Édito – Semaine 14

En ce lundi de Pâques, un petit constat se profile après un premier trimestre 2018 léger en sortie cinéma. Il faut déplorer ce phénomène devenu fréquent chez les distributeurs et les agences de communication d’empêcher la presse de faire son travail premier, à savoir découvrir les films. Compliquée est alors notre situation quand nous devons boucler nos semaines tout en nous disant finalement que nous devons passer à côté de tel film ou d’un autre. Sur le programme des sorties hebdomadaires, il nous manque souvent deux ou trois longs-métrages non projetés à la presse. Pire encore quand nous sommes un média internet ou un magazine indépendant.

Close-Up Magazine est un média qui cherche à être le plus complet pour ses lecteurs. Depuis sa création en septembre 2017, il est avéré que nous avons axé notre travail sur notre outil web. Nous ne cherchons point à nous disperser s’efforçant inutilement à tout et rien. Aujourd’hui, le site a réussi à passer un cap, une version premium permettant une lecture optimale. Notre interface est prête, alors bientôt une nouvelle pièce du puzzle viendra s’apposer à tout cela. 

Le souci est que nous sommes un média indépendant. Nous ne profitons pas encore de contrats publicitaires, donc les budgets sont compliqués à finaliser chaque mois depuis la création du média. Aujourd’hui, on nous prive de notre matière première qui est le cinéma. On nous prive de voir les films, de les chroniquer donc de communiquer. Tomb Raider, Tout le Monde Debout, Gaston Lagaffe, Spirou, La Ch’Tite Famille, Dans la Brume… on n’en passe des pires et des meilleurs. Parfois, nous allons les découvrir en salles dans les premiers jours d’exploitations. Mais le fait de priver la presse de sa matière première pour travailler rend la pérennité de nos magazines complexes. Les chiffres s’en ressentent au quotidien. 

Ce sont les blockbusters, les films attendus qui nous permettent d’enregistrer des chiffres d’audience acceptables pour nos magazines. Ensuite à nous de proposer les découvertes proposées assez ardemment sortant parallèlement dans des parcs de salles restreintes. Pour être sincère, on nous vante des films invendables qui nous fera point vivres à la fin du mois. Les blockbusters n’ont pas ce souci, les publicités virales sur YouTube ou Facebook font le travail à notre place. Puis nous, les magazines, la presse papier/internet critiquons, nous vilipendons parfois assez vivement leurs médiocrités voire leurs nullités. Mais est-ce notre faute, à nous journalistes professionnels, le fait de la mauvaise qualité des produits ? En aucun cas nous ne pouvons répondre à la positive, car nous prenons le produit servi sur un plateau. 

Parfois, on nous permet de découvrir le film, mais un jour avant sa sortie. Le mardi pour le mercredi avec un embargo clair et sec de ne pas diffuser notre avis avant telle heure ou telle date. Acceptons-nous encore ce petit caprice, car libre ensuite à nous de communiquer à bon escient. Dans ces cas, généralement, les films projetés sont loin d’être mauvais, les distributeurs/studios ayant assez confiance en eux pour se permettre de nous les montrer, sous conditions bien sûr. 

Aujourd’hui, on se pose la question à savoir comment se démarquer, exister si on ne peut travailler convenablement. Comment, pour un média indépendant, travailler et essayer de garder la tête hors de l’eau si on ne peut voir les films  ? Chroniquer un film, publier sa critique positive/négative nous permet de vendre des encarts publicitaires, de nous montrer d’un attrait exhaustif pour quelconques annonceurs. Mais avant différents partenariats/contrats, il nous faut des lecteurs. Pour avoir des lecteurs, il nous faut des films. 

Pire est le fait de recevoir au préalable tout le matériel promotionnel pour annoncer les sorties en fanfare. Chaque jour, nous sommes submergés de communiqués par mail pour promouvoir les films. Affiches, photos, bandes-annonces et tout autre module parfois ubuesque nous sont livrés avec une générosité rare. Mais à l’heure de découvrir le film ou de répondre à nos multiples demandes pour avoir accès à une projection, soit rien n’est prévu (les effets spéciaux ne sont pas finis), soit aucune réponse claire n’est fournie. 

Nous déplorons tout cela. Clairement nous sommes tristes d’assister à ce genre de désamours. Ne parlons même pas du fait d’être un média indépendant, pire internet, l’ignorance est totale. Vous êtes persona non grata. Pourquoi  ? Finalement, nous nous servons des outils adéquats en notre possession pour nous exprimer, pour travailler. Il y a 30 ans, il y avait les fanzines se transformant parfois en magazines (Starfix  ; Mad Movies), aujourd’hui il y a les blogs qui deviennent des sites internet. À l’heure où les magazines se meurent, s’associent ou se cannibalisent pour mieux survivre, les médias indépendants ne sont pas mieux considérés. Nous sommes pourtant présents pour travailler dans les meilleures conditions possible. Nous sommes là pour être les meilleures partenaires possible dans la vie d’un film. Nous sommes avant tout des passionnées, des amoureux souhaitant vivre de cette essence nous guidant au quotidien. Cette passion et cet investissement ont bien sûr un coût, des frais mensuels. Créer, travailler et partager ne sont pas gratuits. Un soutien ne serait pas de refus, même une doléance pour les années à venir. Aidez-nous à exister, aidez-nous à vivre, à être tout simplement.

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