La Finale : Lourde défaite !

Nous n’avions pu découvrir La Finale, premier long-métrage de Robin Sykes pour sa sortie en salles. Se concentrant sur d’autres sorties se prêtant plus à l’usage de la découverte et du partage, nous étions tout de même curieux, voire suspicieux du résultat de ce film ayant remporté tous les suffrages lors de sa présentation au festival de la comédie de l’Alpe d’Huez, gagnant notamment le Grand Prix, et le Prix d’interprétation pour Thierry Lhermitte.
Bien mal nous en a pris malgré la volonté aujourd’hui de se faire convier au jeu de la promotion du film pour sa sortie vidéo. Peut-être les piètres résultats au box-office français ont remis les pieds sur terre à UGC ayant plus d’entrain à nous partager leur film.

Mais nous comprenons en somme le fait de nous cacher cette production au fond sincère, mais à la forme bâclée. Dommageable en effet de gâcher une belle composition de Thierry Lhermitte en restaurateur atteint d’Alzheimer. Mais l’histoire de La Finale, c’est quoi au juste ? Toute la famille Verdi est aux petits soins pour s’occuper de Roland, le grand-père, qui perd un peu la boule ces derniers temps. Tous sauf JB, l’ado de la famille, qui n’a qu’un seul but : monter à Paris pour disputer sa finale de basket. Mais ses parents, bloqués ce week-end-là, lui demandent d’y renoncer pour surveiller son grand-père. JB décide alors de l’embarquer avec lui… Pendant ce voyage, rien ne se passera comme prévu…
Un pitch de road-movie à l’américaine basique pour le marché de la DTV, alors qu’au cœur nombriliste du cinéma français, le film remporte des prix et sort avec enthousiasme en salles. Mais une personne du studio ou de la production a-t-elle bien lu le scénario ou fait la moindre remarque sur le produit final ? Certes le film accumule les points gagnants avec Rayane Bensetti en tête d’affiche (rebondissant sur le succès de Tamara et une fan-base loin d’être conquise apparemment) et Thierry Lhermitte, acteur fédérateur pour les plus de 50 ans. Ajoutons à cela les sujets portant sur l’Alzheimer et l’éclatement d’une famille dû à des problèmes de tout à chacun. Bref, du bon pathos français qui ne déméritait pas si au moins l’ingrédient du Feel Good Movie était réussi. Là encore, Robin Sykes rate son lancer franc avec des rapports entre les personnages d’une grossièreté rare, des péripéties au rabais, vu mille-fois ailleurs et en mieux. Pour cela, on peut vous rappeler Floride de Philippe Le Guay avec Sandrine Kiberlain, mais surtout l’incroyable Jean Rochefort, sortie en 2015 traitant exactement ou presque des mêmes thèmes avec un regard plus propre.

La Finale n’est au fond qu’un film sur des égoïstes, que ce soit JB, les parents ou Roland, qui s’évade dans ses souvenirs et dont tout le monde se fout. Le film se conclut bien évidemment sur une révélation qui aurait dû faire le sel du long-métrage entier, mais tombant tel un cheveu dans la soupe par le biais d’un petit agent immobilier refermant la porte derrière lui. On s’exclame alors de stupeur qu’une telle pirouette nous prenant pour des girouettes soit balancée comme cela en 2018. Il aura fallu deux scénaristes pour cela, sans aucun des deux ne remarquent le problème grossier au milieu de la feuille.

UGC pensait vendre parfaitement sa production télévisuelle pour le cinéma en lui acquérant deux prix à l’Alpe d’Huez. Heureusement le public n’a pas souhaité gouter son déplaisir à suivre ce téléfilm basique et bâclé sans réelles aspérités sociales ni dramatiques. En souhaitant coller aux stéréotypes américains, alors qu’une comédie à l’anglaise était toute dédiée, Robin Sykes loupe le coche et son film, qui méritait bien mieux que cela.

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