Édito – Semaine 16

Nouvelle semaine peu inspirante à prévoir parmi les sorties du 18 avril : Love Addict avec Kev Adams, Larguées avec Camille Cottin, Camille Chamoux et Miou-Miou, Javier Bardem dans la peau de Pablo Escobar ou la comédie Game Night avec Rachel McAdams et Jason Bateman. Comédie US typique idéale pour le samedi soir entre aventure, comédie et action. Les américains ont la recette salvatrice à rendre attachante ce genre de produits mâchés de nombreuses fois reposant essentiellement sur un pitch de départ accrocheur. À savoir ici le jeu de société grandeur nature entre adultes pour pimenter la vie des couples. Bien sûr tout cela va partir à vaux l’eau.

Bref, rien de bien tordant de proposer outre le retour d’Agnès Jaoui à la réalisation en compagnie de Jean-Pierre Bacri avec le film Place Publique. L’histoire de Castro, autrefois star du petit écran, à présent un animateur sur le déclin. Aujourd’hui, son chauffeur, Manu, le conduit à la pendaison de crémaillère de sa productrice et amie de longue date, Nathalie, qui a emménagé dans une belle maison près de Paris. Hélène, sœur de Nathalie et ex-femme de Castro, est elle aussi invitée. Quand ils étaient jeunes, ils partageaient les mêmes idéaux, mais le succès a converti Castro au pragmatisme (ou plutôt au cynisme) tandis qu’Hélène est restée fidèle à ses convictions.
Leur fille, Nina, qui a écrit un livre librement inspiré de la vie de ses parents, se joint à eux.
Alors que Castro assiste, impuissant, à la chute inexorable de son audimat, Hélène tente désespérément d’imposer dans son émission une réfugiée afghane. Pendant ce temps, la fête bat son plein…

Une nouvelle fête pour Bacri après le sens de la comédie chorale par Nackache et Toledano. Celle de Jaoui sera sûrement moins fédératrice, même si le film ne mérite pas moins que l’on s’y attarde. Réponse ce mercredi en salles.

La semaine dernière, le Festival de Cannes a dévoilé sa sélection. Dans le même temps, Ted Sarandos, directeur des contenus chez Netflix, crée la polémique en ne présentant aucun film lors de l’édition 2018 du Festival. Une volonté d’être sur un pied d’égalité, alors que Thierry Frémeaux ne souhaitait pas mettre en compétition des films qui ne sortiront pas en salles.

Une opposition qui a commencé l’année dernière avec les films Netflix sifflés lors de leurs présentations. Une belle preuve d’intelligence de la part d’un public arriéré ne percevant point l’avancée de l’industrie.

L’industrie évolue son système, la perception même d’un public qui ne peut malheureusement payer 14€ une place de cinéma. Pour ce prix-là, moins cher même, il peut accéder à un abonnement Netflix, un catalogue exhaustif entre documentaires, séries et films de tout horizon. Netflix va devenir un acteur majeur du système. Il commence à sauver certains longs-métrages de la plantade assurée comme Annihilation en partenariat avec la Paramount et d’autres encore. Netflix permet une offre de divertissement et de culture directement de son salon pour un prix modique pour toute la famille. Mais surtout, grâce à ses abonnements, il va construire le cinéma futur et contribuer à sa pérennisation.

Ce que l’on reproche à Netflix est les mêmes arguments reprochés il y a 30 ans au marché de la vidéo naissante avec la VHS et les vidéos-clubs. Quel constat aujourd’hui ? Le cinéma est toujours présent. Sur une jambe certes, mais toujours là. Netflix est un géant américain ayant fait fortune avec sa chaîne de vidéos-clubs qui a su parfaitement prendre le virage de la vidéo à la demande. Il devient alors un nouvel acteur important de la proposition du divertissement cinéma et télévisuel en quelques années. Le public adhère, mieux l’adopte avec un certain enthousiasme. L’offre est alléchante et ne donne jamais cette impression de prendre le client pour une vache à lait. Contrairement à d’autres complexes de cinéma qui eux abusent avec des tarifs ahurissants. 14 € pour découvrir la nouvelle comédie de Dany Boon ou d’autres films d’une médiocrité rare. Que ce soit des productions américaines ou françaises. La médiocrité est bien trop présente dans les salles de cinéma. On tire alors le système d’alarme. 14€ une place de cinéma pour allez voir un dimanche après-midi aux Halles Taxi 5 d’une nullité rare, Gaston Lagaffe (est-ce un film?) ou bientôt Love Addict, raclement de fond de toute forme de comédies romantiques au casting aguichant. Toutes ses dernières sorties valent-elles le prix de la place ? Non, clairement non.

Oui bien sûr, il y a les différentes cartes illimitées, mais elles ne comblent pas les besoins d’une famille entière. Le cinéma est pour la famille, non pour des plaisirs coupables en solo, voire à deux de temps à autre. Une sortie au cinéma revient presque à une sortie au Parc Astérix ou à DisneyLand pour une famille. Un budget calé en début de mois pour un rendez-vous précis avec un film ciblé. Le cinéma n’est plus en 2018 une sortie insouciante, à la volée, prenant le programme en dernière minute faute d’une pluie persistante ou d’une envie familiale soudaine. Une sortie au cinéma est un programme en lui-même, une privation, un luxe pour une famille modeste qui gérera son budget le reste du mois en conséquence. Et ce ne sera pas la faute à Netflix, que l’on veuille le croire ou pas… Ce sera simplement la faute abusive des complexes de cinéma, vendeurs de places bien trop chères et de pop-corn dégoûtant tout aussi cher.

Netflix fait peur, mais la faute à qui  ? La faute à qui si les foyers par millions dans le monde se tournent vers Netflix ou Prime Vidéo pour se divertir ? Au lieu d’une sortie cinéma à 5 ou 6€ l’entrée, prix modique et conseillé, pourquoi ne pas se commander une bonne pizza et lancer le nouveau programme Netflix ou continuer sa série du moment au chaud dans son canapé ? Netflix propose une alternative. Une proposition modeste et de qualité la plupart du temps entre le vidéo-club et le cinéma directement chez soi. Sincèrement, le prix des places de cinéma serait nettement moins cher, les complexes ne désempliraient pas. À moins de 10€ une place de cinéma, c’est toute la famille qui se partagerait une bonne toile. Mais pour le moment, c’est un bon tollé que les distributeurs doivent se partager, même si on assure chaque année que le cinéma a battu des chiffres records d’entrée.

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