Shot Caller : L’homme se crée sa propre prison.

Curieuse sortie rappelant les titres obscurs dans nos vidéos-clubs fétiches dans les années 90 que ce Shot Caller avec Nikolaj Coster-Waldau. Ne vous faites pas tromper par cette jaquette bourrine renvoyant à quelques moments forts du film. Shot Caller est un drame, la tragédie d’un homme qu’un malheureux événement va faire basculer dans une violence contrôlée.

Shot Caller, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 6 février, est l’histoire de Jacob Harlon, un homme d’affaires dont la vie bascule le soir d’un accident de la route avec sa femme et ses amis. L’homme était alcoolisé et a grillé un feu rouge. L’accident a entraîné la mort de son ami. Envoyé dans une prison de haute sécurité, il doit se soumettre aux rites de passage pour faire sa place dans un milieu brutal. Il devient Money, un gangster sans pitié. À sa sortie de prison, ses anciens codétenus le forcent à commettre un dernier crime.

Le film carcéral est un genre prisé dans le cinéma américain. On se souvient de Haute Sécurité avec Sylvester Stallone, L’évadé d’Alcatraz avec Clint Eastwood ou encore Le Dernier Château avec Robert Redford et James Gandolfini. Shot Caller est mis en scène par Ric Roman Waught, ancien grand cascadeur du cinéma américain (Invasion Los Angeles  ; Tango & Cash  ; L’Arme Fatale 2  ; Total Recall), passé derrière la caméra depuis quelques années. Il a réalisé Felon avec Stephen Dorff et Val Kilmer ou encore Infiltré avec Dwayne Johnson en 2013.

Les prisons de haute sécurité, Ric Roman Waught connaît les mettant en scène depuis Felon. Il y a beaucoup à rapprocher entre Felon et Shot Caller, notamment dans le contexte d’un homme devant se faire une place dans ce monde à part, au milieu de bêtes sauvages. Le réalisateur américain en fait son fond (de commerce) en assurant des drames humains poignants. Si l’action prévaut dans Infiltré (Dwayne Johnson oblige), avec Shot Caller l’ancien cascadeur tranche en se focalisant sur son personnage principal, Jacob Harlon.

Jacob Harlon est un bon père de famille, un mari aimant dont une petite erreur va le faire basculer dans une jungle avec la pire des espèces sauvages. Il le comprend dès le premier soir en arrivant dans le dortoir de la prison. Un co-détenu se fait sauvagement violer. Un fait classique, mais déclencheur chez Jacob d’une prise de conscience. Il ne pourra y échapper sans se défendre. Alors il vrille et passe vers le côté obscur de la face humaine pour se préserver. Ce qui ne loupe pas le lendemain dans la cour. Jacob devient un homme violent, un autre homme, rejeté par la société suite à sa faute. Il devient Money pour se défendre, mais surtout pour défendre sa famille. Il intègre les suprémacistes blancs, toujours pour se protéger. En groupe, on est toujours plus fort en prison. Mais le choix est irrévocable. Il bascule dans un monde dont il ne pourra revenir. Le drame de sa vie simplement pour se protéger.

Ric Roman Waught choisit une narration morcelée pour diriger cette descente aux enfers. Des flashbacks entre sa vie de père/mari, son arrivée à la prison s’opposant à sa sortie de prison, le présent du long-métrage. Chaque séquence se répond pour mieux illustrer la violence d’un homme ne cherchant jamais à s’affranchir de sa condition. Bien au contraire, il persiste jusqu’à un final bouleversant. Ric Roman Waught entame le thème du martyr avec Jacob. Le sacrifice d’un homme ayant fauté dans l’euphorie d’une soirée. Son destin fait peur et bouleverse le spectateur assistant à cette descente vertigineuse.

Casting de gueules (Jon Bernthal  ; Jeffrey Donovan  ; Holt McCallany) pour un drame humain brutal à l’image d’un American History X. Nikolaj Coster-Waldau trouve avec Shot Caller un beau rôle, de ceux qui lui manquent cruellement entre Headhunters – sortie depuis quelques années déjà – et la série phare Game of Thrones. Shot Caller de Ric Roman Waught est une bouffée d’air frais pour cette gueule d’ange qui s’en prend un peu dans la tronche dans ce vertigineux et poignant essai.

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