Le Prix du Succès : Un succès qui coûte chair.

Le succès a souvent un prix. Le succès coûte cher, extrêmement cher. Il est une question récurrente d’argent, mais aussi de chair. Teddy Lussi-Modeste traite ce thème dans son deuxième film Le Prix du Succès disponible en DVD depuis le 9 janvier.

Écrit en collaboration avec Rebecca Zlotowski (Belle Épine ; Planétarium), Teddy Lussi-Modeste met en scène un jeune humoriste qui grimpe dans le milieu du stand-up parisien. Le personnage renvoi à Jamel Debbouze, mais pas que. Tahar Rahim est Brahim, un humoriste en pleine ascension. Sa réussite, il la doit à lui-même et à l’amour qu’il porte à Linda. Bon fils, il soutient les siens depuis toujours. Mais pour durer, Brahim doit sacrifier son grand frère, manager incontrôlable. Si l’échec peut coûter cher, Brahim va payer un tribut encore plus lourd au succès.

Dans cette ascension ayant un prix, ce n’est pas celui de l’argent. Le film en parlera peu, de façon décente avec l’arrivée du nouvel agent de Brahim. L’important pour Teddy Lussi-Modeste est dans les rapports familiaux. Celui entre Brahim et son grand-frère, ses sœurs et ses parents. Le problème est que Brahim évolue dans un autre milieu qui lui ouvre ses portes. Il s’ouvre lui-aussi et s’évertue à grandir pour montrer sa capacité à s’imposer. Au fond, Brahim n’a pas la peur de foncer dans l’inconnu.

Son frère est tout le contraire. Ancien petit gangster des cités ayant fait de la prison, il vit encore dans les HLM de son enfance avec femme et enfants. Il erre dans ce petit milieu de trafic, un noyau dur qui ne voit jamais plus loin que le bout de son nez. Ce fameux frère, Mourad, vit dans le présent et ne voit, via son frère, que l’argent facile avec des publicités et des contrats minables. Il ne vise pas bien haut. L’opposition entre les deux est imminente et tout le film tourne autour de cela.

Le prix du succès n’est jamais un film de mise en scène. Teddy Lussi-Modeste n’impose aucune réelle patte. Tout s’éclaire via le scénario, fin et juste, et à l’interprétation de Tahar Rahim et Roschdy Zem. Tahar Rahim s’investit et se noie carrément dans le rôle de Brahim. S’il y a peu de séquences de stand-up, il est cet acteur qui monte, sur la brèche d’un tournant dans sa carrière. Mais celui qui tire son épingle du jeu est Roschdy Zem. Ce merveilleux acteur, sûrement l’un des grands acteurs du moment en France, qui mange l’écran, captive le spectateur tel un lion en cage. On le sent bouillonner autour de Tahar Rahim. Les attaques sont fulgurantes et incisives. Il n’y avait pas de meilleurs acteurs pour l’interpréter. Merci à Tahar Rahim de l’avoir présenté au metteur en scène, l’acteur étant le prix du succès de ce petit film à (re)découvrir d’urgence.

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