L’Échappée Belle : Un remède souverain à toutes les infortunes.

L’amour entre Ella et John Spencer est toujours resté intact. Ils sont à la retraite depuis des années, et un matin ils disparaissent à bord de leur camping-car : L’échappée Belle. Ella et John partent sur les routes américaines, celle qu’ils affectionnent tant, leur rappelant les départs en vacances en famille. Ils échappent surtout à l’hospitalisation qui les guette, John étant atteint de la maladie d’Alzheimer et Ella d’un cancer.

Ella & Spencer échappent à la vie au bord de leur camping-car. Le voyage est empli d’une tendresse chaleureuse. On est bien avec ce couple porté par deux monstres de cinéma  : Helen Mirren et Donald Sutherland. Les deux acteurs jouent beaucoup en faveur du film à la narration classique. L’échappée Belle est un road-movie construit sur l’émotion dégagée au fil des kilomètres avalés par le véhicule, quelques moments de comédies (le vol suite à la crevaison) ou la course avec le motard et le camping-car (hilarante).

L’échappée Belle est un moment chaud de cinéma en plein cœur d’un hiver humide. Forcément, le film agit sur nos zones fragiles, les larmes tombent d’elles-mêmes. Le film accumule les moments dramatiques poignants, comme les séances de diapositives la nuit dans les campings. Ella force les souvenirs de John, de lui rappeler et se rappeler à tous les deux les meilleurs moments de leur vie. L’amour qui se dégage de ce couple est sublime.

Paolo Virzi s’essaie pour la seconde fois consécutive au road-movie, au voyage vers la vie et la mort après Folles de Joie l’année dernière. Ella et John, deux retraités, remplacent ici deux jeunes femmes s’échappant d’un hôpital psychiatrique. Dans ce nouveau film, Paolo Virzi laisse une plus grande place au classicisme. On se retrouve avec beaucoup de codes typiques du road-movie américain, même si le réalisateur porte rapidement son regard sur cette Amérique prête à tomber dans les mains de Donald Trump. Pour L’échappée Belle, le réalisateur italien, dont c’est le premier film outre-Atlantique, regarde l’Amérique, sa population, décrypte cette société pas réellement comme les autres. Leurs manies, leurs habitudes, leurs vies, leurs bovitudes, tout est passé au crible souvent en second plan, juste derrière l’épaule de John, parfois celle d’Ella.

Ella qui porte l’histoire sur son dos, à l’initiative de cette fuite pour sentir la vie. Sentir la vie chez son mari, mais aussi en elle. On apprend rapidement sa maladie incurable, mais jamais elle ne se laisse bouleverser. Elle porte la vie, le courage et l’entrain pour conduire son mari parfois déficient jusqu’au bout de leur route. Cette fin dans la maison d’Hemingway, tout aussi déception pour le spectateur que pour ce couple. Une fin de voyage dramatique quand bien même l’objectif de voir cette maison n’était pas le fin mot de l’histoire.

L’échappée Belle permet de sentir ce sentiment profond d’amour d’un vieux couple arrivant à sa fin. Sur les bases d’un feel-good movie embarqué sur les routes typiques américaines, L’échappée Belle est un dernier voyage vital, son ressentie, l’air sur les épaules et dans les cheveux. Les dernières prises de risque, les dernières engueulades, des kilométrages pour voir défiler sa vie et y mettre un point final. L’échappée Belle est la caution pour des litres de larmes, un drame d’une humanité rare permettant la compréhension de ce couple aimant au cœur d’une dernière chevauchée fantastique typiquement américaine.

2 Rétroliens / Pings

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