Bienvenue en Sicile – Rencontre avec le réalisateur Pierfrancesco Diliberto

Artiste aux multiples facettes, animateur de télévision, acteur, scénariste et réalisateur, Pierfrancesco Diliberto, dit Pif, jouit d’une grande popularité en Italie. Chez nous, sa première réalisation, La mafia tue seulement l’été n’était même pas passée par la case cinéma. La chose sera réglée avec Bienvenue en Sicile, à l’affiche le 23 mai, un film maniant la comédie romantique, le film de guerre, la comédie italienne, le drame et la chronique historique. Une œuvre foisonnante lorgnant aussi bien du côté d’Ettore Scola que de Billy Wilder et que Pierfrancesco Diliberto est venu défendre à Paris. Nous avons donc profité de l’occasion pour rencontrer le cinéaste, un homme avenant qui commence l’entretien par nous proposer des fraises. C’est donc autour d’une bonne rasade de fruits rouges que se déroule la rencontre :

Comment vous est venue l’idée du film ?

La première idée, c’était vraiment de tourner un film sur les partisans en Sicile pendant la seconde guerre mondiale. Mais à force de faire des recherches, j’ai réalisé comment l’armée américaine avait permis à la mafia de prospérer en Sicile pour assurer ses arrières et j’ai voulu travailler sur ce fait historique. C’est un sujet très délicat, peu connu que je voulais aborder avec un scénario mêlant la grande Histoire à la petite. Tout le monde parle du débarquement de Normandie en 1944, mais il y en a eu en Sicile en 1943, ça me semblait important de traiter ça.

Le film commence comme une comédie romantique puis part sur quelque chose de plus sombre avec cette installation de la mafia au pouvoir par l’armée américaine. Le sujet vous a-t-il posé problème au moment de chercher des financements ?

Non je n’ai eu aucun problème concret, j’ai la chance d’avoir une bonne réputation en Italie. Et justement le sujet était vraiment fort, j’ai eu la chance de travailler avec des gens qui voulaient aussi le raconter. On a trop tendance à occulter cette partie de notre histoire. On se raconte comment on a aidé les américains à débarquer mais on était quand même fascistes. Il faut tout de même rétablir la vérité…

Le film est dédié à Ettore Scola. Aviez-vous des influences à l’écriture, venant de Scola ou même d’autres cinéastes ? On pense parfois à Billy Wilder…

J’ai eu la chance de rencontrer Ettore Scola et de nouer un vrai lien avec lui. Il représente tout un pan de la comédie italienne et le premier impératif de Bienvenue en Sicile était de faire rire. Ettore m’a aidé a mieux cerner le film que je faisais et pour moi c’était tout naturel de lui dédier le film. J’espère d’ailleurs qu’il l’apprécié où qu’il soit.

Vous aviez décidé dès le début de jouer le rôle principal ou c’est quelque chose qui est venu après ?

C’était quelque chose que je voulais faire dès le début. Il faut dire que le public a une certaine image de moi en Italie et j’avais envie de jouer dessus. Sachant que j’ai déjà un public, ça me paraissait être une bonne garantie de jouer dedans (rires). Mais je préfère tout de même être derrière la caméra, à diriger une scène dans laquelle je ne suis pas, c’est beaucoup plus amusant et cela me permet de mieux cerner le travail que je suis en train de faire.

D’où la présence d’aussi nombreux seconds rôles dans le récit, on est beaucoup centrés sur les personnages secondaires : la femme qui attend le retour de son mari, le chef mafieux, l’aveugle et le boiteux, le lieutenant…

Oui parce qu’il y a plusieurs dimensions dans le récit. Pour moi, il était important de travailler sur ces histoires parallèles pour étoffer le scénario et donner du corps au contexte. Cela me permettait de travailler vraiment sur la mise en scène. Et en même temps, cela permet d’amener la tragédie dans la comédie, de montrer la violence de la guerre, les compromis qu’elle apporte.

Combien de temps avez-vous passé à faire des recherches pour le film ?

Je ne sais pas vraiment mais ça a été long, ça c’est sûr. La chance que j’ai eu, c’est d’avoir des échanges oraux. On trouve encore des gens qui étaient là en 1943 pour le débarquement américain en Sicile. J’ai rencontré un homme qui habitait sur la plage à ce moment-là. De là je peux tirer des choses vraiment factuelles, c’est vraiment la meilleure partie de ces recherches.

Vous avez tourné sur place en Sicile ?

Je me suis évidemment fortement inspiré des lieux préexistants et si on a tourné en Sicile, je n’ai pas forcément tourné sur place, à l’endroit même où tout ça a eu lieu. Il y a eu tout un travail effectué en post-production sur les décors naturels pour inventer un idéal des lieux tels qu’ils étaient à l’époque. On a pris ce qui s’en rapprochait le plus mais on a dû tricher un peu.

Vous avez déjà un projet pour la suite ?

Là je vais entamer un tournage en tant qu’acteur mais j’ai bien promis à mes proches que je repasserai à la réalisation et que j’essaierai de ne pas parler de la mafia ! (rires)

Propos recueillis à Paris le 26 avril 2018. Un grand merci à Aude Dobuzinskis et Valentine Fricoteaux

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*