American Nightmare 3 – Élections : A voté !

Au départ, James DeMonaco peinait à nous convaincre avec un premier film se déroulant essentiellement en huis-clos au sein d’une résidence de riches Américains prise dans les tourments d’une idée de cinéma géniale : une purge annuelle favorisant tous les délits (meurtres, vols, etc.).
Une idée née du programme républicain des Nouveaux Pères Fondateurs pour sauver l’Amérique de la banqueroute. Se déclenche alors la folie humaine dans ce qu’elle a de plus sale et l’éclatement de la frustration propre à tout a chacun. Les Sandin, famille typique américaine et héros malgré eux du premier film, se voyaient pris d’assaut par de jeunes riches complètement fous souhaitant récupérer le pauvre clochard torturé en amont. Comme un clin à un autre film au récit dystopique similaire, Orange Mécanique de Stanley Kubrick, dont DeMonaco se réfère à quelques détails. 

James DeMonaco va surtout s’émanciper avec un deuxième opus qui nous convaincra totalement, l’idée de la purge trouvant enfin matière à discourir. Bienvenue à Los Angeles, théâtre d’une nouvelle purge à ciel ouvert. American Nightmare prend enfin toute sa mesure en une série B violente et iconique se référençant ouvertement cette fois-ci à Walter Hill (The Warriors) et John Carpenter (Invasion L.A ; New-York 1997). Le public répond une nouvelle fois présent à cette production bas coût grâce à la méthode Jason Blum aidée par Michael Bay. Les films cartonnent au BO international, donc la mise en chantier d’un troisième ne se fait pas attendre.

2016, année des élections où s’oppose Hilary Clinton et Donald Trump. Une belle opportunité pour James DeMonaco d’enfoncer le clou. La sénatrice Charlie Roan a comme des airs à Clinton (un brin plus sexy), fervente supportrice à l’abolition de la purge annuelle, suite au massacre de sa famille entière sous ses yeux par son propre frère. Face à elle, Edwige Owens, le « Trump » des Nouveaux Pères Fondateurs, qui se fait malmener lors des confrontations télévisuelles. La purge va être l’occasion de rétablir l’ordre. Leo Barnes va alors tout faire pour protéger la sénatrice Roan.

On retrouve ce cher Franck Grillo pour ce troisième opus reprenant le rôle de Leo Barnes, héros du deuxième film. Dans ce nouveau long-métrage, il est devenu un garde du corps prêt à tout pour protéger la sénatrice en plein cœur d’un Washington démentiel. Finies les envies de vengeance du 2e film façon Punisher, Leo Barnes s’est assagi se transformant en sombre bodyguard dans cette histoire se déroulant deux ans après le périple à L.A.
On ne change pas une recette gagnante. De retour dans les rues après une fulgurante attaque des Pères Fondateurs, le film enchaîne les idées simples, mais efficaces pour un thriller d’action urbain à l’imagerie sidérante d’un pays devenu fou à lier. Ici la vue glaçante d’une silhouette féminine en voile de tulle, effectuant des entrechats devant des cadavres pendus à un arbre. Là, un véhicule sillonnant les rues, le capot recouvert de corps sans vie, ou encore le mot “Purge” en lettres de sang sur les colonnes du Lincoln Memorial.

Il n’y a pas à dire, la saga American Nightmare marque les esprits. James DeMonaco n’a pas le génie de ses références, mais il a l’envie et la volonté de mettre en scène ses idées avec fureur. Ce qui rebondit forcément sur le spectateur et le cinéphile que nous sommes, appréciant ses bonnes pelloches aux idées multiples et généreuses. Outre la violence, il y a le discours en fond. American Nightmare dénonce une possibilité, la perspective d’une folie de certains groupuscules bien aidés par des multinationales prêtes à profiter de l’événement (les assurances de l’épicerie). En cela la purge devient un commerce touristique (l’arrivée malsaine des touristes russes et sud-africains en introduction), mais surtout social. Comme soulevé dans Anarchy, le gouvernement en profite pour faire sa propre purge, celle de ces habitants coûtant bien trop cher à l’état ou gênant l’avancée de leur politique. Une perspective faisant froid dans le dos, entre-temps Donald Trump ayant été élu président des États-Unis, pays se dégradant depuis avec notamment de multiples tueries de masse. 

Sous ses airs de plaisir coupable, American Nightmare est un cri d’alarme face à la folie politique pouvant atteindre les hautes sphères de l’Amérique. Le pays l’a connu sous d’autres aspects et réapprend actuellement à vivre avec, attention à que tout cela ne vrille pas suite à un tweet un mercredi à 4 heures du matin…

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