Strangers – Prey At Night : Silent Night, Deadly Night.

Il aura fallu une dizaine d’années pour avoir le droit à une suite pour The Strangers réalisé par Bryan Bertino en 2008. Cette année-là, le film crée la surprise au box-office US. Avec une mise de départ aux alentours de 9 millions de dollars, le film en rapportera un peu plus de 50 millions et près de 90 millions à l’international. De quoi promettre une belle saga horrifique comme seul Hollywood en maîtrise la recette.

Il n’en sera rien. Les fans (et ils sont nombreux) du film ont attendu patiemment avec de multiples promesses de la part de Bryan Bertino. Le second opus arrive enfin, et dans les salles de cinéma s’il vous plaît ! On rappelle juste que le premier opus avait eu le seul droit d’une sortie directe en vidéo grâce à M6. Pour ce second film, c’est la Paramount avec TF1 Studios qui permet au mieux l’exploitation d’un slasher dans la pure tradition du genre.

L’histoire est simple : une famille dysfonctionnelle fait le voyage pour amener la petite dernière, rebelle et en marge, dans un pensionnat, seul moyen pour la remettre dans le droit chemin selon les parents. Ils espèrent aussi que le voyage sera l’occasion de renouer les liens. Le grand frère suit malgré lui et le périple prend étape dans le camping familial juste après la saison estivale. Arrivés à bon port, ils vont être attaqués par trois individus qui jouent au chat à la souris avec la famille pour mieux les trucider.

Finie la claustrophobie traumatisante du premier film réalisé par Bryan Bertino. On garde simplement le principe d’une unité de temps et de lieu, à savoir un camping. Mais les grandes étendues et les différentes possibilités pour échapper aux individus ne suffiront pas. Le film se déroule essentiellement en extérieur. Ce qui n’empêche en rien une certaine oppression, cette même marque de fabrique d’une claustrophobie ambiante qui nous prend en permanence à la gorge. Johannes Roberts joue idéalement avec les lieux, axant volontairement sur les grands espaces brumeux cachant de possibles dangers. La famille ne sera en sécurité nulle part. Les trois étrangers sont comme rodés à la chasse. Ce que porte parfaitement le sous-titre « Prey at Night ». Le premier film se centrait sur la possession des lieux, de l’oppression des attaques, d’un jeu maléfique, alors qu’ici les trois tueurs jouent aux chasses du comte Zaroff et s’en amusent derrière leurs masques si absurdes et flippants.

Les trois tueurs, identiques au premier film, reviennent pour vous procurer une peur crispante. Ces dernières années, rares sont les longs-métrages horrifiques qui ont traumatisé les spectateurs. Rien de marquant, aucune réelle expérience de cinéma n’outre les Conjuring et Annabelle. Strangers – Prey at Night rétablit les codes du genre avec un certain bonheur par des séquences de meurtres d’une perversité absolue. On pense d’emblée à la séquence dans le véhicule accidenté ou la graphique confrontation dans la piscine. D’un postulat simple et basique (dixit Orelsan), Strangers – Prey at Night procure une véritable peur de cinéma. Sans motif ni objection, le plaisir du meurtre et de la chasse est présent chez ses tueurs, icônes malaisantes et bouleversantes. Nous ne connaitrons jamais leurs motivations. Une qualité en soi du film, celle d’en divulguer le moins possible, de garder le mystère autour de ce trio infernal. Leurs actes sont traumatisants. Identiques à ceux du premier film. Comment se remettre d’une vision de l’horreur si réaliste, si palpable ? Qui n’a pas fait le tour de son appartement ou de sa maison entière suite à la projection du premier opus ? Qui regardera les recoins des campings cet été après Prey at Night ? The Strangers est un traumatisme de cinéma. Le simple fait de cet écriteau « histoire vraie » en début de chaque film et de garder une certaine sobriété dans les péripéties nous laissent penser à cette possibilité partout ailleurs. Chaque lieu commun à tous ne peut être épargné à de tels actes. Ce qui renvoie en permanence à nos peurs primaires, en particulier celle du noir. On se sait jamais qui peut s’y cacher.

Après 47 Meters Down ou The Door, Johannes Roberts reprend avec brio le relais de Bryan Bertino suite à son perturbant The Strangers. Vous ne vous arrêterez plus jamais dans un camping tard le soir sans penser à Prey at Night. Cette suite est une véritable épreuve horrifique, ce qui s’est fait de mieux ces dernières années, car simple et efficace. Le film va droit à l’essentiel, ne cherchant jamais la moindre justification poussive à de tels actes. Dans le dernier tiers, l’héroïne pose la question à savoir pourquoi ils font cela. Réponse : « Pourquoi pas »

Il n’en fallait pas plus pour notre grand bonheur de découvrir un slasher sec tranchant dans le vif pour un pur plaisir coupable de cinéma. Strangers – Prey at Night ne cherche rien d’autre de vous procurer 1h30 de frousse intenable et le pari est amplement réussi.

2 Rétroliens / Pings

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