Manhattan Stories : Petit film qui se souhaite grand parmi les grands.

Manhattan et son charme coquet, petite ville au cœur d’une grande mégalopole. On est comme reculé du monde dans le reflet même de celui-ci. Tout se rejoint à Manhattan, quartier new-yorkais par excellence, celui des artistes, des bobos, des familles riches et leurs blessures quotidiennes.

Duster Guy Defa essaie de retranscrire cela dans son second film qui porte judicieusement son titre, Manhattan Stories, en salles le 16 mai 2018. Manhattan Stories était déjà le titre d’un court-métrage précédent, repris comme une évidence pour lui en dépit du manque de liens flagrant entre les deux. Manhattan où tout se regroupe ou pas. Dans ce film choral, aucun des personnages ne se croiseront un moment précis. Manhattan Stories est un film choral aux personnages éclatés et aux histoires courtes se jouant distinctement sans attaches aucunes, sauf le lieu, Manhattan.

Le problème, parmi tant d’autres, est que Duster Guy Defa ne filme jamais Manhattan. Il n’en tire rien de probant pour nourrir son film. Il s’attache particulièrement trop à ses personnages pour vraiment explorer le quartier. Le réalisateur new-yorkais épingle en 16mm à un collectionneur de vinyles, une adolescente déprimée, une apprentie journaliste et un cocu revanchard. De ses personnages, il ne fait rien non plus. On les suit errant dans leurs quartiers à essayer de se racheter, d’expliquer leur place dans le monde, de se comprendre eux-mêmes ou de rattraper un voleur à vélo. Mais ensuite ? Rien. Donc pas de Manhattan tant promis sur la très jolie affiche du film, et point de personnages attachants.

Au lieu de tout cela, nous aurons le droit à leurs obsessions. Tout d’abord Benny interprété par Bene Coppersmith (acteur fétiche du réalisateur) qui poursuit le vinyle rouge collector de Charlie Parker, puis l’arnaqueur qui lui en a vendu un faux. Il le poursuit inlassablement à vélo par principe et droiture. Ensuite Ray, le coloc de Benny, dont l’obsession est sa rédemption envers sa femme dont il a publié des photos nues sur internet par vengeance après une tromperie. Il est enfermé dans l’appartement avant de prendre les choses en main. Passons à Wendy dont l’obsession est de comprendre le monde. À essayer de le comprendre, elle en devient désabusée à peine adulte, surtout face à sa meilleure amie ne pensant qu’à son petit ami. Puis Claire dont c’est le premier jour en tant que chroniqueuse judiciaire aux côtés de Phil (insupportable Michael Cera). L’obsession de cette histoire est celle de ce Phil, journaliste casse-pied écoutant bruyamment du heavy métal pour s’affirmer. Il n’est qu’un petit gratte-papier sans envergure qui essaiera en permanence de prouver sa valeur auprès de Claire. Le tableau est bien terne avec au milieu l’horloger fatigué de ce monde essayant de réparer le temps. Il est incarné par Philip Baker Hall, l’image référente à tout un pan du cinéma que Duster Guy Defa adore entre Robert Altman ou Paul Thomas Anderson.

Par Manhattan Stories, on pense d’emblée à Shorts Cuts ou Magnolia. On pense aussi beaucoup à Woody Allen, sans la verve, l’œil piquant et la profondeur d’esprit. Il faut avouer que l’on s’ennuie ferme avec ces histoires de Manhattan. Le film n’arrive à rien, seulement la découverte d’une gueule, celle de Bene Coppersmith. C’est au moins ça de gagner. Sinon, le film est un tir à blanc qui ne dure heureusement 1h25.

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