Devilman Crybaby : Faire pleurer le diable

Notre monde est cyclique

Il semblerait qu’après l’adaptation live de Death Note, Netflix ait réussi à nous pondre quelque chose de bien. Devilman Crybaby est une série animée sortie en janvier 2018, sur Netflix donc. Devilman est un manga initialement écrit par Go Nagai de 1972 à 1973. [Devilman] Crybaby en est une nouvelle adaptation ainsi qu’une réinterprétation pour transposer l’univers du manga à l’époque actuelle de manière tout à fait réussie.

Akira Fudo est informé par son ami Ryo Asuka qu’une ancienne race de démons est réapparu sur Terre pour la reprendre aux humains. Croyant que la seule manière de vaincre les démons est d’acquérir leurs pouvoirs pour les retourner contre eux, Ryo fait en sorte que le démon Amon fusionne avec le corps de son ami Akira. Ce dernier devient alors Devilman, possédant les pouvoirs des démons tout en gardant son âme d’humain avec ce qui va avec c’est-à-dire l’empathie et l’amour.

Tout ce qui émane de Crybaby nous montre le mariage entre les œuvres des générations précédentes et notre époque. Énième pierre de l’édifice dédié à la nostalgie des années 70, 80 voir 90 dont des œuvres comme Stranger Things, Star Trek ou la nouvelle trilogie Star Wars en sont les parfaits représentants. Ici le style graphique psychédélique et qui pourrait passer pour simpliste du réalisateur Masaaki Yuasa (Ping Pong: The Animation) est parfait pour rappeler le style des séries de l’époque. Là où le but était de faire passer le plus d’informations avec le peu de moyens disponibles, on pensera notamment à la première adaptation animée de Devilman mais encore les séries Goldorak ou Capitaine Flam qui sont un peu plus connues chez nous. On retrouve cette simplicité dans Crybaby mais l’apport psychédélique en fait une œuvre bien plus contemplative et les méthodes actuelles permettent de ne pas laisser en reste les scènes d’actions comme les scènes bien plus horrifiques. Il suffit d’imaginer la série avec le grain qu’apporte l’argentique ou encore l’aspect visuel qu’apporte le celluloid pour se rendre compte qu’il ne faut pas confondre mauvaise animation et choix artistique. C’est rafraichissant de nos jours de voir un style qui s’éloigne des séries lisses et édulcorées d’aujourd’hui.

Et lisse et édulcoré, Devilman Crybaby en est très éloigné. Son scénariste Ichirô Ôkouchi à qui on doit l’incroyable Code Geass, a remarquablement su adapter l’œuvre de Go Nagai. Ainsi, en gardant la noirceur de Devilman mais en l’abordant d’un angle nouveau, Ôkouchi a ancré Devilman dans une nouvelle génération. On se rend compte que nombre de problématiques des années 70 sont toujours d’actualité. La dualité Bien et Mal chez l’humain, le racisme ou encore la peur de la guerre nucléaire. Traitant beaucoup de la notion d’empathie, l’accent est mis sur le traitement des personnages et les émotions qu’ils expriment. Il est impossible de nier la réussite de cette partie, on pensera tout particulièrement aux derniers épisodes de la série et à la scène poignante des parents de Miki Makimura, l’amie d’Akira. Devilman Crybaby parle de notre rapport à notre propre humanité, ce qui fait de nous des êtres humains. Cette réflexion est mise en opposition avec la question « qu’est-ce qui fait d’eux des démons ? » tout particulièrement quand les humains sont capables eux-même des pires atrocités. On retrouve la question du racisme et de dualité quand on met en relation l’idée qu’Akira est un paria car possédant le corps d’un démon mais l’âme d’un humain là où Miki est une paria car fille métisse d’une mère japonaise et d’un père américain.

La musique possède ici une place bien plus importante que dans les séries d’animations japonaises classiques et on est plus proche d’une direction musicale de série américaine. La qualité de la bande originale composée par Agraph est bien au-dessus des animes classiques. On ressent toute la noirceur de la série, toute la torture morale des personnages. Mais surtout on ressent la dichotomie entre années 70 et aujourd’hui dans le style musical et dans les sonorités utilisées en particulier au début de la série, au moment de nous présenter l’univers. Une bande originale sans impairs de A à Z qui fait jeu égal avec les meilleures compositions qu’on s’attend à entendre pour des long-métrages mais pas des séries d’une dizaine d’épisodes de 20 minutes. Des musiques qui marquent les esprits.

Rien n’a été laissé au hasard, de la musique aux graphismes en passant par le script. Devilman Crybaby est une œuvre remarquable, parfois difficile à appréhender ou même à comprendre parfaitement tellement on sent la présence de tellement de choses sous la surface. Mais elle ne laissera personne indifférent et ne sera jamais difficile à apprécier. Devilman Crybaby est parti pour être une des séries animées les plus marquantes de l’année et elle n’est sortie qu’au mois de janvier.

Bon visionnage.

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