Action ou vérité : un jeu (et un film) dont on aurait pu se passer

Producteur au nez creux, Jason Blum a développé plusieurs années un sacré filon en terme de films d’horreur : un concept fort, un budget faible et un maximum de rentabilité assurée. L’année dernière, Happy Birthdead était un slasher au high-concept qui devait beaucoup au cultissime Un jour sans fin. Cette année, Action ou vérité, réalisé par Jeff Wadlow (Kick-Ass 2) prend le parti de mettre à mal un groupe d’amis en les mettant sous le coup d’une malédiction. Poussés par un démon, ils doivent jouer à Action ou vérité avec lui et se plier à ses règles sous peine de mourir. Mais bien entendu, chaque vérité ou chaque action pousse les amis à bout, leur forçant à révéler des secrets gênants et à commettre des actes affreux…

Sur le papier, l’idée est sympathique et promettait des moments pimentés. Malheureusement, le film n’explore que trop rarement les possibilités que son pitch lui offre : décortiquer les petits mensonges que l’on fait à ses amis pour mieux accommoder sa vie. Ce qui aurait pu être une satire grinçante de notre propre hypocrisie se transforme en un banal film d’horreur aseptisé (forcément il faut attirer le plus de public possible) avec des tendances mélodramatiques totalement exacerbées.

A peine jouissif dans ses idées tordues (à une ou deux exceptions près), Action ou vérité manque cruellement d’âme et se contente d’aligner les clichés du genre, reposant essentiellement son récit sur le triangle amoureux formé par deux meilleures amies et le mec de l’un d’elle. À peine terrifiant (les apparitions du démon sont risibles) et assez affligeant en termes de jeu d’acteur (Lucy Hale et Violett Beane n’arrêtent pas de hausser les sourcils pour souligner l’importance de leurs propos), Action ou vérité n’offre pas grand-chose à son spectateur, multipliant également les petites incohérences dans son scénario pourtant écrit (tenez-vous bien) par quatre types dont le regard posé sur la jeunesse américaine est sacrément pétri de clichés qu’ils n’osent pas vraiment tordre.

Parfois gênant, parfois drôle, souvent mauvais, Action ou vérité aura du mal à contenter les amateurs du genre et ne devra son salut qu’à son rythme soutenu, permettant d’enchaîner les séquences (faussement) stressantes pour éviter que le public ne commence à se demander ce qu’il fait là. L’illusion sera pourtant de courte durée tant l’intérêt du film s’émousse au fil du récit jusque dans sa dernière partie bâclée menant à une conclusion pourtant assez sympathique.

2 Rétroliens / Pings

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