England is Mine : Manchester Melancholy

Sur le papier c’était intéressant et même plutôt audacieux : réaliser un biopic sur Steven Patrick Morrissey, le chanteur et parolier du groupe The Smiths avant que celui-ci ne fonde The Smiths. Passée la frustration de se dire qu’on n’aura le droit à aucune chanson du groupe dans le film et aucune scène de concert mettant en scène The Smiths, on accepte England is Mine tel qu’il est : le portrait d’un artiste ultra-sensible, timide et arrogant qui peine à trouver sa place dans le monde.

L’idée est bonne, permettant de s’éloigner des clichés du genre : pas de scènes de concert (une très brève où Morrissey chante mais dans un autre groupe, avant The Smiths), pas d’histoire d’ascension, de chute, de bataille d’egos entre membres du groupe et tout le tintouin. Le film de Mark Gill (dont c’est ici le premier long-métrage) entend emprunter un chemin différent mais à la portée universelle où l’on voit Morrissey se construire et mettre des années à douter de lui avant de se lancer. Le personnage, interprété avec un sacré talent par Jack Lowden (vu dans Dunkerque l’année dernière), est d’ailleurs complexe. Tout en étant persuadé d’être un génie supérieur aux autres imbéciles qui l’entourent, Morrissey est bien incapable d’aller vers les autres, de surmonter ses peurs et de ressentir autre chose qu’une profonde mélancolie. Que des traits de caractère qui lui permettront d’être un parolier si juste et si lucide envers ses propres sentiments. En cela, England is Mine parvient à nous faire comprendre d’où vient le génie de Morrissey.

Le problème c’est que Mark Gill a bien du mal à donner de l’épaisseur à son récit, restant légèrement sur place en deuxième partie du film, ralentissant le rythme pour s’attarder sur un Morrissey en grosse déprime. A force de rester centré sur ce personnage apathique, le spectateur se lasse et Gill n’apporte jamais vraiment de souffle à l’ensemble, sa mise en scène se contentant de faire bouger régulièrement son cadre comme pour y insuffler de la vie ou exprimer quelque chose que l’on peine à véritablement traduire. England is Mine finit donc par ennuyer poliment, un peu trop engoncé dans ses tics de mise en scène et un peu trop centré sur lui-même pour intéresser vraiment, en dépit du beau personnage proposé par le récit. Reste un film sympathique mais dont on ne gardera pas un souvenir impérissable, nous donnant au moins l’occasion de nous replonger dans les chansons des Smiths.

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