer comment il en est venu à réaliser des épisodes de House of Cards puis les deux suites de Cinquante nuances de Grey, il se montre particulièrement lucide sur le milieu hollywoodien. Un complément bienvenu pour un film prenant qui devrait nous faire finir l’été en beauté.

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