Roulez Jeunesse : Bonne tentative

Ce bon vieux Éric Judor de retour dans une comédie française, cette fois un brin dramatique, et pas aux côtés de Quentin Dupieux mais bien sous la tutelle de Julien Guetta pour son premier film. Si son compère de toujours, Ramzy Bedia, a de son côté déjà exploré depuis quelques années le côté dramatique des productions françaises, il semble que ce soit une grande première pour Éric. Un drame relatif évidemment puisque le film reste une comédie avant tout et dans sa globalité plutôt légère.

Un garagiste quarantenaire plutôt sérieux, employé par sa mère, se retrouve par hasard embarqué dans une histoire parfaitement improbable. Un soir, alors qu’il rentrait de son service, il tombe sur une jeune femme dont la voiture est en panne sur le bas côté. Il l’aide et, dragueur comme il est, réussit à se faire inviter chez elle. Il y passe la nuit et se retrouve le lendemain matin avec 2 enfants à charge, l’un en bas âge et l’autre à l’école primaire, ainsi qu’un chien. Sa quête personnelle commence ainsi, lorsqu’il comprend qu’il ne peut les laisser seuls, livrés à eux mêmes dans une maison bordélique et que le plus grand insiste pour aller à l’école.

Roulez Jeunesse est une comédie qui ne paie pas de mine au premier abord. Si l’histoire semble simple, on se rend vite compte que son déroulé prend une tournure et une dimension beaucoup plus importante. Les thèmes abordés ne sont pas des thèmes faciles à traiter, l’orphelinat, l’abandon, la dépendance à la drogue. Au milieu de tout un tas de problématiques familiales, le film parvient à maintenir un côté décalé, avec un Éric Judor qui a du mal à ne pas surenchérir dans le cabotinage, malgré une histoire dans le fond très dure. Julien Guetta tente de se rapprocher des comédies typiques anglaises qui allient avec grande justesse le drame à l’humour. Il reste encore un peu de chemin à parcourir avant d’atteindre cette qualité, mais la tentative peut être saluée avec un résultat nettement supérieure aux comédies catastrophiques constituant les plus grosses sorties françaises.

Pour un premier film on peut dire que le réalisateur s’en tire plutôt bien. Entre la difficulté de diriger 3 enfants, chacun de catégories d’âges très différents ainsi qu’un chien, il faut reconnaître que le réalisateur ne commence pas par la facilité. En l’occurrence les enfants se débrouillent plutôt bien et d’une manière générale, tous les acteurs sont bons. Bien que l’histoire ne soit pas la plus originale qui existe, il faut avouer que les rebondissements, dans une certaine mesure, fonctionnent assez bien. Seulement, car il subsiste un défaut de taille dans l’enchaînement des événements. Si ces derniers se succèdent correctement et avec une bonne logique, il est toujours assez frustrant de se dire que tout pourrait être résolu avec un peu de discussion. Le spectateur se retrouve à ne pas forcément croire à la crédibilité de l’évolution des événements car le protagoniste principale esquive constamment le dialogue. D’un certain point de vue, c’est commun à beaucoup de personnes, ce n’est pas rare d’esquiver volontairement la discussion. Dans cette histoire cependant, le personnage principale subit essentiellement des événements improbables, des événements qui le forcent à agir d’une manière qu’il ne ferait pas en temps normal, dont demander de l’aide et discuter avec sa mère.

Cela reste quand même un détail que seuls les plus pointilleux noteront. Cette surenchère de mauvaises situations qui incombent au personnage d’Éric donne une dimension décalée bien sentie à cette production française. Éric Judor s’en sort extrêmement bien, malgré sa constante volonté à en faire un peu plus. On ressent nettement sa volonté d’humoriste ressortir à chaque réplique, en dépit de son talent évident, fort parfois, dans la dramaturgie de son personnage. Il y a donc régulièrement une alternance entre drame et humour qui permet à la fois de ne jamais vraiment s’ennuyer mais sans forcément rendre le film constamment idiot. Au final Roulez Jeunesse est assez appréciable, la sympathie d’Éric Judor jouant beaucoup, on appréciera facilement de suivre ses aventures un tantinet burlesques. Le réalisateur propose une histoire assez intéressante portée par ses qualités, mais pas abattue par ses défauts.

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