Luke Cage – Saison 2 : Le revers de la médaille

Après les événements survenus dans la série The Defenders, Jessica Jones et Luke Cage doivent revenir à leurs quotidiens dans leurs secondes saisons respectives. Là où Jessica Jones a eu un peu plus de mal à se remettre sur les rails puisqu’on passait d’une saison 1 intimiste à une réunion de héros dans The Defenders pour revenir à une saison 2 intimiste et centrée sur l’histoire personnelle de Jessica. Il faut avouer que cette saison 2 de Luke Cage disponible depuis le 22 Juin 2018 sur Netflix gère mieux la transition. Déjà car The Defenders a servi de pont entre la fin de la saison 1 et l’arrestation de Luke Cage et le début de la saison 2 et sa réintégration dans Harlem.

Nous retrouvons un Luke Cage pleinement intégré en « Héros de Harlem ». Alors que dans la première saison Harlem était une entité à part entière avec son propre courant, son propre « groove » dans lequel des individus comme Luke Cage aussi bien que Cottonmouth devaient se faire une place. Ici, Harlem devient quelque chose que Luke Cage, Mariah « Stokes » Dillard ou encore Bushmaster peuvent et doivent s’approprier. Un phénomène cristallisé par cette guerre d’influence et ce « King of the hill » joué pendant 13 épisodes qui fera écho à cette fin de saison assez déroutante. Ce changement a pour conséquence de nous faire perdre ce côté fresque urbaine et minimise l’ambiance d’Harlem. Même si le personnage de Luke Cage s’en trouve renforcé puisqu’en recentrant la narration sur lui, il devient un symbole et une personnification de Harlem contre l’extérieur. Notamment Bushmaster et les méchants jamaïcains de Brooklyn.

Avec cette saison 2, Cheo Hodari Coker (Showrunner de la série) ouvre Harlem et donc l’image de la communauté noire américaine à quelque chose de plus grand. Avec toujours une très grande part de musicalité, l’univers de Cheo Hodari Coker et de Harlem ne se cantonne plus au hip-hop comme en témoignaient les apparitions de Method Man du Wu-Tang Clan dans la saison 1. Dans cette saison 2, on s’élargit aux racines du hip-hop, le blues et le reggae avec notamment les apparitions au Harlem’s Paradise de Gary Clark Jr. (pour les amoureux des comics, l’interprète de Come Together dans Justice League) ou encore Stephen Marley (fils de Bob Marley, pour les 2 du fond qui n’auraient pas compris).

On retrouve dans cette seconde saison le même défaut que précédemment, un défaut inhérent à beaucoup de production Netflix et en particulier les séries Marvel. Les tenants et les aboutissants sont différents de la première saison, un objectif assez flou (on reviendra sur la fin de la saison) et l’absence d’un méchant qu’on garde sous le coude et la présence d’un Bushmaster depuis le début de la saison font qu’on se retrouve avec un rythme batard. Ne pas savoir ce qui va arriver est loin d’être une mauvaise chose. Mais on en arrive trop souvent à se dire que l’inévitable est repoussé pour étirer la saison étant donné que Bushmaster est en conflit avec Luke Cage et Mariah « Stokes » Dillard depuis le début. Plutôt que de reproduire la saison 1 avec un soufflé qui retombe après la période Cottonmouth et l’arrivée de Diamondback, on essaie de maintenir le même niveau de « hype » sur l’ensemble de la saison. Mais ça ne prend pas justement car à l’instar de Jessica Jones, on a l’impression d’un cahier des charges pour tenir pendant 13 épisodes ce qui pourrait être résolu en moins que ça.

On se rattachera alors au véritable enjeu de cette saison, l’alignement moral de Luke Cage, sa « moral compass » dans la langue d’Eminem. À ce sujet, la série prend un tout autre tournant après les départs des personnages de Claire et Bobby Fish, Luke Cage devant réapprendre la frontière entre Bien et Mal. Un développement intéressant puisqu’il renforce le personnage de Luke qui doit apprendre à remplir le vide laisser par un personnage aussi important que celui de Claire dans les séries Marvel et surtout Luke Cage. Se substitueront à Claire, Danny Rand l’Iron Fist agréable à revoir après The Defenders car sa présence (ainsi que celles de Colleen et Foggy) fait que la série Luke Cage s’imbrique bien mieux dans l’univers Marvel de Netflix (à l’image de la période post-Avengers où on se demandait par exemple pourquoi Thor devait se débrouiller tout seul contre Malekith plutôt que d’appeler tous ses copains Avengers). En plus de Danny Rand, c’est également le père de Luke Cage, le révérend Lucas qui l’aidera à retrouver le droit chemin. Le révérend Lucas interprété par le très grand et regretté Reg E. Cathey qui nous offre un homme entre l’intimidant et le doux qui brille par le contraste lors des face à face avec le Luke Cage de Mike Colter.

Mais cette quête intérieure pour Luke Cage fait assez décalé puisque jusqu’à maintenant il nous a toujours été présenté comme le boy scout. Voir cette introspection pour trouver le juste milieu entre colère et paix intérieure se transformer en remise en question du Bien et du Mal laisse un arrière-goût salé à la fin de la saison qui ne manque pas d’ambiguïté. C’est d’autant plus étrange que le développement parallèle de Misty met en relief ce qui ne va pas. Elle aussi est en colère suite à la perte de son bras et cherche la paix intérieure. Elle est en proie à des dilemmes moraux entre la voie qu’à pris Scarfe, et les conséquences de celle-ci et le côté trop mollasson et bureaucrate du chef Ridenhour. Après être passé par les mêmes épreuves, de manière symbolique, notre Héros de Harlem devient le Roi de Harlem et Misty devient « Chef » de la police de Harlem.

Avec cette saison 2, Cheo Hodari Coker continue sur sa lancée en exportant toutes les qualités de la première saison, ainsi que ses défauts. Mais la mise en scène, le montage et la lumière sont toujours au rendez-vous. Une saison qui se concentre sur son personnage principal sans oublier qu’il y a de la vie autour. Et un dernier épisode de conclusion qui détonne totalement du reste avec des personnages parfois aux antipodes de comment ils nous ont été dépeints jusqu’à maintenant. On peut être très impatient de ce que va nous réserver la suite de Luke Cage. Mais Cheo Hodari Coker a réussi à en faire la base indispensable sur laquelle repose l’univers Marvel/Netflix, du moins jusqu’au retour de Daredevil.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*