L’insulte : Un conflit sous toutes ses coutures

L’insulte est un thriller judiciaire libano-palestinien réalisé par Ziad Doueiri, créateur de la série Baron Noir. Sorti en DVD chez Diaphana Distribution depuis le 4 juillet dernier, ce film raconte l’histoire du conflit entre les Libanais et les palestiniens à travers un événement à priori anodin. Soutenu dans le monde entier par les ONG, le Liban, peuple oppressé, se retrouve vite victime de tous les quolibets par sentiments d’injustice qu’on leur accorde tout. Les tensions montent, les délits se multiplient entre les 2 peuples et les forces de l’ordre craignent d’être vite débordées. Au milieu de cet équilibre fragile, Yasser est un chef de chantier réfugié palestinien honnête qui s’aperçoit un jour d’un défaut d’évacuation d’eau chez un habitant libanais, Tony. Il ouvre le dialogue d’abord, puis lorsque l’accueil fait défaut, décide de réparer le problème de lui-même. C’est en faisant les travaux de réparation que le locataire agit en cassant le travail en cours des ouvriers. Pris de colère, Yasser, alors contre maître sur le chantier, l’insulte, et là,  les ennuis commencent quand l’homme décide de le poursuivre en justice pour cet acte.

On a souvent tendance à porter peu d’importance aux films du Moyen-Orient ou de ces pays qui n’ont pas une industrie cinématographique importante. C’est pourtant souvent parmi eux que l’on trouve les plus belles surprises. À l’instar du film égyptien Le Caire Confidentiel, L’Insulte parvient à dépeindre un caractère fort et bien ancré dans la population libanaise et palestinienne. Ce qui nous semble au début légèrement abstrait par l’absurdité de la proportion entre l’acte et sa réponse, trouve petit à petit un sens bien plus profond dont la source remet en avant les heures les plus sombres de l’histoire des deux peuples. Plus le procès avance, plus on en apprend sur chacun des deux protagonistes. On comprend qu’une haine réciproque s’est forgée de génération en génération et qu’il est difficile de faire table rase avec ce conflit tant le sentiment d’injustice peut naître rapidement.

Là où le montage est malin et bien orchestré résulte dans la manière dont le réalisateur parvient à faire les parallèles dans l’histoire. D’abord le parallèle entre les deux hommes qui trouve racine dans le conflit libano-palestinien avec, soit des images d’archives, soit des souvenirs racontés par témoins, avocats ou de la famille. Ensuite le parallèle entre la profondeur de ce conflit « engrainée » par les avocats qui veulent chacun gagner leur procès. Les deux personnes au cœur du problème se rendant progressivement compte de leur immaturité en allant jusqu’au tribunal plutôt que de régler le problème par la discussion. Mais surtout dans le parallèle avec la société qui s’empare de cette opposition et en fait acte de révolution comme si l’homme dont ils prenaient partis dans ce procès était la figure emblématique de leur combat. Ce film fait preuve à la fois d’une grande maturité et d’une forte abnégation pour montrer non seulement une mentalité très ancrée sur la fierté mais aussi proposer une vision de l’histoire du pays comme conséquence de cette mentalité.

L’Insulte est un excellent thriller judiciaire qui prouve l’importance de s’ouvrir à la culture cinématographique provenant de cultures moins occidentales et outre atlantique. Non seulement c’est techniquement impeccable avec un choix de mise en scène très juste et une narration maîtrisée. Mais en plus le jeu d’acteur est convaincant et le fond de l’histoire plus qu’intéressant. Ce film est clairement une perle qui mérite le visionnage.

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