November Criminals : Un film qui a toutes les cartes en mains mais ne sait pas jouer

Il faut croire que les films policier et scénarios basés sur une enquête de police n’ont plus grand chose à nous raconter. En effet, aux États-Unis, comme en France depuis quelques années, les séries policières ou enquêtes judiciaires sont légions et surtout n’en finissent plus de leurs saisons interminables. Pour pallier à ce phénomène, soit les histoires sont de plus en plus profondes et complexes, à l’instar de Prisoners ou Gone Girl, soit il apparaît, comme ici, une façon un peu différente de mener l’enquête au travers des yeux d’un adolescent fraîchement sorti de ses études avec November Criminals. Sorti directement en dvd le 17 janvier en France, c’est la société Cartel qui s’est occupée de la distribution du film, mettant en scène Ansel Elgort aux côtés de Chloë Grace Moretz.

Toujours troublé par la mort de sa mère, survenue quelques temps avant les événements du film, Addison Schacht se sent coupable. C’est alors que l’un de ses plus proches amis et camarade de classe se fait lâchement assassiné sur son lieu de travail. La police semble s’orienter sur la piste du règlement de compte entre gangs, et donc ne s’occupe pas de l’affaire dont l’enquête présage beaucoup plus de complications et d’embrouilles que personne ne souhaite. Profondément affecté par cette injustice et encore en proie au doute quant à la mort de sa mère, Addison décide de faire une quête personnelle de cette justice qu’il souhaite rétablir, ne serait-ce que pour être de nouveau en paix avec lui-même. Il va donc embarquer son amie dont il est amoureux dans cette aventure improbable qui semble déjà mal partie avant même d’avoir commencé.

November Criminals semble de prime abord être un thriller orienté pour les jeunes, du fait de l’âge des protagonistes principaux, mais s’apparente plutôt comme un drame psychologique et familial. L’enquête du jeune Addison démarre comme une simple vengeance personnelle et se transforme rapidement en une quête de maturité. Sur ce point le scénario peine à trouver son équilibre. Le rythme est totalement en dents de scie et s’adapte en partie à l’humeur du héros. Au fur et à mesure que ses recherches avancent, il constate progressivement le laxisme dont font preuve les différentes instances judiciaires et apprend petit à petit que son ami lui cachait quelques éléments de sa vie. Son état d’esprit changeant s’explique par sa confusion, le problème est que cela en affecte directement le scénario et la narration qui deviennent eux aussi confus. L’histoire ne parvient pas à tenir un objectif précis, l’enquête ou l’accomplissement personnel, allant de l’un à l’autre sans véritable lien ni fil conducteur.

L’essai est tout à fait louable de vouloir mener une enquête d’un point de vue adolescent et avec les moyens à disposition de ce dernier. Cela offre une autre manière de voir comment peut évoluer une enquête menée par un parti qui peut plus facilement accéder à certaines confessions et plus difficilement à d’autre éléments. La manière d’aborder l’enquête n’est pas non plus la même que si c’était la police qui s’en occupait. L’adolescent ne pensera pas les choses de la même façon et aura ses propres conclusions, notamment dû à un point de vue personnel. Il y a cependant 2 problèmes dans cette production. Le premier étant que le réalisateur ne sait pas sur quel pied danser avec les atouts qu’il a en main. Après avoir été le « Baby » classe et sûr de lui de Baby Driver ainsi qu’avoir joué dans la teenage saga à succès, Divergente, on était en droit de s’attendre à une enquête rythmée et percutante, tout comme le film pouvait s’orienter vers un choix beaucoup plus intimiste et émotif de développer l’histoire, d’autant qu’il s’accompagne de sa petite amie. Malheureusement la narration reste le cul entre deux chaises sans jamais vraiment prendre un parti pris. Ce non choix en l’occurrence aurait pu se comprendre sans le second défaut qui est que l’histoire ne parvient pas à nous toucher véritablement du sort de son meilleur ami (Kevin). En effet, on ne se sent jamais totalement investi par cette enquête. Au fur et à mesure que les éléments se dévoilent, Addison apprend que Kevin n’était pas vraiment celui qu’il pensait, donnant ainsi raison à la police et minimisant à la fois l’impact de sa mort ainsi que de l’enquête. Alors que le spectateur pourrait s’attendre à ce que justement, les indices et autres preuves qu’Addison puisse trouver, nous auraient plongés inéluctablement vers une affaire d’envergure beaucoup plus complexe et psychologique qu’elle n’y paraît. De plus, l’attitude de la police et des proches de la victime semble assez particulière, comme s’ils cherchaient tous à camoufler quelque chose, non pas que cela soit particulièrement improbable (les gens ont tendance à soit développer une curiosité morbide, soit se dédouaner totalement d’un quelconque lien avec les victimes), mais cela laisse planer un doute tout au long de l’histoire comme si les policiers avaient une sorte de plan, et que les décisions et agissements du jeune adolescent, les gêne plus qu’autre chose.

November Criminals avait donc quelques très bonnes cartes en main qu’il n’a su exploiter avec véritable profondeur. Toute l’enquête reste très en surface avec un point de vue assez pauvre, peu intéressant au final vis-à-vis de ce qu’il promettait. Le casting est assez intéressant mais même les acteurs ne semblent pas vraiment savoir qu’elle attitude de jeu adopter. Un thriller en demi-teinte donc, qui aurait gagné à avoir plus de personnalité si le réalisateur y avait instillé sa patte, son univers, plutôt que de rester sur le paillasson de l’entrée de la créativité pour offrir un métrage très sobre et classique, presque sans âme.

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